Bogdan Konopka

Regards sur l’EPFL: Architecture. «Aux bâtiments, pourtant dépouillés de présence humaine, Bogdan Konopka donne un souffle de vie»

Photo © M.Mikolajcsyk

Hommage au photographe qui a immortalisé les bâtiments de l’EPFL

Il aimait les longs temps de pose et pour diversifier les expositions utilisait trois formats, deux chambres 4×5 inch (japonaise) et une chambre 8×10 inch (américaine). Puis il prenait le temps de développer lui-même les tirages argentiques aux gris dont il savait comme personne saisir les variations. Bogdan Konopka est décédé subitement le 19 mai 2019, dans son laboratoire parisien, à l’âge de 65 ans. Polonais d’origine, il vivait en France depuis trente ans aux côtés de son épouse, Jacqueline. Avec une formation initiale de photochimiste, il avait débuté son parcours de photographe au sein de l’Université polytechnique de Wroclaw, dont il avait démissionné suite aux pressions du régime. Membre du courant Photographie élémentaire, il s’en était détaché, avait fondé sa propre galerie Post Scriptum et avait participé aux actions artistiques de l’underground, tout en photographiant sa ville et son climat apocalyptique. Arrivé en France en 1989, il avait poursuivi son travail sur le devenir des villes en Europe puis en Chine, s’attachant à révéler l’universalité de la mue permanente de la peau des villes. Au travers de commandes institutionnelles, il avait photographié le patrimoine et l’architecture contemporaine. La maîtrise du processus de création — de la prise de vue au tirage — était essentielle. Pour ce faire, il utilisait une chambre grand format et tirait ses images par contact. Retrouver une université, pour le travail qu’il a réalisé pour l’EPFL, lui avait particulièrement plu. Tout au long de l’année qu’a duré son travail, il a immortalisé l’architecture du campus lausannois et des autres sites. Arpentant les sites pour délivrer des images dépouillées de présence humaine mais donnant vie aux bâtiments. Ses magnifiques tirages originaux sont à découvrir encore jusqu’à fin juillet à ArtLab. Il venait par ailleurs de sortir «Conte polonais» aux éditions Delpire, un ouvrage emprunt de poésie sur sa Pologne natale. Représenté en France par la galerie Françoise Paviot (Paris), en Asie par la Galerie OFOTO (Shanghai), ses photographies font partie des grandes collections publiques: Fonds National d’Art contemporain, Centre Pompidou, Bibliothèque Nationale de France, FRAC Ile de France et du Musée de l’Elysée à Lausanne.