CROSS 2022

Thème : L’innovation responsable

CROSS 2022, Responsible Innovation - iStock photo, credits: ihsanyildizli
CROSS 2022, Responsible Innovation – iStock photo, credits: ihsanyildizli

Les technologies et les sciences de l’ingénieur ont multiplié la capacité humaine à comprendre et à transformer la réalité. Nous sommes capables de réaliser de nombreux projets qui paraissaient auparavant impossibles : atterrir sur Mars, transformer le génome humain, modifier le fonctionnement du climat. Mais ces projets devraient-ils être réalisés ?

La question de la désirabilité de ces projets est cruciale pour les sciences et pour la société dans son ensemble. Au cœur de ces questions sociétales se trouvent des valeurs telles que la prospérité, la justice, le respect pour les êtres humains et pour l’environnement.

Ce questionnement fondé sur les valeurs s’applique à toutes les technologies et sciences de l’ingénierie. Cela conduit à poser la question des objectifs des innovations technologiques, mais aussi de leurs méthodes. L’enjeu porte sur le « pourquoi », mais également sur le « comment ». Pour les sciences de la vie, les technologies basées sur les données, ou l’ingénierie climatique, ces questions sont capitales.

Pratiquement toutes les sciences humaines et sociales abordent ces enjeux fondés sur des valeurs et pourraient contribuer à identifier, conceptualiser et traiter ces questions sociétales essentielles. Économie, droit, psychologie, histoire, sciences sociales, sciences politiques, philosophie : toutes ces disciplines contribuent aux recherches sur les conditions d’innovations technologiques justes et responsables.

CROSS 2022: projets retenus

Jérôme BAUDRY, EPFL (CDH, DHI, LHST)
Cédric HUMAIR, UNIL (HIST FL)

Compte tenu du rôle des techniques dans les défis du monde actuel, nombreux sont ceux qui souhaitent rendre l’innovation plus responsable, notamment par l’anticipation et la réflexivité. Les difficultés semblent pourtant souvent insurmontables − un problème qui ne date pas d’aujourd’hui. Pour mieux comprendre les mécanismes politiques, économiques et culturels qui favorisent ou font échec à de tels efforts, ce projet de recherche propose d’étudier comment les innovateurs du passé se sont montrés soucieux ou sont restés indifférents aux conséquences de leurs activités − autrement dit, d’étudier la gestion des risques de l’innovation dans le passé.

En se concentrant sur la période entre 1870 et 1918, le projet fait dialoguer recherche historique et science des données, à travers l’analyse numérique d’un large corpus de brevets américains et suisses, et l’étude historique, à partir des sources imprimées et archivistiques, de débats sur des techniques spécifiques.

Josie HUGHES, EPFL (STI, IGM CREATE lab)
Dominique BARJOLLE, UNIL (IGD FGSE)

Les projets sur une approche interdisciplinaire pour identifier les méthodes par lesquelles la technologie robotique peut être déployée de manière responsable dans les systèmes agricoles. En créant des paramètres pour évaluer les indicateurs éthiques et socio-économiques des systèmes robotiques, les gains potentiels, ainsi que l’état de préparation de la technologie, nous développerons un cadre pour identifier le déploiement responsable et efficace de la robotique dans les systèmes agricoles. Pour y parvenir, nous examinerons d’abord les obstacles, les succès et les questions éthiques dans un certain nombre d’études de cas de déploiements existants de la robotique en agriculture.

Pour démontrer ou instancier le cadre de travail, nous nous concentrerons sur la façon dont la robotique peut être appliquée dans un contexte d’agriculture urbaine. Plus précisément, comment la robotique peut être utilisée dans les espaces communautaires locaux pour aider à la culture et à la récolte de produits pour la zone environnante. En déployant physiquement des robots dans une installation d’agriculture urbaine, nous serons en mesure de vérifier et d’explorer les compromis et les questions d’innovation responsable liés à leur utilisation pour différentes applications dans une installation d’agriculture urbaine.

Philippe THALMANN, EPFL (ENAC IA, LEUrE)
Céline ROZENBLAT, UNIL (IGD FGSE)

Jusqu’à présent, le système alimentaire reste largement négligé malgré son énorme impact sur le changement climatique, l’utilisation des ressources et la santé. Pour développer des modèles d’économie durable à partir de l’ensemble de la chaîne de valeur alimentaire, nous souhaitons évaluer et mettre en œuvre le coût réel de l’alimentation. Ce projet vise à remédier cette situation et à faire évoluer les préférences des consommateurs et de la production agricole vers des produits et des pratiques ayant un impact social et environnemental limité.

Nous proposons de développer et de mettre en œuvre un modèle du coût réel des aliments, en fournissant deux éléments clés préliminaires combinés en une solution systémique. Prémièrement, une définition du cadre du coût réel pour la Suisse, identifiant le réseau des parties prenantes, les principaux modèles commerciaux, les réglementations, les facteurs externes (par exemple, le changement climatique), les habitudes des consommateurs, les pratiques agricoles et les externalités sociales et environnementales associées. Deuxièmement, un modèle du coût réel des aliments, en mesurant et en évaluant les externalités tout au long de la chaîne de valeur pour un panier de produits représentatifs. Mots-clés : Alimentation, durabilité, changement climatique, coût réel, changement systémique.