Tenchi souzou design-bu

Bande-annonce officielle : https://youtu.be/BMuVjyigRBQ 

Ayaya : 

Tenchi Souzou Design-bu, plus connu sous le nom d’Heaven’s Design Team dans nos contrĂ©es, est un anime de la fournĂ©e de l’hiver 2021 qui est passĂ© complĂštement inaperçu et cristallise trĂšs bien la sĂ©rie qu’on sous-estime avec son synopsis bancal et son design enfantin… Le fait qu’il ait Ă©tĂ© produit par le studio Asahi (Medaka Box, Shuumatsu no Izetta, Galilei Donna, …) n’a Ă©galement pas Ă©tĂ© en sa faveur, ce dernier ayant la rĂ©putation depuis les annĂ©es 2000 de ne produire que des oeuvres extrĂȘmement quelconques et de mauvaise qualitĂ©.

Heaven’s Design Team, c’est l’histoire d’une agence de design un peu particuliĂšre. En effet, nos employĂ©s ne travaillent pas pour les grosses corporations habituelles ou des États, mais pour un client trĂšs Ă©tonnant et farfelu. Ce client, eh bien… C’est Dieu. Ses demandes ? La crĂ©ation d’animaux que nous connaissons bien aujourd’hui comme le serpent, la loutre, le lion, le panda, la grenouille, le piranha et plein d’autres pour peupler notre chĂšre planĂšte bleue. Nous suivons cette histoire via Shimoda, un ange rĂ©cemment promu au poste de nĂ©gociant entre Dieu et l’Ă©quipe, dans son quotidien entourĂ© de ces crĂ©ateurs d’animaux aux esprits brillants et inventifs.

Parlons franchement tout de suite. Si vous n’aimez que les anime avec des rebondissements et une histoire construite et dĂ©veloppĂ©e, passez votre chemin. Par contre, si vous ĂȘtes quelqu’un d’ouvert Ă  la curiositĂ© et qui aime apprendre de nouvelles choses, cet anime risque de devenir rapidement addictif.

Nous sommes dans un slice of life jouant Ă  fond la carte de la comĂ©die et rĂ©alisĂ© sous forme de plusieurs Ă©pisodes eux-mĂȘmes sous-divisĂ©s en plusieurs chapitres distincts, ce qui nous permet de traiter plusieurs animaux par Ă©pisode. ConcrĂštement, Dieu adresse une demande pour un animal particulier tel que : “un animal pointu, mais mignon” et l’Ă©quipe la rĂ©alise Ă  l’aide de tests et simulation. Il n’y a pas d’intrigue, pas de rebondissement, pas de prise de tĂȘte. Les Ă©pisodes se suivent et montrent toujours le mĂȘme schĂ©ma sans tomber dans la redondance grĂące Ă  la diversitĂ© des animaux crĂ©Ă©s. D’ailleurs, ce ne sont pas les personnages que l’on voit tout le long des Ă©pisodes qui sont les vedettes, mais les animaux qui sont tantĂŽt mignons, et tantĂŽt effrayants. L’anime les traite de zĂ©ro et nous explique comment ils fonctionnent, et c’est lĂ  que rĂ©side la vrai rĂ©ussite de cette anime. En effet, au-delĂ  du cĂŽtĂ© drĂŽle et sympathique, cet anime (il) a un rĂ©el aspect pĂ©dagogique. Saviez-vous que les pingouins squattent, car ils ont en rĂ©alitĂ© de longues jambes cachĂ©es sous leur plumage polaire ? Saviez-vous que la forme du visage de la chouette lui sert de parabole pour ses oreilles qui sont internes ? Eh bien ce ne sont que deux petits faits mĂ©connus traitĂ©s dans l’anime au milieu d’une centaine d’autres.

À noter tout de mĂȘme que le rythme trĂšs rapide et les personnages haut en couleur mais trop peu dĂ©veloppĂ©s rendent le visionnage difficile au dĂ©but pour les gens trop sĂ©rieux (comme moi). On peut mettre plusieurs Ă©pisodes Ă  vraiment crocher et comprendre oĂč rĂ©ellement poser son attention. À noter aussi que l’anime n’est pas parfaitement Ă©quilibrĂ© sur toute la longueur malgrĂ© une vraie volontĂ© d’appliquer un schĂ©ma rĂ©pĂ©titif Ă  la gag manga. L’Ă©pisode 10 en est un parfait exemple Ă  mon avis et montre ce que l’anime a de pire.

La sĂ©rie prĂ©sente une rĂ©alisation magnifique. Que ce soit l’opening trĂšs entraĂźnant, les visuels et l’animation ultra-fluide, la coloration pĂ©tante ou les seiyu complĂštement fou dans l’incarnation de leur personnage, force est de constater qu’Asahi a produit quelque chose d’une trĂšs bonne qualitĂ© contrairement Ă  ses travaux des derniĂšres annĂ©es.

Heaven’s Design Team n’est pas un anime qu’on bingewatch, c’est mĂȘme un anime qui demande tellement peu de concentration qu’on peut sans autre faire autre chose en mĂȘme temps, mais cela reste malgrĂ© tout une excellente rĂ©alisation dont je ressors beaucoup moins bĂȘte grĂące Ă  son aspect pĂ©dagogique. Je serais trĂšs heureuse de retrouver nos chers compagnons pour une saison 2 !

Pyl :

De la comĂ©die mĂȘlĂ©e Ă  des anecdotes rĂ©elles sur les animaux ? That’s my sh** !

Heaven’s Design Team se passe au Paradis comme le nom l’indique. Dieu est fatiguĂ© par son travail de crĂ©ation et demande donc Ă  une super Ă©quipe de designers de s’occuper d’inventer de nouvelles bĂȘtes. Shimoda, un ange fraĂźchement nĂ© sert de messager et nous dĂ©couvrons avec lui le processus loufoque de fabrication des animaux.

Cette sĂ©rie courte trĂšs rigolote se dĂ©roule toujours sur le schĂ©ma suivant : Dieu fait une commande “floue” et les hĂ©ros se dĂ©brouillent pour que leur animal corresponde Ă  la demande tout en Ă©tant fonctionnel. 

Et pour cela, il faut tester le design en conditions rĂ©elles ! Et c’est souvent lĂ  que notre team doit se creuser la tĂȘte pour que l’animal soit viable ! Les essais ratĂ©s ne servent pas seulement de gags, mais aussi d’explications bien rĂ©elles et scientifiques ! Amatrice de fun facts sur les crĂ©atures vivantes, j’ai Ă©tĂ© Ă©tonnĂ©e d’apprendre des choses nouvelles alors que je pensais en savoir beaucoup ! Ces faits sont d’ailleurs tous vĂ©ridiques et Ă©tayĂ©s Ă  la fin du design avec une photo du vrai animal !

La seule petite ombre au tableau provient de la traduction française, pas toujours juste ou de la couleur de certains animaux, mais les erreurs sont minimes comparés au reste heureusement.

Chaque “styliste” a son dada : Meido a une façon trĂšs particuliĂšre de considĂ©rer le “mignon”, Tsuchiya ne jure que par le cheval, Kimura ne pense qu’à la qualitĂ© gustative de ses animaux, etc. MalgrĂ© les diffĂ©rends et les dĂ©fis qu’ils se lancent en mode “bataille PokĂ©mon” (ils “arment” leurs animaux Ă  tour de rĂŽle – scĂšnes trĂšs drĂŽles), tous les personnages forment rĂ©ellement une team soudĂ©e, presque une famille. J’ai Ă©normĂ©ment apprĂ©ciĂ© cet Ă©quilibre entre rivalitĂ© et bienveillance. A aucun moment il n’y a d’agressivitĂ© gratuite et il y a de jolis moments wholesome.

A ce propos, j’ai trouvĂ© gĂ©nial le traitement de Kanamori, une designer non-binaire. D’habitude, ce genre de personnage est moquĂ© dans les mangas et anime. Par exemple, les autres protagonistes se posent souvent la question (avec ou sans mauvaises intentions) : “Mais est-ce une femme ou un homme ?”. LĂ , rien de tout ça, il n’y a jamais aucune remarque. Elle utilise le pronom trĂšs fĂ©minin atashi, va dans le bain des femmes, et cela passe inaperçu, cela est normal. Je souhaiterai voir plus souvent dans les anime des personnages aussi variĂ©s et traitĂ©s ainsi, sans discrimination, mĂȘme positive (oui, ça existe).

Le cĂŽtĂ© “chroniques” du scĂ©nario peut faire penser qu’on peut regarder les Ă©pisodes dans le dĂ©sordre. Alors oui, cela est possible, mais il y a quand mĂȘme un petit fil rouge grĂące Ă  Shimoda. En effet, certaines explications des prĂ©cĂ©dents Ă©pisodes viennent s’ajouter Ă  d’autres, on retrouve des running gags, 
. Donc regardez-le dans l’ordre pour bien en profiter !

Enfin, il n’est pas facile d’écrire une fin satisfaisante Ă  ce genre de slice of life, mais Heaven’s Design Team a rĂ©ussi Ă  conclure l’histoire trĂšs joliment.

Au niveau de la rĂ©alisation, c’est trĂšs colorĂ©, les animaux sont bien rendus, il y a une Ă©nergie positive et dynamique qui se dĂ©gage de ce cours de zoologie pas comme les autres ! 

Pour ma part, j’ai rigolĂ© comme pas permis, je me suis amusĂ©e Ă  deviner l’animal, j’ai appris des faits Ă©tonnants, j’ai Ă©tĂ© surprise par ceux-ci et je me suis attachĂ©e Ă  cette Ă©quipe de passionnĂ©s. Je n’espĂšre plus qu’une chose Ă  prĂ©sent : qu’un Ă©diteur francophone veuille bien traduire et commercialiser le manga originel, car celui-ci contient encore plus d’anecdotes grĂące au mĂ©dia papier ! 9/10