Martin Vetterli est l’une des figures les plus éminentes de la communauté scientifique suisse. Dans cette interview, il explique pourquoi le climat et le débat sur l’Europe l’inquiètent — et comment en tant que pays riche, la Suisse a raté le coche de la numérisation.
Ses fenêtres donnent sur le lac Léman et les Alpes, et un équipement de ski de randonnée est posé près de son bureau. Mais en ce moment, Martin Vetterli n’a guère de temps pour partir à l’aventure en montagne. « Je n’ai jamais tant travaillé que depuis le début de la pandémie », déclare le président de l’EPFL. Pourtant, il sait ce que travailler veut dire : cet ingénieur neuchâtelois a été professeur à l’université de Columbia à New York ainsi qu’à l’université de Californie à Berkeley, a dirigé le Fonds national suisse, et préside depuis 2017 l’EPFL, qui se présente volontiers comme « l’université la plus américaine de Suisse ». Martin Vetterli commence généralement ses réponses en suisse allemand (« notre langue secrète avec ma mère ») avant de passer à l’anglais, langue de la science. Encadrée et accrochée au mur, une affiche du New York Times déploie son credo : «Truth. It’s more important now than ever.»
Monsieur Vetterli, la communauté scientifique a aujourd’hui une position plus dominante que jamais — elle conseille les politiques et s’enorgueillit de succès, telle la rapidité de la production de vaccins. Parallèlement, le scepticisme augmente à son égard. Comment expliquez-vous cette contradiction ?
Je considère cela avec sérénité. Des enquêtes montrent que la confiance que la population accorde à la science reste très élevée, et qu’elle s’est même accrue pendant la pandémie. Sans la science, où en serions-nous dans la crise actuelle ? Je ne comprends donc pas le débat qui a eu lieu au Parlement autour de l’opportunité ou non de réduire au silence la task force Covid-19.
Cela vous dérange-t-il que des politiques dégainent l’argument de l’idéologie dès qu’un constat scientifique ne leur convient pas ?
Parfois, c’est tout simplement dû à un manque de compréhension de la façon dont les sciences fonctionnent et de ce dont elles sont capables. Hegel dit que l’Histoire nous enseigne que nous n’avons absolument rien appris de l’Histoire. De tout temps, et bien qu’elles se soient souvent révélées justes a posteriori, les positions scientifiques inconfortables ont été critiquées par la politique. Il est fâcheux que cela se vérifie également durant cette crise Covid. Mais la répartition des rôles est tout à fait claire : les scientifiques recherchent en toute indépendance, ils conseillent — et les politiques décident. Il ne doit pas y avoir de confusion.
Certains scientifiques — y compris au sein de l’EPFL — se sont exprimés de façon offensive et controversée sur les réseaux sociaux et dans les médias. Du point de vue de votre institution, s’agit-il là d’une publicité bienvenue ou plutôt d’un risque pour sa réputation ?
Les consignes légales sont claires : tant que cela concerne leur domaine de recherche, les professeurs peuvent s’exprimer librement, y compris sur des sujets politiques. Au-delà, c’est en tant que citoyens qu’ils doivent agir et non comme représentants de l’École. Cela dit, il n’est pas toujours aisé de délimiter clairement l’un et l’autre. Mais je suis très fier que plusieurs professeurs de l’EPFL aient été recrutés pour la task force de la Confédération. Et plus fier encore que l’EPFL et l’ETH Zurich aient mis sur pied une application de traçage des contacts qu’on nous envie dans le monde entier.
Comme vous l’avez dit, la distinction n’est pas toujours facile à faire. Concernant notamment le changement climatique, certains scientifiques se comportent plutôt en activistes. Cela nuit-il à la crédibilité de la recherche ?
Dès les années 1950, des publications scientifiques ont établi une indéniable causalité entre le fait de fumer et certains cancers. L’industrie du tabac a nié de toutes ses forces tant que cela lui a été possible. Ce n’est que des décennies plus tard que des lois ont été promulguées. Ce que je veux dire à travers cet exemple historique, c’est : de quoi aurons-nous l’air dans trente ans lorsque la prochaine génération nous accusera de n’avoir rien fait ? Aujourd’hui, en matière de changement climatique, il existe un large consensus dans le milieu scientifique. Il est important que les constatations de ce dernier soient portées à la connaissance du grand public.
Vous faites référence au fait que l’augmentation des températures est due à l’activité humaine et qu’il serait nécessaire de prendre des mesures drastiques. Pourquoi les politiques sont-ils si réticents à agir ?
Parce qu’il y a conflit entre pensée à court terme et pensée à long terme. L’horizon d’une entreprise cotée en bourse se situe à trois mois, celui des politiques à quatre ans. Cela génère des priorités irrationnelles. Dans le cas du changement climatique, une piste au moins me semble évidente : il faut instaurer une taxe carbone appropriée. Le problème ne peut être résolu que si les incitations financières sont bien conçues et si les coûts qu’engendre la protection du climat sont répercutés sur les prix.
Selon vous, notre système politique ne serait donc pas adapté pour faire face à l’un des défis majeurs de notre époque ?
Je ne dirais pas cela. Avec la loi sur le CO2, la Suisse a pris la bonne voie. La différence entre la pandémie de Covid-19, qui est immédiatement perceptible, et la crise climatique, encore assez abstraite, réside dans la dimension temporelle. Dans quelques années au plus tard, nous aurons surmonté le Covid-19 et ses conséquences, mais le changement climatique continuera de nous occuper, et beaucoup plus encore qu’aujourd’hui. En ratifiant l’accord de Paris sur le climat, la Suisse s’est engagée à réduire de moitié d’ici à 2030 ses émissions de gaz à effet de serre par rapport à 1990, et à atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. Or, jusqu’à présent, je n’ai vu aucun plan crédible permettant d’y parvenir.
La pandémie de Covid-19 va-t-elle avoir pour conséquence que la population exigera à l’avenir une politique plus solidement basée sur la science ?
J’espère que la crise aura démontré deux choses : premièrement, que la science est absolument nécessaire et utile. Et deuxièmement, qu’il faut revenir à l’essentiel. Soudain, de très nombreuses choses sont devenues impossibles. Et vous savez quoi ? Une partie d’entre elles ne m’a même pas manqué. Autrement dit : on peut aussi vivre avec moins. Le bonheur personnel ne peut pas consister à cumuler des miles aériens.
Un autre sujet qui vous préoccupe est celui de l’avenir de la Suisse en tant que pôle de recherche. Actuellement, tout semble indiquer que l’accord-cadre avec l’UE est voué à échouer. Quelles en seraient les conséquences ?
La science en sera la première victime, comme cela a déjà été le cas en 2014 lors de l’adoption de l’initiative contre l’immigration de masse et de la suspension des projets bilatéraux d’échange et de recherche. Si nous ne pouvons plus participer aux programmes scientifiques de l’UE, cela affaiblira considérablement la compétitivité de la Suisse en tant que pôle de recherche. Ce ne sera pas une catastrophe dès le premier jour, mais une lente érosion de tout ce qui a fait notre force : l’ouverture, le cosmopolitisme et la coopération.
À vous entendre, cela paraît dramatique, mais c’est difficile à imaginer.
Je vais faire une comparaison avec le football : si YB ou le FC Bâle ne pouvaient plus jouer que sur le territoire national, cela se passerait bien pendant quelques années. Mais à long terme, il ne leur serait plus possible de se comparer avec des équipes internationales de top niveau et d’attirer des joueurs de qualité. Résultat, c’est le niveau général de la Suisse qui baisserait.
En 2014, il n’a fallu que quelques mois pour que la Suisse revienne sur la scène européenne de la recherche. Cela montre bien qu’il n’y a pas lieu de s’alarmer.
À l’époque, en tant que président du Fonds national, j’ai assisté de très près aux négociations. Il ne faut pas être naïfs : aujourd’hui, l’UE est lasse de nos exigences particulières et n’est pas prête à faire des concessions une deuxième fois. La Suisse est dans une nettement moins bonne position qu’avant pour négocier.
L’Europe peut-elle vraiment se passer des meilleures universités suisses ?
Dans la situation actuelle, l’arrogance serait le plus mauvais conseiller. Je peux vous assurer que plusieurs pays européens verraient plutôt d’un bon œil qu’à l’avenir, leurs propres universités arrivent au sommet des classements internationaux à la place de l’EPFL et de l’ETH Zurich.
Pourquoi la Suisse ne coopère-t-elle pas plus étroitement avec les universités de pointe de Grande-Bretagne, des États-Unis ou d’Asie ?
La Suisse se situe au cœur de l’Europe, et plus de la moitié de toutes nos publications académiques sont coécrites avec des auteurs des pays voisins. Nous évoluons dans un habitat naturel et devons rester réalistes. De plus, nous ne disposons pas à l’heure actuelle de programmes de recherche comparables à ceux des États-Unis ou de l’Asie.
Indépendamment du bras de fer diplomatique portant sur les collaborations de recherche, le gouvernement fédéral en fait-il assez financièrement pour que les universités restent compétitives à l’échelle internationale ?
Le système universitaire suisse bénéficie de financements généreux, et cela vaut tout particulièrement pour les EPF. Le plus important est de pouvoir planifier en toute sécurité, car la science s’inscrit sur le long terme. Pour préserver notre attractivité, nous devons être capables de poursuivre notre croissance, notamment dans certains nouveaux domaines tels que les sciences des données et de la vie. Comme je dis toujours à mes collaborateurs, l’argent est important, mais l’autonomie l’est tout autant. La liberté dont nous disposons pour mener nos recherches est notre grande force. Malheureusement, les universités sont elles aussi de plus en plus soumises à des contrôles et à une pression administrative. La bureaucratisation accapare trop de ressources.
Vous êtes le chantre de l’autonomie. Mais dans quelle mesure les universités sont-elles vraiment autonomes lorsqu’elles sollicitent des fonds de tiers de la part des entreprises ?
Les fonds de tiers dont bénéficie l’EPFL sont principalement des financements provenant du Fonds national et des programmes de recherche européens. La part provenant des entreprises privées est faible. C’est intéressant pour les sciences appliquées, parce que cela leur permet de développer des solutions et de les mettre directement en pratique. Bien sûr, ces entreprises ne nous donnent pas leur argent par altruisme ni pour le plaisir : les deux parties profitent du savoir ainsi généré. Mais nous ne nous vendons en aucun cas, et n’acceptons que des financements qui n’entravent pas notre liberté de recherche.
Vous critiquez souvent le fait qu’en Suisse, on manque d’investisseurs de capital-risque.
En Suisse, une grande part du capital-risque est versé à des start-ups de l’ETH Zurich et de l’EPFL. Je ne peux donc pas me plaindre. Mais notre pays a lui aussi besoin d’un écosystème permettant à la recherche de pointe, à l’esprit d’entrepreneuriat et aux fournisseurs de capital-risque de se rencontrer. Certes, nous produisons chaque année quelques douzaines de start-ups prometteuses qui accèdent assez facilement à un capital de départ. Mais il arrive un moment où elles doivent faire un bond de croissance. Pour cela, il leur faut plus d’argent — des sommes qui atteignent vite 30 ou 50 millions de francs. Et c’est là que le bât blesse. Dès que de gros montants sont en jeu, la Suisse manque d’investisseurs. Résultat : soit les start-ups quittent le pays, soit elles sont vendues à de grandes entreprises étrangères. Nous perdons ainsi des emplois, des ressources fiscales et du savoir-faire, surtout dans le secteur des technologies. C’est très dommage.
La Suisse a toujours eu des ingénieurs innovants. Nous avons construit les meilleures machines et les meilleurs ponts du monde — mais pas d’ordinateurs ni de serveurs propres. Comment cela se fait-il ?
Dans les années 1980, l’Europe a raté le coche du développement informatique, et ce, par pur snobisme. On pensait à l’époque que l’informatique n’était pas une science sérieuse, qu’on pouvait donc sans problème la laisser aux Américains et se contenter d’acheter les produits IBM. Dans les années 1980, je suis allé aux USA parce que là-bas, les sciences informatiques étaient prises au sérieux.
Comment avez-vous vécu l’essor de la Silicon Valley lorsque vous étiez étudiant ?
À cette époque, en Suisse, tout était assez provincial et ennuyeux. L’ETH Zurich dispensait un enseignement solide, mais on y faisait encore peu de recherche en ingénierie et il n’y avait pas de start-ups. À Stanford au contraire, on rencontrait dans les amphis des gens de tous horizons, et il y avait des superstars internationales parmi les enseignants-chercheurs. Dans les meilleures universités, les sciences de l’informatique et l’ingénierie bénéficiaient de budgets considérables, notamment grâce à l’armée et à la NASA. Bien sûr, tout était un peu exagéré — à l’américaine. Mais il régnait un esprit fantastique et les conditions de développement technologique étaient paradisiaques. C’était une époque incroyable !
Cela fait quarante ans que vous vous consacrez à la numérisation et vous avez écrit votre thèse de doctorat sur le « Digital Signal Processing ». Pensiez-vous à l’époque que ce sujet pourrait un jour être aussi présent dans notre quotidien qu’il l’est aujourd’hui ?
C’était inimaginable. À Stanford, j’ai fait la connaissance d’un certain Bernie Widrow qui était le premier à bricoler une méthode d’apprentissage automatique. Aujourd’hui, il est célèbre parce que ses recherches se sont avérées cruciales. Mais cela a pris des décennies ! Et à Berkeley, j’ai rencontré au début des années 1990 un chercheur de génie qui, alors que l’Internet n’en était qu’à ses débuts, voulait envoyer non seulement du texte, mais aussi des vidéos. C’était totalement délirant. Et aujourd’hui, nous participons à des conférences sur Zoom et trouvons ça absolument normal !
Le principe du « trial and error » : il y a aussi eu d’innombrables projets qui ont échoué et aujourd’hui, plus personne ne connaît ces chercheurs.
Bien sûr. Il est extrêmement difficile de faire des pronostics sur la façon dont vont évoluer une invention ou une nouvelle technologie. C’est pourquoi je suis convaincu que le meilleur investissement dans les universités reste une recherche fondamentale d’excellence.
Nous sommes désormais depuis longtemps au XXIe siècle, mais avons constaté qu’au sein du très onéreux système de santé suisse, on communiquait encore par fax. La pandémie a révélé brutalement nos déficits en matière de numérisation.
Ne nous voilons pas la face : nous avons un problème et la crise nous a pris au dépourvu. Une pandémie révèle les faiblesses comme au travers d’une lentille grossissante, et ce, non seulement au plan social, politique et médical, mais aussi — et c’est de cela que nous parlons — technologique. Aujourd’hui, nous devons être honnêtes, reconnaître les déficits et nous améliorer.
Avons-nous économisé au mauvais endroit ?
L’argent ne joue ici qu’un rôle secondaire. C’est par commodité que la Suisse refuse de regarder la réalité en face. Nous sommes riches, traditionalistes et paresseux. Quand nous avons un problème informatique, nous allons chercher de l’aide — notamment auprès d’experts à l’étranger. Ce sont là de mauvaises conditions pour innover dans le numérique. L’Estonie, un État relativement jeune, nous a montré comment une société pouvait se numériser à toute vitesse. Nous devrions donc considérer la pandémie comme une chance. Cela commence par de petites choses : ainsi, à l’EPFL, nous avons discuté pendant des années autour de l’instauration de la signature électronique, sans aucun résultat concret. Et quand le premier confinement a commencé, c’est soudain devenu possible, sans problème.
Il faut donc que l’État aille de l’avant ?
Bien sûr, l’État devrait couvrir aujourd’hui les secteurs fondamentaux de la numérisation. Mais nous avançons lentement. Le projet fédéral de vote électronique présentant des failles de sécurité, il a de nouveau été mis au placard. La proposition de référendum sur l’identité électronique vient d’être massivement rejetée. Deux tiers des votants se sont exprimés contre ! Cette défaite devrait servir de signal d’alarme pour les politiques. Le débat sur la numérisation doit être porté à un niveau plus élevé — le sujet ne va pas disparaître.
Les questions technologiques sont considérées comme compliquées.
Pour comprendre le monde d’aujourd’hui, il faut comprendre le monde numérique — au moins jusqu’à un certain point. Il ne suffit plus de savoir comment créer un tableau Excel ou une présentation PowerPoint. Ce dont nous avons besoin, ce sont des citoyennes et des citoyens numériquement matures. Cela commence à l’école et dans l’éducation. Aujourd’hui, nous sommes beaucoup trop naïfs. Tout le monde se promène avec un smartphone et un ordinateur portable, mais seule une infime minorité sait ce qui se passe avec les données et les téléchargements. Seule une infime minorité s’intéresse à la façon dont fonctionnent Facebook, Google ou Uber, et ce, bien que nous utilisions ces plates-formes en permanence. Cela fait que nous sommes totalement à la merci de ces entreprises.
Vous donnez à ces services en ligne un nom peu élogieux : « l’économie du coucou ».
Prenons l’exemple d’Uber. C’est un service de transport incontestablement utile et bon marché. Mais il se sert de notre infrastructure préexistante, verse des salaires faibles, peu de cotisations sociales et ne paie aucun impôt. D’autres groupes de la tech comme Google nous ont rendus dépendants et s’enrichissent grâce à nos données. Pour éviter tout malentendu, je précise que je n’ai rien contre ces entreprises fantastiques qui gagnent beaucoup d’argent grâce à des services informatiques. Mais je veux que nos concitoyennes et concitoyens comprennent sur quoi se basent leurs modèles économiques et où se situent les risques. Ce qu’il nous faut, c’est améliorer l’éducation, l’information, et atteindre une maturité numérique.
Serait-il nécessaire de réguler davantage les entreprises de la tech ?
L’espace numérique est le Far West de notre époque. Les grandes entreprises pionnières ont investi des territoires immenses, et occupent pour certaines des positions de monopole que l’on ne tolérerait dans aucun autre secteur économique. Longtemps, il n’y a pratiquement pas eu de contrôle ni d’opposition. Mais cela commence à changer. La Cour suprême du Royaume-Uni a récemment statué que les chauffeurs Uber devaient être traités comme des salariés et non comme des indépendants. Cela me donne de l’espoir — y compris pour la Suisse.
(parue dans La NZZ du 25 mars 2021)
J’ai le plaisir de partager avec vous aujourd’hui les grandes lignes du plan stratégique de l’EPFL pour la période 2021 à 2024. Cette stratégie est le fruit d’une approche pleinement collaborative à laquelle ont participé les doyens ainsi que plus d’une centaine de membres de la communauté de notre école. J’aimerais remercier ici tous ceux qui, par leurs efforts soutenus et leur dévouement, nous ont aidés dans cette tâche essentielle.
Je profite aussi de cette occasion pour exprimer ma gratitude envers ceux qui ont été mes compagnons de route au sein de la Direction ces quatre dernières années. Ils ont fait preuve d’un engagement généreux et indéfectible envers l’EPFL.
Je ne m’attarderai pas sur l’année 2020 si ce n’est pour reconnaître qu’elle n’a bien évidemment pas été une année facile pour l’ensemble de la communauté de l’EPFL. La pandémie de COVID-19 a exigé de nous tous bien des sacrifices, mais vous avez su faire preuve de courage et de résilience. Je vous suis profondément reconnaissant pour tous les efforts fournis dans la lutte contre la propagation du virus.
Or, malgré l’inquiétude et l’incertitude qui entourent la pandémie, nous avons quelques raisons de nous réjouir : ce virus nous a permis de nous concentrer sur nos missions centrales, à savoir la recherche, la formation et l’innovation. Dans le même temps, nous avons su renforcer la résilience et l’efficience de notre école. La pandémie a également renforcé notre sentiment d’appartenance à une communauté. Et c’est bien en tant que telle que nous serons à même d’affronter les défis du XXIe siècle. Enfin, la pandémie a su nous rappeler qu’une université était fondée sur un socle de valeurs communes ancrées dans une culture de campus. Cette culture, nous devons la faire évoluer si nous souhaitons qu’elle reste en phase avec la société, en termes de diversité, d’inclusion, d’éthique ou de technologies porteuses de sens… pour ne citer que quelques exemples.
2021 : Regarder En Avant ? (pdf, 5.2Mo)
Présentations Allocution 16.02.2021 (pdf, 21Mo)
Vidéo de l’allocution du 16.02.2021
La science ne peut pas fournir de réponses claires sur la façon de faire face au coronavirus. Et c’est on ne peut plus normal, car ce à quoi nous assistons actuellement, c’est la méthode scientifique en temps réel.
La science et la recherche ont rarement été au centre de l’attention comme depuis le début de la pandémie que nous connaissons actuellement. Et qui s’en étonnerait ? Après tout, nous voulons tous obtenir des réponses claires et aussi simples que possible à nos questions : comment le nouveau virus se propage-t-il ? Que se passe-t-il si je me fais contaminer ? Va-t-on trouver un médicament ? Un vaccin ?
Mais comme nous avons malheureusement tous pu le constater ces derniers mois, il semble actuellement n’y avoir que peu de réponses claires (et aucune réponse simple) à ces questions. Y compris du côté du monde scientifique. Nous avons même pu observer que les scientifiques se contredisaient parfois au sujet du COVID-19. Dans ce cas, qui pouvons-nous croire, nous qui aimerions tant pouvoir nous fier à quelque chose et obtenir des réponses sans équivoque ?
Il est vrai qu’il n’est pas simple de faire face à toutes ces incertitudes, surtout lorsque c’est à un nouveau virus que l’on a affaire. Mais cela a aussi de bons côtés. Par exemple, le fait que nous autres, scientifiques, ayons appris à composer avec de telles incertitudes et à les évaluer. Quelles sont les théories les plus sensées ? Quelles sont celles qui le sont moins ? En fait, ces incertitudes participent même de la nature la plus essentielle de la recherche. Ou, pour reprendre les termes du célèbre prix Nobel Richard Feynman : la science ne traite pas de ce qui est vrai et de ce qui ne l’est pas, mais de ce que l’on connaît avec plus ou moins de certitude. Et chaque fait se trouve toujours sur une échelle de probabilité, quelque part entre « absolument faux » et « absolument vrai ».
Autre bon côté de la situation actuelle : nous faisons tous l’expérience de la recherche en temps réel. Chaque jour, des résultats, des contradictions et des opinions divergentes sont publiés, débattus, et immédiatement commentés par les médias. Mais même si cela va plus vite que jamais, il ne s’agit au fond de rien d’autre que de la méthode scientifique qui se pratique depuis des siècles. Et celle-ci repose précisément sur la confrontation de différents énoncés plus ou moins probables, et sur l’usage de données permettant de vérifier les meilleures hypothèses au fil du temps (et de réfuter les autres).
Autrement dit, la cacophonie scientifique que nous constatons actuellement n’est pas seulement un processus de recherche totalement normal et éminemment sain, mais la nature même de la science moderne, car c’est grâce à ce processus que le progrès peut advenir. La méthode scientifique permet aux chercheurs de proposer des idées d’un degré variable de probabilité, de les éliminer, de faire un pas en avant, un autre en arrière, deux pas de côté, puis de nouveau deux en avant, et ainsi de suite jusqu’à ce que ce processus finisse par aboutir à un fait nouveau qui met tout le monde d’accord. Autrement dit : jusqu’à ce que la cacophonie se transforme en symphonie !
La méthode scientifique est loin d’être parfaite. C’est un processus compliqué et lent, même si à l’heure actuelle tout va plus vite que jamais. Mais si elle paraît parfois contradictoire, elle n’en reste pas moins la méthode qui, jusqu’à présent, s’est avérée la plus efficace pour déterminer des vérités universelles sur la nature. C’est pourquoi c’est précisément cette méthode qui, au cours des prochains mois, nous donnera accès à un nouveau vaccin (et ce, en un temps record !). Ou pour paraphraser Winston Churchill : la méthode scientifique est la pire des méthodes, à l’exception de toutes les autres qui ont pu être expérimentées dans l’histoire !
* Martin Vetterli est président de l’EPFL, Mirko Bischofberger est biochimiste et directeur de la communication de l’EPFL.
(parue dans Le Blick du 2 novembre 2020)
Alors que l’EPFL fête les 50 ans de sa fédéralisation, je me suis prêté à un voyage dans le futur : que pourrait devenir notre école en 2069, lors de son centenaire ? Et surtout, de quelle manière l’EPFL, les formations qu’elle offre et les technologies qui sortent de ses laboratoires pourront-ils contribuer à un monde meilleur ? A faire en sorte que le bien commun – tel que le décrivait Garrett Hardin dans « La Tragédie des Communs » publié il y a maintenant plus de 50 ans – et je pense en particulier au problème du réchauffement climatique, soit relevé tel le défi majeur qu’il est pour l’humanité ?
Un exercice de prédiction difficile. Qui aurait pu anticiper, lors de la naissance de l’EPFL en 1969, le développement actuel du web, les deepfakes, les risques du cyber-espace… Qui aurait pu prédire que des monnaies virtuelles allaient apparaître et devenir plus sûres que les écus sonnants et trébuchants. Qui auraient pu imaginer que les voitures allaient se conduire toutes seules, et pas seulement dans les livres de science-fiction ?
Je me concentrerai sur trois domaines de recherche : les sciences de l’information, les sciences du vivant et la médecine, et enfin l’énergie et la durabilité.
L’impact majeur des sciences de l’information est encore appelé à se renforcer et il est particulièrement risqué de prédire les cinq prochaines décennies – sauf peut-être en utilisant l’intelligence artificielle ! Ce qui est certain, c’est que l’homme va devoir apprendre à coexister avec des machines intelligentes. Dans ce pacte faustien dont il faudra se méfier, les machines devront rester à notre service, et pas l’inverse. Malgré ce risque, la science des données représente un formidable potentiel pour les sciences, l’économie et la société. Je suis convaincu qu’elle nous aidera à relever quelques-uns des défis fondamentaux auxquels nous sommes confrontés. Et les ordinateurs quantiques seront là pour nous aider, car ils permettront de résoudre des problèmes qu’aujourd’hui aucun super-ordinateur ne peut démêler.
Les sciences du vivant ne seront pas en reste. En interaction avec les sciences naturelles et de l’ingénieur, elles continueront leurs avancées fascinantes. Les neurosciences nous posent des questions existentielles, l’édition du génome des défis éthiques. Malheureusement, malgré les progrès, il est probable que le cancer, quoique mieux maîtrisé, sera encore un dérèglement mortel de la vie, et que les maladies de civilisation nous accompagneront toujours.
Et de nouveaux fléaux, prévisibles comme la résistance aux antibiotiques ou imprévisibles, feront leur apparition. J’espère que tout le potentiel de collaboration entre les sciences et l’art de la médecine et des soins sera réalisé, mais le mythe d’une espérance de vie sans limite risque de mettre la société devant un dilemme cornélien.
J’aborderai enfin le sujet complexe de l’énergie, de l’environnement et de la durabilité. Soit la « La Tragédie des Communs » aura été résolue, ou alors le monde sera dans une situation difficile, pour ne pas dire impossible ! Le gouvernement suisse a déclaré la neutralité carbone pour 2050. C’est un défi qu’une école comme l’EPFL doit relever en utilisant tout le spectre de son savoir-faire. Cette condition est nécessaire mais pas suffisante : la société doit se transformer, car se débarrasser des énergies fossiles est un défi titanesque qui nous implique tous.
La politique, disait Richelieu, est l’art de rendre possible ce qui est nécessaire. La société de consommation semble rendre nécessaire ce qui est possible. Dans ce monde à ressources finies, il faudra changer le modèle si nous voulons fêter un centenaire serein pour notre école et pour notre planète !
Martin Vetterli
Président de l’EPFL
(parue dans Le Temps du 20 décembre 2019)
Chères étudiantes, chers étudiants, chères et chers collègues,
Je me réjouis de vous retrouver sur le campus. Cette rentrée académique m’est chère à plus d’un titre. A vous, les quelque 11’000 étudiants – dont 2071 nouveaux étudiants en Bachelor (première année), parmi lesquels 32% d’étudiantes et 406 en Master – qui découvrez ou rejoignez le campus. A vous, chers collaborateurs, professeurs et chercheurs, pour qui le travail ne s’est pas arrêté durant cet été caniculaire. A toutes et à tous, je vous souhaite une chaleureuse bienvenue !
Alors que j’ai encore en tête les instants passés en juillet en Californie avec l’équipe d’EPFLoop et cette magnifique troisième place lors de l’Hyperloop Pod Competition, j’aimerais me tourner résolument vers le futur. Je saisis donc l’occasion de vous présenter les axes forts de l’EPFL pour l’année à venir.
La première priorité de la Direction est le développement de talents, qu’ils soient étudiants sur le campus ou en favorisant les approches innovantes. Le nombre de cours en première année a été réduit pour laisser nos étudiants se concentrer sur les fondamentaux. La grande nouveauté est l’introduction de la pensée computationnelle comme « troisième pilier » du cycle propédeutique.
Au-delà du campus, l’EPFL a toujours été innovante en matière d’éducation, comme en témoigne le lancement des MOOCS en 2012 ou de l’Extension School en 2017. Pour renforcer cet esprit, nous créons un centre pour l’innovation en éducation : LEARN. Vous allez prochainement entendre parler de plusieurs initiatives qui y sont rattachées.
Naturellement, renforcer l’Ecole dans les domaines scientifiques émergents et à fort impact pour la société est également notre priorité. Pour la première fois depuis 20 ans, nous avons convaincu le Conseil des EPF de nous octroyer une hausse budgétaire proportionnellement supérieure qui sera investie dans la recherche et l’enseignement. Six nouveaux postes seront ouverts dans les domaines répondant aux enjeux de la numérisation dans notre société, la recherche interdisciplinaire entre l’ingénierie et la neuroscience, ainsi que dans les sciences de la vie computationnelles. De surcroît, 28 postes de professeur sont actuellement en phase de recrutement.
La troisième priorité est de favoriser l’émergence d’initiatives au sein des facultés dans deux domaines : l’éducation par projet et l’open science. Après le Solar Decathlon ou Hyperloop, nous souhaitons favoriser l’émergence d’autres aventures fascinantes de ce genre. « MAKE », un fonds d’innovation et une équipe de soutien aux projets interdisciplinaires, soit un investissement de 650’000 francs par an, est là pour y répondre. De même qu’est consacré, côté recherche, un fonds dédié à l’encouragement d’activités open science, doté d’un million de francs par an pendant trois ans.
Cette année académique nous conduit dans l’année du 50e anniversaire de l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL). A l’aube de celle-ci, notre identité visuelle changera avec un nouveau logo pour graver dans les esprits les quatre lettres qui font notre identité. Vous serez d’ailleurs appelé à voter pour dire quel logo a votre préférence. Et dès janvier, une année de festivités célébrera la science, la recherche, l’éducation et l’innovation.
Je souhaite qu’ensemble nous fassions de l’EPFL une des meilleures institutions de recherche et d’éducation du monde et une école innovante et entrepreneuriale. Le dynamisme dont vous faites preuve dans la réalisation de nos missions fondamentales permet d’être une force de proposition et de réalisation pour le monde académique suisse et international. Je vous en remercie.
Martin Vetterli
Président de l’EPFL
Vous êtes plus de 10’000 étudiantes et étudiants à regagner le campus qui va tourner à plein régime dès aujourd’hui. Nous accueillons 1955 nouveaux étudiants en Bachelor (première année) et 328 en Master (les chiffres définitifs seront arrêtés au 1er novembre), soit une hausse respective de 6% et de 13% par rapport à 2016. À toutes et à tous, je vous souhaite une chaleureuse bienvenue!
Concernant le nombre d’étudiantes (près de 29% de la population estudiantine), nous sommes encore loin de la parité, mais nous poursuivons les mesures d’encouragement et de soutien des jeunes femmes qui pourraient se destiner à une carrière scientifique et technique.
Cette rentrée est celle de la première édition du Master en Data Science, dans les deux EPF. À l’EPFL, cette formation, donnée par la Faculté Informatique et Communications (IC), en collaboration avec l’Institut de mathématiques (SB) et la Faculté Sciences et Techniques de l’Ingénieur (STI), s’inscrit dans la révolution de la science des données, et donnera les moyens à ses participants d’en être les acteurs. Ce Master offre une formation complète, traitant des fondations à la mise en œuvre, des algorithmes à l’architecture de base de données, de la théorie de l’information au machine learning.
La première édition du Master en Digital Humanities débute également en septembre. La division du travail entre ingénieurs – qui produisent les algorithmes – et experts des sciences sociales – qui interprètent les données – n’est plus d’actualité. L’industrie du contenu, à travers les médias, l’entertainment, la culture mais aussi toute la vie publique mobilisent les techniques du Big Data et du Machine Learning. Ce nouveau Master offre une formation de pointe dans les Data Sciences et les Humanités pour les professionnels dans ces nouveaux systèmes d’information à riche contenu.
C’est également la première année où des étudiantes et des étudiants en 3e année Bachelor en Sciences de la Vie de l’EPFL pourront suivre un module de cours leur permettant de rejoindre la dernière année du Bachelor en médecine de l’UNIL, en vue d’intégrer le Master en médecine. Cette passerelle contribuera à la formation de futurs médecins disposant d’excellentes compétences techniques.
Autre nouveauté à mentionner: l’accord signé cet été entre l’École polytechnique de Paris (l’X) et notre École, permettant aux étudiantes et étudiants qui le désirent d’obtenir simultanément le diplôme des deux institutions.
Nous intégrerons un nouvel enseignement très important dans le cursus de formation dès 2018: le computational thinking. Dans ce contexte, j’encourage vivement nos étudiantes et étudiants à participer à la seconde édition du concours de visualisation scientifique ACCES. C’est une occasion de s’initier à une matière aussi incontournable que les mathématiques ou la physique pour l’ingénieur de demain.
Sur le front de la recherche, nous avons lancé la semaine dernière la version bêta de RENGA (連歌, poésie japonaise collaborative), la plateforme développée par le Swiss Data Science Center, disponible en open source. Cette plateforme encouragera les coopérations multidisciplinaires dans le domaine de la science des données, tout en incitant à la transparence, réutilisabilité et reproductibilité de la science. Fruit d’une collaboration entre les deux Écoles polytechniques fédérales de Lausanne et de Zürich, le Swiss Data Science Center a pour objectif de donner au pays l’infrastructure qui lui manquait dans le domaine de la science des données. Les masses d’informations collectées pourront ainsi être traitées, et ce afin d’en extraire des données exploitables par les spécialistes des différents domaines concernés, tels que la santé personnalisée, les sciences de l’environnement ou la maintenance prédictive, pour n’en citer que quelques-uns.
Nous avons également signé le 31 août dernier des accords pour la deuxième phase d’EPFL Valais Wallis qui verra la création d’un nouveau bâtiment pour héberger le Centre de Recherche sur les environnements alpins et extrêmes. Le pôle de réhabilitation et santé ainsi que celui de la chimie verte et de l’énergie du futur seront également renforcés.
Quant à la première édition des EPFL Drone Days, qui s’est déroulée il y a une quinzaine de jours, elle a reflété le rôle que l’École peut jouer dans un domaine porteur qui impactera probablement de nombreux secteurs de l’industrie. Chercheurs, pilotes-compétiteurs de drones et start-ups se sont pris au jeu et ont interagi sur notre campus, pour le bonheur du public et de nombreux collègues qui ont participé à cet événement. Un bel exemple de transfert de technologie qui se déroule sous nos yeux, ici en Suisse romande!
Enfin, signalons une nouvelle initiative de l’EPFL pour soutenir la créativité de ses étudiantes et de ses étudiants Bachelor et Master: les x-Grants. De l’ordre de CHF 10’000, ce soutien financier leur permet de développer leurs projets entrepreneuriaux – et pourquoi pas un jour lancer leur propre start-up. Et afin d’étendre leurs réseaux, les candidats sélectionnés auront également la possibilité de passer un à deux mois dans la célèbre Silicon Valley, dans les locaux de Swissnex San Francisco à Pier 17.
Je vous souhaite une excellente année académique 2017-2018. Du goût pour vos études, votre recherche ou votre travail, mais aussi et bien sûr beaucoup de plaisir et de passion. Merci à toutes et tous pour votre participation active à la communauté EPFL.
Martin Vetterli
Président de l’EPFL
Voilà un peu plus d’une centaine de jours que la nouvelle Direction est officiellement en fonction. Je tenais à partager avec vous quelques réflexions de ce début de mandat, à commencer par celle-ci qui me tient particulièrement à cœur: je continue à penser que j’ai le plus beau job qui soit en Europe! La nouvelle équipe de vice-présidents travaille bien ensemble, efficacement, dans un esprit commun. Et je retrouve ce même esprit dans nos relations avec les doyens. L’un d’entre eux d’ailleurs, Jan S. Hestaven, a également réalisé ses 100 premiers jours à la tête faculté des Sciences de Base, tandis que Ali H. Sayed nous rejoindra le 1er juillet prochain en tant que doyen de la faculté des Sciences et Techniques de l’Ingénieur (STI).
Depuis l’entrée en fonction de la nouvelle Direction le Swiss Data Science Center a démarré ses activités. Ce projet marque une étape fondamentale pour le développement de l’Open Science – un de mes chevaux de bataille à la tête de l’EPFL. Le cours de Mise à Niveau (MAN) a débuté au mois de février. Le 26 avril dernier, la Conférence des directeurs de section a décidé que nous introduirions le cours de computational thinking, Information, calcul, communications, pour tous les étudiants de première année dès la rentrée 2018. Nous tenons à enseigner les bases indispensables de cette discipline aux futurs ingénieurs dès le début du Bachelor, au même titre que les maths ou la physique. Rappelons aussi que l’Antarctic Circumnavigation Expedition (ACE) est arrivée au Cap, où je me suis rendu, et c’est une belle aventure scientifique et humaine que nous avons pu suivre.
Durant ces trois premiers mois, la nouvelle Direction est allée à la rencontre du campus (lors de la grande réunion du 11 janvier dernier), de l’Assemblée d’École, des facultés, des antennes, de l’AGEPoly, des délégués de classe, et encore tout récemment des assistantes administratives, pour ne citer que quelques exemples. Autant d’occasions qui nous ont permis de continuer à nous familiariser avec toute la diversité, les richesses et la complexité de l’École.
J’aime à rappeler qu’une université n’est résolument pas un «business» comme un autre. Nous construisons les piliers du savoir: celui que nous transmettons à nos étudiants; celui que nous créons dans nos laboratoires; celui que nous transformons en innovations. Ce savoir est aussi notre responsabilité vis-à-vis de la société, qui n’a jamais été aussi rapidement et profondément transformée par l’impact des technologies. À travers nos missions, nous participons activement à ces (r)évolutions afin qu’elles soient bénéfiques pour toutes et tous. Et c’est notre rôle de répondre tant aux défis qu’aux besoins que créent ces mutations. Et de prendre des risques pour aller au-devant des enjeux de demain.
C’est dans cette perspective que notre École doit évoluer vers le campus du 21e siècle. Il sera digital et il repoussera les limites traditionnelles des disciplines. Nous créerons de la valeur en nous situant aux interfaces, par exemple entre les sciences de la vie et celles de l’ingénieur, ou encore entre les sciences computationnelles et quasiment toutes les autres disciplines, pour ne citer que ces deux cas. C’est à nous, tous ensemble, d’utiliser nos talents et nos ressources pour relever ces multiples défis et saisir les opportunités qui permettront à l’École de continuer à se développer.
Martin Vetterli
Président