Le monde idéal, le monde réel et l’enfer de la globalisation

Dans le monde idéal de nos manuels d'économie néo-classique, les ouvriers qualifiés et bien payés suisses fabriquent de belles montres et les ouvriers qualifiés et bien payés allemands fabriquent de belles voitures. Les premiers vendent leurs montres aux seconds et les seconds leurs voitures aux premiers. Chacun bénéficie de produits de meilleure qualité que si chaque pays produisait tout lui-même. Les échanges sont mutuellement avantageux, tout le monde sort gagnant de la globalisation des marchés.

Dans le monde réel, un clan de nomades a pris le contrôle absolu d'une monarchie du golfe dont le sous-sol regorge d'énergie fossile. Il fait extraire cet or noir par des ouvriers étrangers privés de droits et sans égards pour l'environnement ou les générations futures. Nous achetons cette énergie fossile et la brûlons dans des moteurs à très faible rendement. Avec les francs que nous lui avons donnés pour son or noir, le clan passe des vacances luxueuses dans nos palaces et dépense des fortunes dans nos bijouteries. Dans cette globalisation des marchés, il y a des gagnants et de nombreux perdants.

Dans l'enfer de la globalisation ultra-libérale, la famille étendue du monarque utilise les 11 milliards de francs que nous dépensons chaque année en importation d'énergies fossiles pour acheter les quelques 15'000 logements de la ville de Montreux (750'000 francs par logement en moyenne). Elle résilie ensuite tous les baux et expulse la population. Avec les 11 milliards de l'année suivante, elle transforme la ville en Las Vegas sur la Riviera.