Le bonheur dans un monde en souffrance 

La souffrance et les injustices du monde nous renvoient à notre propre situation et à notre façon de vivre. Cela peut nous questionner sur notre responsabilité, et peut engendrer un sentiment de culpabilité : avons-nous droit au bonheur alors qu’il y a tant de malheurs dans le monde ? Plusieurs pistes de réponses existent en voici quelques-unes :

  •     Selon Montaigne (1533-1592), « Il y a assez de souffrance comme ça sans ajouter la sienne à celle des autres ».

Si une personne se sent heureuse, ou dit avoir trouvé le bonheur, cela peut l’aider  à s’ouvrir aux autres ; c’est comme une base depuis laquelle elle peut trouver une force, une énergie pour accompagner les personnes qui ne vivent pas cela pour l’instant.

  • Albert Schweitzer (1875-1965), médecin, théologien et philosophe, a côtoyé la souffrance et la mort au quotidien dans un hôpital en Afrique. Marqué par cette expérience, il ne put mettre de côté la souffrance des autres êtres vivants. Pour lui,la notion de bonheur est fortement liée à la notion de responsabilité, et à l’action : « Le peu que tu puisses faire est déjà beaucoup, si tu réussis à délivrer un être — homme ou créa­ture quelconque — de sa souffrance, de son mal ou de sa peur. Sauvegarder la vie est le seul bonheur qui compte. »
  • Ghislain Waterlot, professeur de philosophie et d’éthique de la Faculté de théologie de l’Université de Genève, propose cette piste : « Il ne s’agit pas tant de s’oublier que de savoir articuler son propre bonheur avec sa responsabilité dans ce monde, face aux injustices et au malheur d’autrui. Le protestantisme ne dirait donc pas : soyez malheureux ! Mais plutôt : vous n’avez pas le droit d’être heureux à tout prix ».  

Alors oui il serait  possible d’être heureux, heureuse, tout en étant conscient.e de la souffrance du monde, et des responsabilités qui sont les nôtres.

« Mon Dieu, donne-moi la sérénité d’accepter les choses que je ne puis changer, le courage de changer les choses que je peux, et la sagesse d’en connaître la différence.»
                                                     Reinhold Niebuhr