Le bonheur, c’est quand?

Le bonheur serait-il rare, un moment précieux qu’on ne capterait que par intermittence ?  Étincelle ou courant continu ? La temporalité du bonheur est vécue et considérée de manières diverses. La perception de sa fréquence dépend bien entendu de comment chacun définit le bonheur. 

Le passage par des états différents est une constante de l’expérience humaine. Le bonheur, comme tout ce qui est issu de la vie intérieure, est soumis au changement, donc à une forme d’impermanence.

Face à cette impermanence, qui semble être l’expérience commune, se pose la question d’un état dans lequel il deviendrait permanent. Philosophies, religions, spiritualités, et développement personnel, sans faire nécessairement du bonheur le centre de leurs préoccupations, ont souvent cherché à lui faire une place, à le cultiver. Une partie du développement personnel a sans doute fait d’un bonheur permanent ou quasi permanent sa quête. On peut s’interroger sur la pertinence d’un tel projet. S’il s’avère que cette recherche est un idéal inatteignable, l’acceptation de l’inaccessibilité d’un bonheur constant serait sage.

Si la psychologie et le développement personnel se concentrent sur la question du bonheur dans l’expérience immédiate, plusieurs courants philosophiques antiques croyaient en un état de bonheur dans une autre dimension. Socrate pensait atteindre un tel état au-delà de sa mort. Le christianisme et l’Islam, ainsi qu’une partie du judaïsme, tout en donnant une place au bonheur et à son développement ici-bas, espèrent son plein accomplissement dans une résurrection.

Alors, le bonheur, c’est quand ?


Pour Platon, le bonheur c’est avoir ce que l’on désire et l’humain désire ce qui lui manque. Les choses ainsi posées rendent le bonheur inaccessible. En effet, le bonheur disparaît avec le manque quand celui-ci est comblé. Cette vision induit un cycle sans bonheur, une oscillation entre :

  •  frustration, période du manque
  • et ennui, après le comblement du manque et la mort du désir 

André Comte-Sponville a lui identifié le moment du bonheur: il est là quand on “désire ce qu’on a, ce qu’on fait et ce qui est”