Contexte du projet
Les alliages d’or rouge sont d’un grand intĂ©rĂȘt pour l’industrie du luxe pour leur couleur attirante et pour leurs bonnes propriĂ©tĂ©s mĂ©caniques. Pour des compositions spĂ©cifiques, les alliages d’or rouge subissent une transformation de phase d’ordre-dĂ©sordre autour de 400°C, ce qui conduit Ă une mise en ordre des atomes ainsi qu’Ă une distorsion tĂ©tragonale de la maille c.f.c. (cubique face centrĂ©e) en une maille t.f.c. (tĂ©tragonale face centrĂ©e) comme le montre la fig.1. La transformation implique une diffusion locale des atomes et est donc diffusive. Cependant, la transformation affiche Ă©galement plusieurs caractĂ©ristiques d’une transformation displacive comme le relief de surface, des relations d’orientation spĂ©cifiques et un effet mĂ©moire de forme. Pourtant, l’aspect displacif de la transformation reste controversĂ©.
L’effet mĂ©moire de forme susmentionnĂ© doit impliquer une sĂ©lection de variants pendant la transformation displacive se produisant sous contrainte. Ce projet de recherche financĂ© par un projet Innosuisse vise Ă analyser la sĂ©lection des variants afin de comprendre le comportement macroscopique des alliages d’or rouge et en particulier l’effet mĂ©moire de forme. Dans ce travail, nous utilisons une approche non conventionnelle en considĂ©rant l’aspect displacif de cette transformation.

Analyse EBSD
La transformation se traduit par une microstructure complexe formĂ©e par l’agencement de domaines tĂ©tragonaux ordonnĂ©s Ă l’Ă©chelle nanomĂ©trique. Par consĂ©quent, il a Ă©tĂ© principalement Ă©tudiĂ© par microscopie Ă©lectronique Ă transmission (MET) dans la littĂ©rature. Dans ce projet et pour la premiĂšre fois, les variants ont pu ĂȘtre analysĂ©s avec un microscope Ă©lectronique Ă balayage (MEB) par diffraction d’Ă©lectrons rĂ©trodiffusĂ©s (EBSD). L’utilisation d’EBSD permet de faire une analyse statistique des variants parmi de nombreux grains sur de grandes surfaces.
Un Ă©chantillon de rĂ©fĂ©rence sans contraintes, entiĂšrement transformĂ© en phase t.f.c. est montrĂ© dans la fig.2. Les trois couleurs, qui sont visibles dans le grain parent central c.f.c. sur la carte EBSD, reprĂ©sentent trois orientations cristallographiques. Pourtant, notre Ă©tude approfondie des plans d’habitat a rĂ©vĂ©lĂ© qu’il y avait en fait 12 variants avec des orientations trĂšs proches, qui peuvent ĂȘtre approximĂ©s par trois groupes d’orientations proches.

Premiers résultats
Les Ă©chantillons dĂ©formĂ©s en flexion quatre points sont traitĂ©s thermiquement pour permettre la transformation de phase sous contrainte afin d’Ă©tudier la sĂ©lection des variants par EBSD. Plusieurs cartes sont acquises des deux cĂŽtĂ©s de l’Ă©chantillon comme le montre la fig.3 afin d’Ă©tudier un grand nombre de grains. Un premier coup d’Ćil sur les cartes rĂ©vĂšle que les orientations cristallographiques des deux cĂŽtĂ©s sont diffĂ©rentes. Les couleurs de figures de pĂŽles inverses (IPF ou inverse pole figure) sur les cartes donnent des informations qualitatives sur la sĂ©lection des variants.
Notre code Matlab dĂ©veloppĂ© en interne permet de quantifier la sĂ©lection des variants en utilisant le critĂšre de travail maximal, qui stipule que les variants Ă travail Ă©levĂ© sont formĂ©s prĂ©fĂ©rentiellement. Il calcule le travail mĂ©canique de formation de variants Ă partir de la matrice de distorsion, qui est calculĂ©e Ă partir de l’orientation cristallographique du variant tirĂ©e des donnĂ©es EBSD. Les histogrammes de rĂ©partition du travail des variants dans de nombreux grains sont comparĂ©s au cas hypothĂ©tique simulĂ© avec 0% de sĂ©lection. Comme prĂ©vu, les variants avec un travail plus Ă©levĂ© sont plus nombreux que le cas 0% de sĂ©lection comme illustrĂ© dans la fig.4. La quantification de la sĂ©lection des variants est possible par la comparaison entre les cas calculĂ©s avec 0% de sĂ©lection et 100% de sĂ©lection. Le degrĂ© de sĂ©lection Ï est 0 s’il n’y a pas de sĂ©lection et 1 si la sĂ©lection des variants est maximale.


Références
Larcher, M. N. D., Cayron, C., Blatter, A., Soulignac, R. & Loge, R. E. (2019). J. Appl. Cryst. 52, 1202-1213.