Sobek et Haroeris Ă  Kom Ombo

Étude architecturale et restitution du temple grĂ©co-romain de Sobek et Haroeris Ă  Kom Ombo (Haute-Égypte)

Aurélie Terrier, bourse FNS-AMBIZIONE, EPFL ENAC IA LAPIS

David Roberts, Temple of Sobek and Haroeris at Kom Ombo, from ‘Egypt and Nubia’, Vol.2 ), 1838, colour lithograph

Les grands temples de l’Égypte grĂ©co-romaine ont concentrĂ© toutes les connaissances pour traduire dans l’art de bĂątir le rapport avec le divin. Par l’ensemble des textes couvrant leurs parois, ces monuments sont aussi devenus de vĂ©ritables conservatoires de la culture pharaonique. Le temple, tant dans son architecture que dans son programme dĂ©coratif, n’a jamais autant exprimĂ© d’une maniĂšre globalisante la force et la complexitĂ© du sacrĂ© Ă©gyptien (Daumas 1980).

L’attrait du public pour les cultures antiques n’a jamais autant Ă©voluĂ© que ces derniĂšres dĂ©cennies grĂące aux facilitĂ©s de sĂ©jour ainsi qu’au dĂ©veloppement des politiques touristiques mises en place par les États. Cependant, la frĂ©quentation moderne des sites visitĂ©s atteint un niveau sans comparaison avec celui de leur usage d’origine ; leur conservation et leur restauration dĂ©passent souvent le cadre dĂ©fini par la Charte de Venise (Zignani 2010, Charte de Venise 1966). Au cƓur d’enjeux Ă©conomiques, l’exploitation de ces sites prime souvent sur leur Ă©tude. Dans ces conditions, il semble urgent de procĂ©der Ă  l’analyse de cette catĂ©gorie d’édifices trĂšs visitĂ©s, pour en permettre la sauvegarde scientifique. Le temple de Kom Ombo, situĂ© sur le trajet des croisiĂšres sur le Nil, fait partie des Ă©tapes incontournables de nombreux visiteurs (des milliers par an). Il est donc directement concernĂ© par les problĂ©matiques d’usure, d’entretien et de conservation des structures. 

Des grands temples grĂ©co-romains (332 av. J.-C. – 251 ap. J.C.) Ă©difiĂ©s sur le sol Ă©gyptien, le temple de Kom Ombo est le seul Ă  n’avoir bĂ©nĂ©ficiĂ© d’aucune Ă©tude architecturale moderne. L’état du sanctuaire, en partie dĂ©truit par la dĂ©viation ancienne de l’un des bras du Nil, est probablement Ă  l’origine de cette mise Ă  l’écart par les chercheurs ; c’est pourtant ce qui le rend si intĂ©ressant. L’enjeu de cette recherche sera d’aborder les diffĂ©rents aspects de la conception architecturale, allant du contexte environnemental aux questions liĂ©es Ă  la construction des espaces autour des fonctions thĂ©ologiques ainsi qu’à l’évolution des mĂ©thodes et des techniques de construction. L’étude Ă©pigraphique menĂ©e depuis 2010 par une Ă©quipe franco-germano-Ă©gyptienne rencontre une belle collaboration avec les autoritĂ©s Ă©gyptiennes qui souhaitent dĂ©sormais avancer sur les recherches architecturales et archĂ©ologiques.

Depuis le milieu du siĂšcle dernier, plusieurs conventions internationales ont Ă©tĂ© Ă©dictĂ©es pour protĂ©ger le patrimoine culturel afin de rĂ©pondre aux dĂ©fis que sont le tourisme de masse, les conflits armĂ©s, les pillages et trafics, la croissance dĂ©mographique et l’urbanisation, le manque de sensibilisation ou encore le changement climatique. Notre rĂŽle, en tant qu’acteur de la recherche dans le milieu culturel est de travailler et d’agir en rĂ©ponse Ă  ces dĂ©fis. Cette attention ne serait ĂȘtre plus Ă  propos aujourd’hui, dans des temps oĂč la culture, sous ses diverses formes est mise Ă  mal.