Faut-il forcément accroître la densité urbaine?

Le principe directeur de la planification territoriale en Suisse comme dans de nombreux autres pays c'est la concentration décentralisée: les logements et activités économiques doivent être concentrés dans des pôles urbains interconnectés par des réseaux de transports publics, sans pour autant tout concentrer dans un petit nombre de métropoles. Pour la Suisse et sa forte croissance démographique depuis 2007 (plus de 1% par an) cela signifie densifier les villes existantes, ce qui signifie augmenter la surface construite sur les terrains déjà construits. Concrètement, il faut agrandir les bâtiments existants ou les remplacer par des bâtiments plus grands.

Tout ceci repose sur les hypothèses suivantes: (1) la population va continuer de croître; (2) elle va être de plus en plus mobile; (3) il faut préserver les surfaces de culture et les espaces naturels hors des villes. Ces hypothèses sont ancrées dans le 20e siècle. Le 21e pourrait être différent. Imaginons le scénario suivant: (1) la population plafonne puis décroît avec le vieillissement; (2) la mobilité classique est graduellement remplacée par une mobilité virtuelle (télétravail, culture en ligne, retour aux activités de proximité, etc.); (3) on reconnaît que la biodiversité est parfois plus grande dans les villes dans que dans les espaces agricoles et peut encore être accrue, et on reconnaît les avantages de l'agriculture de proximité, même urbaine, sur l'agriculture extensive.

Le nouveau scénario est orthogonal au scénario classique qui a conduit au principe de la concentration décentralisée. Les villes sont conformes à ce nouveau scénario si elles sont aérées, entrecoupées d'espaces verts de culture ou de détente. Les quartiers sont largement autonomes du point de vue des flux (énergie, eau, matières) et même du point de vue économique (emplois et commerces proches des domiciles de leurs employés et clients, agriculture et manufacture locales). La mobilité est douce. Ce n'est pas grave si ces villes recouvrent une plus grande partie du Plateau suisse. Celui-ci aura simplement un autre visage, franc quant au fait qu'il n'a plus rien de naturel depuis fort longtemps.

Et vous, dans quel type de ville aimeriez-vous habiter?