Assyr Abdulle

Prix de Section de mathématiques 2015 et 2016

Assyr Abdulle ferait aimer les maths au plus récalcitrant, tant sa passion est communicative.  «Apprécier les mathématiques, c’est en comprendre la mélodie – la portée, la profondeur – aussi bien que la technique», explique le professeur, qui s’occupe notamment d’un cours d’algèbre linéaire donné en première année. Quand les étudiants bloquent sur un problème, il les aiguille vers la solution, «comme un guide de montagne» dans le paysage des mathématiques. Le ton est donné. Avec lui, pas d’ennui, même si la discipline requiert forcément rigueur et efforts.

Celui qui se dit «sévère» et qui ne tolère aucun bavardage est un professeur très apprécié des élèves. Méthodique et rigoureux dans son enseignement, il aime aussi les échappées et les digressions sur l’histoire des idées qu’il enseigne, tisser des liens avec quelques «héros des mathématiques.» Quel que soit le sujet, son enthousiasme lui assure l’attention de tout un auditoire.  «Mon rôle est de susciter la curiosité, donner goût à l’abstraction, transmettre la motivation et la passion, apprendre à réfléchir.»  

Du spectacle, mais aussi de la simplicité : un tableau noir et une craie lui suffisent. Les dernières technologies en matière d’enseignement ? Assyr Abdulle n’est pas contre, à condition qu’elles ne remplacent pas la salle de classe. «On ne peut pas apprendre à skier ou à jouer du violon en regardant une vidéo», estime-t-il. Et puis, un cours sur un écran d’ordinateur, «ce n’est pas aussi intéressant, cela ne dégage pas autant d’émotions, ce serait comme enlever la musique qui se cache derrière les concepts. Moi-même, j’ai bien plus de plaisir à suivre une présentation en personne, alors je ne vais pas imposer un écran à mes étudiants.»

À l’EPFL, il trouve que les mathématiques sont bien enseignées, en particulier grâce à la diversité de ses professeurs. «Mes collègues sont pleins d’enthousiasme et ont du plaisir à enseigner. C’est une grande richesse de disposer de personnes utilisant des moyens pédagogiques variés : si tout le monde étudiait le piano avec la même méthode, alors nous jouerions tous de la même façon», résume-t-il.

S’il a assuré notamment la conduite d’un nouveau programme de Master en sciences computationnelles, Assyr Abdulle garde toujours la même motivation à donner son cours de l’année propédeutique. « Les étudiants viennent à 8h du matin parce qu’on a su réveiller leur curiosité. Et pour ma part, j’y trouve toujours autant de bonheur: il n’y a pas de mathématiques mineures, même les théories classiques sont fascinantes, il y a toujours quelque chose à revisiter.»