La recherche fondamentale, aussi formateur de talents pour la société.

La Suisse appuie une grande part de sa prospérité sur sa capacité d’innovation. Mais elle subit une pénurie systémique d’ingénieurs. Les entreprises suisses bénéficient de personnel très qualifié que les hautes écoles forment. C’est le cas pour les diplômées et diplômés avec un Master, mais aussi pour les personnes ayant fait un doctorat ou un postdoctorat. Contrairement aux idées reçues, les scientifiques formés à l’EPFL ne suivent de loin pas tous une carrière universitaire. Et celles et ceux qui se destinent à une carrière non-académique ne travaillent pas tous dans des multinationales: ces personnes travaillent tant dans les grandes entreprises que les PME, ceci dans l’ensemble des branches économiques du pays. C’est un apport important de main-d’œuvre très qualifiée pour la Suisse.

 

Entre 2016 et 2020, L’EPFL a délivré, chaque année en moyenne, 415 doctorats et a engagé 350 personnes pour la recherche postdoctorale. Ces personnes sont en majorité (83%) de nationalité étrangère et restent à l’EPFL en moyenne 4.5 années pour un doctorat et 2 ans pour une expérience postdoctorale. Cette data story analyse le parcours professionnel de celles et ceux qui ont choisi de travailler hors de l’académie après avoir quitté l’EPFL.

Parcours après l’EPFL

Par l’excellence de ses activités de recherche, sa reconnaissance internationale, et sa capacité d’innovation, l’EPFL ne contribue pas seulement à l’avancement de la connaissance scientifique ou à l’élaboration de solutions pour les enjeux globaux. Elle attire et forme aussi les meilleurs scientifiques, qui viennent à l’EPFL pour leur doctorat, ou pour leur post-doctorat. 

Environ 60% de ces personnes choisissent de poursuivre leur carrière hors de l’académie. Elles créent leur propre entreprise (5%), travaillent dans le secteur privé (47%), et, plus rarement, dans le secteur public (7%) ou dans une organisation non gouvernementale (1%). 

C’est un apport important de main-d’œuvre très qualifiée pour la Suisse. En effet, deux tiers de celles et ceux qui travaillent aujourd’hui hors de l’académie travaillent pour une entreprise en Suisse.



Les scientifiques de l’EPFL, des entrepreneuses et entrepreneurs pour la Suisse

L’EPFL est un lieu idéal pour la création d’entreprises. La proximité avec le parc d’innovation, ainsi que les actions mises en place, insufflent aux membres de sa communauté un esprit d’entrepreneuriat.

Ainsi, l’EPFL est devenue un vivier important d’entrepreneuses et entrepreneurs. Parmi les scientifiques formés pendant la période 2016 à 2020,  147 dirigent leurs start-up ou  occupent aujourd’hui une profession libérale.  

Ces personnes créent de l’emploi pour la Suisse. 64% d’entre elles sont de nationalité étrangère mais ont décidé, pour la plupart (80%) d’installer leur activité en Suisse. Comme le montre la carte ci-dessous, ces personnes ont principalement créé leur entreprise dans le canton de Vaud.



Les scientifiques de l’EPFL, des talents aussi pour les PME

Contrairement aux idées reçues, les scientifiques formés à l’EPFL ne bénéficient pas uniquement aux multinationales ni au seul monde numérique: ils travaillent tant dans des grandes entreprises que dans des PME, ainsi que l’ensemble des branches économiques du pays.

Parmi les scientifiques formés à l’EPFL entre 2016 et 2020, 868 travaillent actuellement dans une entreprise en Suisse. Si les plus grands employeurs de ces personnes sont les grandes entreprises du pays comme Roche, Google, Novartis, Oracle, Lonza ou Rolex, 43% travaillent pour une petite ou une moyenne entreprise (PME). La majorité de ces PME sont des petites entreprises actives dans le secteur du développement de nouvelles technologies, participant au dynamisme de l’écosystème d’innovation. 

L’ensemble des secteurs économiques engage les scientifiques issus de l’EPFL. Les entreprises qui font le plus appel à ces talents sont du secteur de l’industrie manufacturière, principalement la pharma, la chimie et les machines-outils.


Les scientifiques de l’EPFL, pour la transition numérique

La pénurie d’ingénieurs est particulièrement aiguë dans les domaines de la digitalisation. La transformation numérique de la société suisse est profonde. Les besoins en spécialistes dans ces domaines concernent l’ensemble des secteurs de l’économie suisse.

Quelque 390 scientifiques formés à l’EPFL entre 2016 et 2020 occupent actuellement une fonction en lien direct avec la numérisation, comme par exemple comme ingénieur software ou data scientists. Ces personnes ne travaillent pas seulement dans des entreprises informatiques. Seuls 40% d’entre elles travaillent dans une entreprise de ce secteur. Le reste aident à la transition numérique des  autres secteurs de l’économie. C’est en particulier le cas pour l’industrie manufacturière et bancaire. 

Ces talents sont issus de formations diverses à l’EPFL. Seule la moitié d’entre eux ont une formation en sciences informatiques ou en génie électrique. Une grande partie de celles et ceux qui aident l’économie suisse à sa transformation numérique possède une autre formation de base, comme par exemple en mathématiques, en physique ou en chimie.

Les talents de l’EPFL – Garder l’attractivité pour celles et ceux issus de pays tiers

La loi actuelle prévoit que les diplômés des hautes écoles issus d’un état tiers, c’est-à-dire hors de l’UE ou de l’AELE, ne peuvent rester en Suisse que six mois après la fin de leurs études pour trouver un travail. Par ailleurs, une entreprise ne peut les engager que si elle prouve qu’aucune personne de nationalité suisse ou européenne ne correspond au profil recherché. 

Notre analyse montre que les talents formés à l’EPFL  issus de pays tiers ont moins tendance à rester travailler en Suisse.

En effet, parmi les scientifiques formés durant la période 2016 à 2020, 671 européens (UE/AELE) et 448 issus d’un pays tiers travaillent actuellement dans une entreprise privée. Or, 65% des Européens travaillent pour une entreprise en Suisse. Cette proportion baisse à 55% pour celles et ceux issus de pays tiers. Les autres travaillent dans des entreprises à l’étranger. Nos données ne permettent cependant pas d’expliquer les raisons de cette différence, ni de faire un lien direct avec le cadre légal actuel.

Conclusion

La majorité des scientifiques formés à l’EPFL travaillent dans l’économie privée ou créent leur propre entreprise. C’est un apport important en talents, tant pour les grandes entreprises que pour les PME technologiques du pays, participant ainsi au dynamisme de son écosystème d’innovation. 

Il est important pour l’EPFL de préparer ces personnes à ce type de fonctions hors du monde universitaire. C’est la raison pour laquelle l’EPFL favorise le développement de compétences transverses parmi ses scientifiques, comme la gestion de projet, la communication, le leadership ou l’entrepreneuriat. Elle a lancé pour cela en 2022 le Centre pour les compétences transverses et soutient les talents les plus prometteurs par son programme de Student Support Program.


 

Data:

Nous avons collecté les données sur l’activité professionnelle des personnes qui ont débuté un doctorat ou un postdoc à l’EPFL entre 2016 et 2020 et qui n’étaient plus employées (sur cette même fonction) par l’EPFL en mars 2023. A cette fin, chaque personne a été recherchée sur internet pour trouver des informations publiques sur son activité actuelle (poste, entreprise, responsabilités, localisation,…). Une grande majorité des données collectées proviennent des profils Linkedin de chaque personne, ainsi que des annuaires des institutions de recherche. Nous avons pu compléter les informations pour 90% à 95% des personnes, selon l’année.

Afin de mieux caractériser la distribution des rôles à long terme et l’influence de l’EPFL dans leur carrière, nous limitons les données de cette data story aux :

  • Les postdoctorantes et postoctorants qui ont travaillé au moins 6 mois à l’EPFL.
  • Cohortes récentes (2016-2020)

Limitations:

La récolte de données est basée sur data publique, ce qui comporte certaines restrictions:

  • Les données collectées sont un instantané de la situation au printemps 2023.
  • Il s’agit de données fournies de façon volontaire par les personnes sur des plateformes telles que Orcid, Linkedin ou Researchgate. Malgré nos efforts, nous n’avons aucun contrôle si ces données sont à jour et complètes ou pas. 
  • On ne peut pas exclure de légères différences d’appréciation (par exemple pour le type de position) entre les différentes personnes qui ont participé à la collecte des données.

Août 2023

Omar Ballester, Tristan Maillard