Nicolas Grandjean

Prix de Section de Physique


Concilier recherche scientifique et transmission du savoir, c’est l’équilibre que Nicolas Grandjean a trouvé à l’EPFL. Attiré dès le départ par l’enseignement, il a d’abord suivi sa passion pour la recherche et a travaillé dix ans comme chercheur au CNRS. «Mais j’ai toujours eu envie de faire partager cette passion en la communiquant à d’autres», explique-t-il. Il a rejoint l’EPFL en 2004, ce qui lui permet dès lors de mener de front travail en laboratoire et enseignement.

Dans son cours de physique générale, il cherche à susciter l’enthousiasme des étudiants que la matière peut parfois décourager. «Ils me disent qu’ils sont venus à l’EPFL pour fabriquer des robots, et qu’on les noie dans les équations dès les premières semaines.» Bien que les mathématiques soient indispensables, ce n’est pas forcément la clé pour maîtriser la physique. Dans son cours, Nicolas Grandjean met avant tout l’accent sur la compréhension des phénomènes avant de s’attaquer à leur transcription sous forme mathématique. Une approche qui plaît aux élèves, d’autant plus qu’elle s’appuie sur de nombreuses expériences réalisées devant la classe. « Mes étudiants adorent: quel sera le résultat? Quelle leçon en tirer? Cela donne du rythme et du suspense. » Observer les lois de la physique en action, voilà qui donne vie au chapitre théorique le plus ardu.

Au fil des années, Nicolas Grandjean a aussi mis en place différents niveaux de lecture, un peu comme un dessin animé qui intéresse aussi bien les enfants que les parents.  «Je m’efforce d’offrir deux scénarios dans mon cours: les explications «avec les mains» en parallèle à une version plus ardue avec les équations.» Histoire de ne pas perdre en route certains étudiants qui risqueraient de jeter l’éponge devant la difficulté. Ce qui ne veut pas dire qu’il mâche le travail à ses élèves, au contraire : «Un très bon cours permet de comprendre, mais pas forcément de résoudre un exercice, avertit-il. Passer de la compréhension à la pratique est le point clé. Cela nécessite l’apprentissage de l’autonomie et de longues heures passées en séance de travaux individuels.»

Du travail, certes, mais aussi de l’imagination. Nicolas Grandjean encourage la créativité, une qualité difficile à évaluer chez les étudiants de 1ère année, mais qu’il juge cruciale pour l’innovation. « Il est indispensable que notre modèle éducatif ne sélectionne pas les étudiants sur leur seule technicité», explique-t-il. C’est pourquoi, dans son cours, un étudiant qui propose une approche originale doit être encouragé. Un trait qu’il développe par des digressions touchant aux domaines qui intéressent la classe, comme la microtechnique. Les évaluations élogieuses des étudiants sont la preuve du succès de cette approche.

Nicolas Grandjean rêve d’impliquer davantage les étudiants dans la recherche, en leur offrant encore plus d’accès libre à des laboratoires conçus pour eux. Quant à réaliser un MOOC – cours en ligne – sur la physique, il l’envisage à condition que cela ne remplace pas son enseignement. «La vidéo n’a pas signé la mort du théâtre ! Enseigner, c’est la même chose : mon rôle est d’occuper l’espace, de raconter des histoires, pour au final transmettre un savoir, et peut-être créer une vocation pour la recherche.» Et surtout d’établir une relation avec les élèves. «Avant toute chose, l’important, c’est le partage.»