Comment motiver la population pour la transition énergétique?

Les votations du week-end ont à nouveau montré que des organisations financièrement puissantes peuvent, avec de grossiers mensonges, convaincre de nombreux citoyens à voter contre leurs propres intérêts. Dès lors, il sera difficile d'obtenir un soutien populaire pour la transition énergétique. Des arguments de rationalisation – p.ex. prendre des mesures aujourd'hui pour atténuer les changements climatiques et abandonner les énergies fossiles coûtera moins chers que de réparer les dégâts futurs – paraissent peu prometteurs.

Je pense qu'il faut plutôt suivre le modèle de l'électrification des chemins de fer entre les deux guerres. Voici la description qu'en fait le Dictionnaire Historique de la Suisse <http://www.hls-dhs-dss.ch/textes/f/F42003.php>:

"Avant la Première Guerre mondiale déjà, les entreprises Maschinenfabrik Oerlikon (MFO) et […] Brown Boveri (BBC) avaient électrifié chacune une ligne des CFF, à leurs propres risques. Par la suite, les CFF adoptèrent d'abord le courant triphasé en usage sur la ligne du Simplon, au lieu du courant alternatif monophasé développé par MFO, qui s'avéra pourtant plus prometteur et s'imposa durant la Première Guerre mondiale, sous l'effet du manque de charbon. En dépit de la conjoncture instable de l'entre-deux-guerres et des dettes qui ne faisaient qu'augmenter, l'électrification fut poursuivie. Les CFF construisirent des centrales (Piotta, Amsteg, Barberine), commandèrent de nouveaux types de locomotives, activèrent la pose des caténaires. Vers le milieu du siècle, le réseau des CFF était électrifié à 99,5%, fait unique au monde."

Tous les ingrédients sont là: malgré le contexte économique difficile, le gouvernement et les entreprises se sont attelés ensemble à moderniser le réseau et à supprimer la dépendance aux importations d'énergie fossile. On a investi massivement dans la production d'énergie (hydroélectrique, soit renouvelable) et dans les réseaux et on a remplacé toutes les «machines» (locomotives). Avec pour résultats un précieux know-how, des entreprises puissantes et un fort potentiel d'exportation.

Et si nous faisions cela encore une fois avec toute l'économie! En commençant peut-être par la circulation routière. Plus besoin de demander à la population de se restreindre, de renoncer, d'économiser. A la place, on offre une vision de modernisation, d'innovation, d'indépendance, d'énergie et de «machines» propres et, last but not least, de croissance. Pour cela, cependant, les objectifs de réduction de la consommation d'électricité doivent être levés, notamment dans la loi sur l'énergie et le projet de transition énergétique. Et il faut s'assurer que l'utilisation additionnelle d'électricité soit couverte par de la production indigène propre et renouvelable.