Digital Lyric

Exposition

Château de Morges, du 14 février au 10 mai 2020.

Le projet Code/Poésie (Digital Lyric en anglais) rassemble des institutions académiques, culturelles et scientifiques pour une exposition sur les nouvelles interactions à la poésie à partir du numérique. Aboutissement d’un projet mené sur plusieurs années, l’exposition reconsidère nos rapports à cet art du langage : par-delà le livre, la poésie peut montrer comment les nouvelles technologies créent de nouvelles expériences immersives (réalité augmentée, réalité virtuelle) ou offrent un nouveau regard sur la matière poétique (anthologies, performances augmentées), davantage incarné et sensible. 

La poésie, par-delà le livre

Alors que la fin du XIXe siècle a été marquée par la large diffusion du livre, de nombreux lecteurs considèrent que la poésie ne peut être reliée à un autre support de communication. Cependant, ils oublient combien ce genre est historiquement lié à l’oralité, à la performance, à la musique, à la voix ou à la danse, depuis l’Antiquité déjà. Élargissant cet horizon, la poésie multimédia démontre que nous abordons perpétuellement des rapports à la poésie différents et foisonnants. 

Le projet

Dans cette perspective, l’exposition démontre que la poésie, plus que tout autre genre, offre une opportunité pour le numérique ; tout comme le numérique donne une place privilégiée à la poésie. La nostalgie de la lecture traditionnelle fait partie de l’évolution, mais il ne faut pas oublier que le livre offre une forme d’immersion et que l’imprimerie était une technologie. Aujourd’hui, loin de virtualiser la réalité, la numérisation permet d’atteindre une meilleure incarnation du texte poétique. Parallèlement, la poésie permet d’explorer les potentiels textuels et corporels des nouvelles technologies, en leur donnant du sens.

Ainsi, cette exposition articule technologie et poésie en abordant les pistes suivantes : 

  1. La poésie multimédia permet de mobiliser intensément tous nos sens.
  2. Nous nous impliquons plus intensément que dans une lecture traditionnelle.
  3. Le plaisir provoqué par l’interaction avec le poème peut être enrichi.
  4. La poésie traditionnelle ou contemporaine peut être découverte par des moyens innovants.
  5. L’attention à la poésie du quotidien peut être développée, sa définition particulièrement importante comprenant plusieurs médias et innovations. 

Nos objectifs

Souhaitant incarner autrement la poésie en privilégiant un contact direct avec elle, l’exposition permet au public de questionner l’évolution d’une littérature associée au livre vers une littérature à l’ère numérique. Elle s’articule ainsi autour des objectifs suivants : 

  • Développer une conscience historique de notre appréhension du présent, en particulier dans le domaine du numérique ; 
  • Sensibiliser le public à la révolution des technologies en lien avec la lecture et les nouveaux moyens d’appréhender le patrimoine poétique ; 
  • Concilier les habitudes de lecture avec l’horizon des nouvelles technologies ;
  • Proposer des événements et stimuler le débat sur les innovations multimédia contemporaines dans les arts poétiques. 

 

L’organisation de l’exposition

Pour ce faire, l’exposition est organisée en cinq espaces avec un parcours spécifique entre chaque étape. Nous sommes guidés par les questions suivantes : Pourquoi penser au-delà du livre ? Est-ce que l’ère digitale accompagne, va plus loin ou à l’encontre du livre ? Pourquoi la poésie est-elle emblématique de ce tournant ? 

  • Le territoire poétique

Par la langue, la poésie agit comme une identification des territoires et des communautés. Comment les cultures multimédia et numérique permettent de définir plus précisément ce qui nous lie dans les différences ? En quoi la Suisse peut devenir l’exemple d’une articulation des échelles mondiales et locales ?  

La salle propose une nouvelle présentation de l’anthologie vidéo de la poésie en Suisse romande, de manière monumentale, dans un langage 16:9, une cartographie du territoire poétique et une mise en valeur du patrimoine poétique transnational de ce territoire. 

  • La poésie à votre goût

La poésie peut s’affranchir de l’autorité, parfois pesante, du poète ou de l’expert dans ce domaine. Cette salle permet d’améliorer sa propre pratique de la création par-delà la page blanche, de constituer sa propre anthologie de la poésie, de recombiner l’œuvre d’un poète ou d’assister à une calligraphie numérique dynamique. Articulée autour de l’interrogation « peut-on écrire de la poésie avec des machines ? », cette salle propose un environnement interactif dans lequel les visiteurs peuvent prendre part à plusieurs expériences en lien avec l’intelligence artificielle. 

  • Nouvelles performances

Un performeur qui devient un chœur. À partir de l’expérience de la « roue recombinatoire » de Sarah Kenderdine, une autre expérience est proposée : Charles Pennequin cinq fois. Cette salle explore comment présenter des performances poétiques multimédia, en problématisant notamment la question de la voix ou celle du corps, autour de nouvelles performances, à la fois poétiques et technologiques. 

  • Fiction et diction de la poésie

Mettant l’accent sur les dispositifs numériques de lecture à voix haute, cette expérience sera consacrée à la mise en valeur de la voix et de son aspect poétique, avec la possibilité de visualiser instantanément les mouvements vocaux.

  • Le voyage d’Orphée (réalité virtuelle)

Proposant une immersion poétique totale à travers un film en réalité virtuelle 360°, cette salle traite de manière innovante les archives d’un célèbre poète, Rilke, en proposant de découvrir un manuscrit et une page imprimée de l’édition originale de Rilke sous un format totalement nouveau.

Le château de Morges, qui allie à la fois l’ancrage dans la tradition et l’exploration de nouveaux horizons, offrira un cadre exceptionnel avec ses nouveaux espaces d’exposition temporaire inaugurés à cette occasion. 

 

 

L’équipe

Le commissariat de l’exposition est tenu par Antonio Rodriguez (UNIL) et Sarah Kenderdine (EPFL). 

Antonio Rodriguez est professeur de littérature française à l’Université de Lausanne. Il préside l’International Network for the Study of Lyric et a créé le festival Printemps de la poésie en 2015. 

Sarah Kenderdine est professeur en Humanités Digitales et directrice de l’Art Lab à l’EPFL. Ses recherches se situent à l’avant-garde des expériences interactives et immersives pour les galeries, bibliothèques et les musées. 

Les commissaires de l’exposition sont accompagnés d’une équipe scientifique d’experts qui était en charge des différentes installations. Au bénéfice d’une longue expérience dans les domaines de la poésie, des humanités numériques ou de l’ingénierie, mais également de la scénographie, de la ludification ou des éditions contemporaines pour le catalogue en ligne, cette équipe comprend : François Bavaud (UNIL), Loïc Cattani (UNIL), Patrick A. Donaldson (EPFL), Christian Kaiser (UNIL), Mélanie Lancien (UNIL), Demian Conrad (HEAD), Juan Gomez (HEAD), Isaac Pante (UNIL), Andrei Popescu-Belis (HEIG), Aris Xanthos (UNIL).