Marvin Trachtenberg

Superonda Talk

Architecture et Environnement


 

Mardi 20 Avril 2021, 18.30

Conférence en ligne

 

Building-In-Time: From Giotto to Alberti and Modern Oblivion

Marvin Trachtenberg, professeur d’histoire de l’art, Institute of Fine Arts, New York University.
Introductions par Luc Baboulet et Sébastien Marot.

Dans son dernier ouvrage, l’historien d’art Marvin Trachtenberg cherche à retrouver les caractéristiques d’une manière de construire qui, pendant des siècles, a dominé la création de l’architecture monumentale. Dans l’Europe pré-moderne, l’architecte construisait non seulement avec l’imagination, les briques et le mortier, mais aussi avec le temps, selon des méthodes qui mobilisaient un ensemble sophistiqué de normes et de pratiques auxquelles l’auteur a donné le nom de “Building-in-Time“, et dont l’étude jette une lumière nouvelle sur les œuvres majeures du début de la Renaissance italienne. Aujourd’hui, non seulement cette pratique a disparu, mais la conscience même de son existence est reléguée aux oubliettes. Au 15ème siècle, en effet, alors même que le “Building-in-Time” était en plein essor, émergeait sous l’influence de Leon Battista Alberti un nouveau régime temporel (“Building-outside-Time“) qui, idéalement, excluait le temps de la réalisation architecturale. La planification et la construction, jusqu’alors liées en un processus fluide et continu, devaient être nettement séparées, et le changement exclu. En racontant cette histoire, en distinguant ces deux régimes de temporalités et, de manière plus radicale, en ré-introduisant le « facteur temps » au cœur des pratiques et des théories, Marvin Trachtenberg nous permet d’appréhender de manière nouvelle  non seulement la Renaissance Italienne et les origines de notre modernité mais aussi, potentiellement, le présent et l’avenir de l’architecture : on comprend à le lire que la temporalité n’est pas un facteur neutre ou secondaire dans la culture de l’architecture moderne, mais une condition épistémique qui affecte silencieusement toute production et toute expérience de l’environnement construit.

 

Biographies

Pendant ses études, Marvin Trachtenberg a étudié la littérature anglaise à Yale avec Harold Bloom. À l’Institute of Fine Arts, il se tourne vers l’architecture prémoderne avec Wolfgang Lotz et Richard Krautheimer, qui supervisent sa monographie sur le Campanile florentin (Prix Hitchcock, SAH).  Après sa Statue of Liberty (1976) et son étude de l’histoire de l’architecture (Architecture, 1986, 2002), Trachtenberg revient à s’intéresser à l’Italie prémoderne dans l’étude révisionniste de l’urbanisme du Trecento, Dominion of the Eye (1997, Prix Hitchcock et Prix Morey du College Art Assoc.). Les questions soulevées par les longues histoires de la construction l’ont conduit à Building-in-Time from Giotto to Alberti and Modern Oblivion (2010, Prix George Sarton en histoire des sciences, Université de Gand). Récemment, il a reçu le prix Agnes Mongan de la Villa I Tatti de Harvard pour ses travaux sur l’art de la Renaissance. Il termine actuellement un livre sur Brunelleschi et enseigne à l’Institute of Fine Arts, NYU, où il est Professeur Edith Kitzmiller. Ses étudiants sont professeurs à Harvard, Columbia, Stanford, MIT, UVA et ailleurs.

 

 

Luc Baboulet, architecte DPLG, enseigne le projet et la théorie à l’Ecole Nationale d’Architecture de Paris-Est (ENSA Paris-est). Il a écrit dans diverses revues d’architecture et collabore actuellement à la revue Marnes, documents d’architecture. Après des travaux sur l’architecture américaine et sur Reyner Banham, il mène actuellement un travail de nature théorique et prépare un livre sur le thème de « l’architecture comme expérience ».

Sébastien Marot, philosophe de formation, professeur hdr en histoire et culture architecturale, Sébastien Marot enseigne l’histoire de l’environnement à l’École d’Architecture de la Ville et des Territoires de Paris Est et, comme professeur invité, à l’EPFL et à la Graduate School of Design de Harvard. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages dont L’Art de la Mémoire, le territoire et l’architecture (2010) et Taking the Country’s Side: Agriculture & Architecture (2020), catalogue de l’exposition éponyme qu’il a montée dans le cadre de la Triennale d’architecture de Lisbonne. Traducteur, il codirige également la revue Marnes : documents d’architecture.

Illustrations Gaëtan Amossé