Empreinte carbone de l’EPFL

Night View © EPFL Jamani Caillet
Night View © EPFL Jamani Caillet

La réduction effective de ses émissions de CO2 est une priorité pour l’EPFL. Le bilan carbone est un outil clé pour mesurer l’impact climatique et identifier les domaines où il faut agir pour tendre vers les objectifs de l’Accord de Paris.

En juillet 2019, le Conseil fédéral a décidé de renforcer les mesures de réduction des émissions de gaz à effet de serre afin d’assumer son devoir d’exemplarité. Il a fixé deux objectifs pour l’administration fédérale, y compris l’EPFL :

  1. Réduire de 50% les émissions de gaz à effet de serre liées à l’énergie d’ici 2030, par rapport à 2006
  2. Atteindre la neutralité carbone en compensant les émissions liées à l’énergie à partir de 2020

L’EPFL s’engage à se conformer aux objectifs fixés par la Confédération et à mettre en place des mesures additionnelles visant à s’aligner avec l’Accord de Paris.

Par ailleurs, à travers son plan d’action « Voyages en avion », la Confédération encourage les actions menées pour diminuer les émissions carbone liées aux voyages en avion. L’EPFL fait sien l’objectif mentionné de diminuer de 30% les émissions de CO2 d’ici 2030 par rapport à 2019.

La figure ci-dessous illustre le bilan carbone de l’EPFL de 2006 à 2022 , ainsi que le scénario pour 2030, prenant en compte l’objectif de la Confédération (-50% d’ici 2030 par rapport à 2006 en matière d’énergie).

Le bilan carbone de l’EPFL inclut l’énergie, les voyages professionnels et estudiantins, la mobilité pendulaire, l’alimentation et le numérique (matériel). Il prend en compte les données du campus de Lausanne et celles des campus associés en Valais, à Neuchâtel et à Fribourg. Les consommations énergétiques du campus associé de Genève ne sont pas disponibles.

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Pour évaluer son empreinte carbone, l’EPFL se base sur les directives du Protocole des gaz à effet de serre (GES). Elle quantifie ses émissions directes et indirectes en termes d’énergie (scope 1 et 2) depuis 2010. En ce qui concerne le scope 3, les voyages et les déplacements pendulaires sont suivis depuis 2010. L’alimentation et le numérique ont été ajoutés en 2018 et 2019 respectivement. D’autres thématiques sont encore en cours d’étude comme l’impact de la construction et des achats encore non comptabilisés (matériel et consommables de laboratoire par exemple). Une première estimation, basée sur les flux financiers liés à ces achats, montre que l’impact pourrait doubler le bilan carbone de l’Ecole. Les émissions liées au scope 3 représentent la part la plus importante du bilan de l’école (2/3 environ).

Diverses méthodes ont été utilisées pour estimer les émissions de chaque thématique, en fonction des sources de données et de leur complexité. Pour l’énergie, les voyages, la mobilité pendulaire, l’alimentation et le numérique, un facteur de conversion en CO2-eq a été associé aux données mesurées pour chaque thématique. Les facteurs de conversion ont été choisis selon différentes sources en fonction de leur pertinence selon les thèmes (ecoinvent, KBOB, World Food LCA database, agribalyse, etc.).

Les méthodologies de calcul liées à la comptabilité carbone évoluent constamment et font également évoluer le bilan. Le périmètre considéré est également amené à s’élargir en fonction des données à disposition.

En raison de l’impact du COVID-19 sur les émissions de 2020-2022, l’année de référence pour le suivi des réductions a été fixée à 2019.

La mesure des émissions de gaz à effet de serre (GES) de l’EPFL a été confiée à Quantis, spin-off de l’EPFL, de 2011 à 2020 puis à DSS+ dès 2021.

Selon l’approche méthodologique choisie, prenant en compte ou pas les importations/exportations d’électricité, le facteur d’émissions carbone de l’électricité peut varier en Suisse en 2018 de 30 g (mix produit) à 128 g CO2-eq/kWh (mix consommateur) (OFEV 2021). Le choix du facteur le plus élevé prend en compte la consommation réelle d’électricité en Suisse et permet d’intégrer l’impact considérable lié à l’importation en hiver, notamment de pays utilisant des centrales à charbon.

L’EPFL privilégie cette dernière approche afin de refléter l’impact réel des besoins en électricité de ses campus et utilise un facteur de conversion de 125 g de CO2-eq/kWh (KBOB 2022) prenant en compte les importations d’électricité en Suisse.

Au-delà de la neutralité carbone par la compensation, l’EPFL vise le   « Net zéro » d’ici 2040.

Net zéro fait référence à l’absence de CO2 supplémentaire net dans l’atmosphère, donc à l’élimination de l’atmosphère de la même quantité de CO2 que celle que l’on a émise. Pour cela, il faut avoir accès à des puits de carbone (comme les forêts) ou à des technologies a émissions négatives (comme l’élimination du carbone de l’air). L’initiative Solutions4Sustainability, ainsi que les efforts de recherche en cours dans de nombreux laboratoires de l’EPFL, visent à capturer, réutiliser et stocker le carbone. Le campus agira comme un laboratoire vivant pour tester les technologies les plus prometteuses.

Les efforts de l’EPFL seront alignés sur ceux des autres institutions du Domaine des EPF, à travers l’initiative du Swiss Center of Excellence on Net-Zero Emissions (SCENE). La création d’un Fonds Carbone Net Zéro est également en discussion. La direction de l’EPFL est cependant bien consciente que le développement de technologies ne sera pas suffisant pour atteindre le net zéro. Par conséquent, la réduction des émissions reste la priorité absolue.

L’objectif de la Confédération demande de diminuer de 50% les émissions liées à l’énergie sur la base de 2006. Or, en 2006, l’EPFL était déjà alimentée en grande majorité par de l’énergie renouvelable grâce à sa centrale thermique utilisant l’eau du lac Léman depuis 1986. Cette avancée majeure, bénéfique au niveau environnemental, rend l’atteinte de l’objectif de la Confédération plus difficile pour l’EPFL.

Energie Batiments

La priorité de l’EPFL est la diminution de sa consommation d’électricité, la rénovation et l’optimisation de ses bâtiments, le remplacement des énergies fossiles et la production d’énergie renouvelable sur ses sites (parc solaire). Atteindre les objectifs de la Confédération pourrait nécessiter l’achat de certificats de garantie d’origine.

La figure ci-dessus montre une estimation de la chaleur extraite de l’eau du lac : 109 GWh. Cette énergie est utilisée pour refroidir ou chauffer les installations du campus.

Jusqu’en 2019, le gaz consommé était principalement utilisé pour le chauffage (60%) ainsi que pour les processus des laboratoires (40%). En raison des travaux de rénovation de la Centrale de Chauffe par Thermopompes (CCT) du campus, la consommation de gaz pour le chauffage a été exceptionnellement plus importante sur la période 2019-2021.

Depuis l’hiver 2021-22, la part de gaz pour le chauffage du campus d’Ecublens est faible car la centrale thermique fonctionne uniquement avec de l’électricité. Elle est essentiellement liée au gaz encore utilisé pour les processus de laboratoire (animalerie) et dans les bâtiments loués à l’Université de Lausanne. Celle-ci prévoit de mettre en fonction une centrale thermique fonctionnant également avec l’eau du lac dès 2025, ce qui permettra de s’affranchir de ce besoin en gaz de chauffage.

Le mazout était utilisé comme source secondaire de chauffage pour le fonctionnement de la centrale thermique, en cas de températures très froides. La rénovation de la centrale thermique a permis de s’affranchir de l’utilisation de mazout sur le campus de Lausanne dès 2020.

La mobilité représente la part la plus importante du bilan environnemental de l’EPFL. Les émissions générées par les voyages professionnels et estudiantins sont calculées par la société Atmosfair avec les facteurs donnés par VDR (Verband Deutsches Reisemanagement) utilisant un index de forçage radiatif (RFI) de 2.7, à partir des données fournies par l’agence centrale de voyage de l’EPFL.
La révision de la politique voyages, le renforcement et la promotion des outils de vidéoconférence et l’organisation de campagnes de sensibilisation sont les principaux éléments de la stratégie de réduction des émissions de CO2 liées aux déplacements professionnels et estudiantins.

Destinations

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Carte des émissions émises par destination

Les données se basent sur les enquêtes de mobilité pendulaire envoyées à l’ensemble de la communauté EPFL depuis 2003.  Les mesures mises en place dans le cadre du Plan de mobilité, comme par exemple la politique de stationnement, le renforcement de l’offre en transports publics ainsi que la promotion du vélo, montrent des effets positifs avec une forte diminution de la part modale des transports individuels motorisés.

Le premier bilan des émissions liées à l’alimentation a été établi en 2018 sur la base du nombre de repas végétariens et non-végétariens consommés sur le campus. Depuis 2019, le reporting est plus détaillé et basé sur les données d’achat des restaurateurs. Il est calculé par l’entreprise Beelong.

Les valeurs utilisées pour calculer le CO2 sont issues des bases de données de la World Food LCA Database (Quantis) v 3.5, Ecoinvent v 3.8, Agribalyse v 3.0.

Les étapes comptabilisées pour le calcul de l’empreinte carbone sont :

  • La production agricole de chaque ingrédient
  • La saisonnalité (culture sous serre chauffée)
  • Le transport de chaque ingrédient jusqu’au lieu d’élaboration du produit fini (distances parcourues, modes de transport et modes de réfrigération)
  • Le transport du produit fini jusqu’au lieu de consommation (distances parcourues, modes de transport et modes de réfrigération)
  • L’emballage du produit fini

Pour les viandes, les valeurs utilisées sont différentes en fonction du type de morceau et du type d’alimentation et du mode d’élevage (notamment pâture ou non). → Plus d’info

CO2 Repas

Le groupe sobriété numérique de la Taskforce climat et durabilité a publié en automne 2020 un rapport préliminaire sur l’impact environnemental du numérique à l’EPFL (PDF, 3.4 MB), revu par des expertes et experts internationaux. L’analyse portait sur 4 indicateurs : les émissions de GES, la tension sur l’eau douce, la consommation énergétique et l’épuisement des ressources abiotiques. Les auteurs soulignent les difficultés rencontrées pour collecter des données fiables et recommandent de réaliser un audit plus complet, mettant l’accent sur les facultés.

L’impact carbone du numérique à l’EPFL a été évalué sous deux aspects (données 2019) :

  • Impact induit par la production des équipements (fabrication des ordinateurs, laptops, écran, portables, tablettes, etc.) : il est évalué à 4’829t CO2-eq / an.
  • Impact induit par l’utilisation du matériel, soit la consommation électrique pour l’IT (équipements et datacenters), estimée à 15’300 MWh/an, soit environ 2’000t CO2-eq / an. Ceci correspond à 25% des GES liés à l’électricité, déjà comptabilisés dans le bilan global.

De manière contre-intuitive, l’étude révèle que le coût CO2 de la fabrication du hardware excède par 2 fois celui de l’usage des appareils.

L’ajout du numérique en 2019 permet une meilleure estimation des émissions de l’EPFL. L’impact du numérique est dû au hardware (10%) et la consommation d’électricité (4%), soit 14% des émissions de GES de l’Ecole.