Araburu kisetsu no otome-domo yo

Bande-annonce japonaise : https://youtu.be/vrvpB-iIW1g

Olaya : 

Seul anime du studio Lay-duce en 2019, ce dernier choisit d’adapter le manga Arabura kisetsu no otome-domo yo. Et de le sortir Ă  la saison d’étĂ© au milieu des sequel et des isekai inondant la saison. Beaucoup de gens se sont donc naturellement tournĂ©s vers cet anime qui promettait un peu de fraĂźcheur et surtout un thĂšme trĂšs peu abordĂ© dans les anime de maniĂšre sĂ©rieuse : l’éveil sexuel des femmes. Mais attention, sans ecchi, hein ! 

Je pense que nous sommes tou.te.s plus ou moins d’accord pour dire que lorsqu’on est enfant, le sexe ou tout ce qui s’en approche, c’est le truc rebutant qu’on ne veut pas imaginer rĂ©ellement et dont on dĂ©tourne les yeux lorsque cela passe Ă  la TV (en publique du moins). Eh bien imaginez ça, mais au lycĂ©e avec 5 jeunes femmes en quĂȘte de leur prime Ă©moi amoureux, mais aussi sexuel. Notre premier personnage, l’aĂźnĂ©e, est une prĂ©sidente Ă©duquĂ©e par des parents ayant une approche ultra-conservative du sexe et des relations amoureuses. La deuxiĂšme est une Ă©crivaine en devenir cherchant Ă  comprendre ce qu’est l’érotisme pour rendre ses histoires plus crĂ©dibles. La troisiĂšme est une comĂ©dienne de théùtre voulant absolument devenir une femme adulte et paraĂźtre plus mature que la moyenne. La quatriĂšme, elle, n’a jamais ressenti le moindre dĂ©sir, qu’il soit amoureux ou sexuel. Enfin, la cinquiĂšme, notre protagoniste principale, ne connaĂźt rien au sexe et est mal Ă  l’aise au point de ne pas arriver Ă  en parler avec ses parents, pourtant trĂšs ouverts d’esprit. Le point commun qui les lient ? Elles n’ont aucune expĂ©rience, sont les “rebus” de leur classe respective et font parties du club de littĂ©rature classique, matiĂšre qu’elles affectionnent particuliĂšrement et qui va les ouvrir au dĂ©bat sur le sexe. 

Nous sommes donc face Ă  des filles qui font de leur mieux pour comprendre leurs Ă©motions et les exprimer Ă  un Ăąge oĂč nous nous cherchons tou.te.s et dans lequel il est trĂšs difficile de savoir quoi dire ou faire mais… Cela ne justifie pas tout le grand huit Ă©motionnel qu’impose ce scĂ©nario. L’anime traite d’une trĂšs large palette de sujet comme la rationalisation du sentiment amoureux et du dĂ©sir, les craintes et les attentes de la premiĂšre fois, les stĂ©rĂ©otypes imposĂ©s aux femmes (comme la lingerie) et leur hypersexualisation, les relations de domination, le regard des autres qui nous poursuit constamment en tant que femme, la pĂ©dophilie, l’homosexualitĂ©, la masturbation, le consentement, la jalousie, les jeunes mamans, l’infidĂ©litĂ© et, enfin, thĂšme de l’anime, le dĂ©sir fĂ©minin. En 12 Ă©pisodes ! Les thĂ©matiques sont trop nombreuses pour pouvoir ĂȘtre traitĂ©es avec justesse alors que certains sujets sont particuliĂšrement problĂ©matiques. Une connaissance ayant lu le manga m’a dit que c’était un peu mieux gĂ©rĂ© dans l’Ɠuvre originale, mĂȘme si la mangaka a la rĂ©putation d’apprĂ©cier les retournements de situation notablement Ă©triquĂ©s.

Les personnages sont particuliĂšrement stĂ©rĂ©otypĂ©s, ce qui nous permet dans la premiĂšre partie de l’anime de deviner la majoritĂ© des choses arriver avant de les voir concrĂštement Ă  l’écran. La deuxiĂšme partie est moins prĂ©visible, mais va vous faire faire des loopings incessants sur son grand huit Ă©motionnel. On rigole volontiers Ă  gorge dĂ©ployĂ©e au dĂ©but devant la bĂȘtise de certaines actions, puis d’un coup on se retrouve devant sa TV (ou son PC, pas de discrimination) Ă  hurler et avoir les tripes bien retournĂ©es. J’ai fini plus d’une fois frustrĂ©e ou paniquĂ©e devant les pĂ©ripĂ©ties de nos personnages attachiantes, Ă  espĂ©rer, juste espĂ©rer, qu’à la fin, elles ressentent un semblant de bonheur et obtiennent de la bienveillance de la part des adultes autour d’elles. Au final, l’autrice fait une pirouette qui clĂŽt la majoritĂ© des questionnements, mais on nous sert des leçons toutes faites et politiquement correctes. AprĂšs un bingewatch d’une nuit oĂč j’ai passĂ© mon temps Ă  voir des personnages en juger d’autres, j’en attendais plus. 

Niveau rĂ©alisation, il est difficile de considĂ©rer l’anime comme acceptable. La coloration Ă  la mode shĂŽjo est excellente, mais les arriĂšre-plans sont une catastrophe dans plusieurs Ă©pisodes oĂč on sent un manque de budget ou de temps : 3D et perspective non-respectĂ©e, chara design des personnages simplifiĂ© Ă  l’extrĂȘme, protagoniste absolument non reconnaissable si trop en background. Cela laisse un arriĂšre goĂ»t assez dĂ©sagrĂ©able sur l’ensemble, malgrĂ© que cela ne se prĂ©sente vraiment que sur quelques petits moments. À noter que l’opening est absolument excellent en revanche! Le reste de la musique est agrĂ©able, mais trĂšs vite oubliĂ©.

Si je devais retenir un message de cette oeuvre, c’est que les filles sont des ĂȘtres dotĂ©s de dĂ©sir sexuels – tout comme les garçons – et qu’il y a un moment dans la vie oĂč elles doivent affronter leur sexualitĂ©, tout en comprenant que chaque personne peut en avoir une approche diffĂ©rente. Il est juste important que tout un chacun puisse ĂȘtre en accord avec sa sexualitĂ©. J’ai d’abord adorĂ© cet anime, puis un peu moins, mais c’était au final une expĂ©rience dont je ressors trĂšs satisfaite malgrĂ© des problĂšmes Ă©vidents.

Baptiste : 

“Girls are horny too”, voilĂ  un peu le concept de base de Araburu. Quatre filles pas trĂšs populaires se font mousser innocemment dans leur club de littĂ©rature. Une cinquiĂšme fille les rejoint et fait Ă©clater leur bulle en montrant qu’elles sont toutes Ă  la recherche de l’animal de lĂ©gende : le sexe. Le gimmick va vite s’estomper au profit du relationnel. Bon, ça reste un shĂŽjo et en gĂ©nĂ©ral c’est une Ă©tape Ă  passer avant. 

On va donc suivre les pĂ©ripĂ©ties des cinq camarades, leurs histoires s’entremĂȘlant tout au fil de l’anime. Chaque route montrera une facette diffĂ©rente des relations : le triangle amoureux bien sĂ»r, mais aussi la dĂ©couverte d’une autre sexualitĂ©, l’amour Ă  sens unique, mais aussi des rĂ©alitĂ©s plus malsaines comme la pĂ©dophilie. Bon, ça finit sur une conclusion type slice of life claquĂ©e, mais on pardonne.

Les filles ne vont pas vous surprendre par leurs caractĂšres, mais elles savent rester dans le ton et ne font pas de fausses notes, sans non plus ĂȘtre trop prĂ©visibles, ce qui est trĂšs apprĂ©ciable. 

Ça ne sera pas le plus bel anime que vous allez voir, mĂȘme si le pastel et les traits au fusain, c’est joli. 

Amour, joie, bonheur, tristesse, cƓurs brisĂ©s, jalousie, malaise et Nice Guyℱ : tout y passe dans ce trĂšs bon anime qui aborde des thĂšmes inĂ©dits.

 

Brice :

Dans le joyeux monde des anime, la romance suit souvent les mĂȘmes schĂ©mas. Du cĂŽtĂ© des shĂŽnens, on retrouve souvent un garçon un peu pervers tombant sous le charme d’une ou plusieurs de ses camarades de classe, alors que dans les shĂŽjos, on a tendance Ă  jouer Ă  “je t’aime, moi non plus” pendant la quasi totalitĂ© du rĂ©cit. Heureusement, on observe de plus en plus de mangas et d’anime cassant ces codes Ă©culĂ©s et Araburu kisetsu no otome-domo yo. en fait partie. Le sujet est clair : on parle ici de jeunes filles et de leurs premiĂšres expĂ©riences avec la sexualitĂ©.

L’histoire suit donc cinq jeunes lycĂ©ennes, toutes membres du club de littĂ©rature. Le sujet du sexe ne tarde pas Ă  transparaĂźtre dans leurs lectures, les poussant chacunes Ă  leurs propres rĂ©flexions sur le sujet. Chaque Ă©tudiante a Ă©videmment un caractĂšre bien diffĂ©rent, bien qu’elles soient toutes peu sociables et bien plus Ă  l’aise dans leur petit groupe. Notre protagoniste, Kazusa, est l’hĂ©roĂŻne la plus classique, voulant avant tout vivre une histoire d’amour, et dĂ©couvrant au passage sa propre sexualitĂ©, sujet qui l’embarrasse beaucoup. Les quatre autres filles vivent des histoires bien moins classiques, mais permettant pour le coup de discuter de nombreux sujets en lien avec le sexe. La liste est si longue qu’on se demande si l’auteure n’avait pas une checklist Ă  remplir, si bien que les aventures de nos jeunes ados sont parfois un peu tirĂ©es par les cheveux. On passe Ă©galement trĂšs facilement d’un sujet lĂ©ger comme la masturbation Ă  un sujet grave comme la pĂ©dophilie. Ces sujets plus dramatiques sont malheureusement parfois traitĂ©s de façon un peu superficielle, si bien que certaines scĂšnes hors contexte peuvent mettre assez mal Ă  l’aise, mais arrivĂ© au bout de l’anime, les messages sont Ă©videmment positifs et bienveillants.

Aux intrigues propres Ă  chacune des hĂ©roĂŻnes se mĂȘlent leurs histoires d’amitiĂ©, leur vie au sein du club de littĂ©rature et dans leur Ă©cole. Les trames narratives sont nombreuses et variĂ©es. Certaines sont cousues de fil blanc, d’autres mĂšnent Ă  une impasse, et d’autres encore semblent venir de nulle part ! En revanche, on se plaĂźt Ă  dĂ©couvrir peu Ă  peu ces personnages Ă  travers leurs interactions. On suit gĂ©nĂ©ralement le point de vue d’une des cinq filles, mais souvent de Kazusa, qui dĂ©couvre petit Ă  petit les mystĂšres enveloppant ses camarades. Elles ne se disent toutefois pas tout et le changement de narrateur est donc souvent nĂ©cessaire. Je trouve que c’est une bonne approche, puisque cela permet de se plonger d’autant plus dans l’univers et d’apprĂ©cier chaque personnage avec ses qualitĂ©s et ses dĂ©fauts. La fin de la sĂ©rie est un peu Ă©trange, mais ne gĂąche pas pour autant l’aventure vĂ©cue jusque-lĂ . Au bout du parcours, pas vraiment de morale, mais plutĂŽt un panorama des Ă©mois traversĂ©s au cours du lycĂ©e, cette pĂ©riode oĂč le dĂ©sir s’éveille.

On apprĂ©ciera peut-ĂȘtre le chara design plutĂŽt simple, mais Ă©lĂ©gant, assez proche des classiques du shĂŽjo. L’animation n’a rien de spĂ©cial, mais accompagne parfaitement les performances vocales des doubleuses, en particulier lors des scĂšnes pleines d’émotions. Emotion Ă©galement trĂšs prĂ©sente dans l’opening, au dĂ©but duquel chacune des hĂ©roĂŻnes a un court monologue sur ses problĂšmes du moment.

J’ai globalement beaucoup apprĂ©ciĂ© Araburu. La sĂ©rie se concentre sur des thĂšmes autour du sexe souvent traitĂ©s uniquement de façon comique dans d’autres animes et les dĂ©veloppe Ă  sa façon, souvent avec lĂ©geretĂ©, mais avec bienveillance et toujours une pointe d’humour. Une sĂ©rie que je recommande Ă  chacune et chacun voulant revivre les fougues de l’adolescence !

 

Pyl : 

TirĂ© du manga Ă©ponyme, Araburu kisetsu no otome-domo yo. raconte la dĂ©couverte des premiers Ă©mois amoureux, mais aussi l’éveil Ă  la sexualitĂ© de cinq lycĂ©ennes Ă  la fois intimidĂ©es et curieuses de l’acte adulte.

Bien que ce soit un sujet en vogue chez leurs camarades de classe, les hĂ©roĂŻnes feignent de s’intĂ©resser Ă  la chose uniquement pour satisfaire leur intellect. En effet, elles font parties du club de lecture et considĂšrent que seuls les grands auteurs peuvent parler de sexe sans ĂȘtre vulgaires. Ce constat de dĂ©part certes un peu stĂ©rĂ©otypĂ© volera peu Ă  peu en Ă©clat au fur et Ă  mesure que les jeunes femmes se remettent en questions Ă  travers des pĂ©ripĂ©ties d’abord drĂŽles, puis dramatiques (voire théùtrales dans les deux sens du terme).

Je m’attendais au dĂ©but Ă  une comĂ©die romantique, en particulier lors des premiers Ă©pisodes qui m’ont plutĂŽt fait rire, comme lorsque Kazusa, l’hĂ©roĂŻne principale, dĂ©couvre avec stupĂ©faction que son ami d’enfance qu’elle croyait “pur” Ă©tait finalement comme les autres jeunes de son Ăąge. Pourtant s’installera au fil de l’histoire une atmosphĂšre de plus en plus lourde, en partie Ă  cause de relations malsaines pour deux des protagonistes. Ces derniĂšres m’ont d’ailleurs mise extrĂȘmement mal Ă  l’aise, car mettant en scĂšne des adultes et des lycĂ©ennes. Au final, c’était pour dĂ©noncer ces rapports pervers, mais attention tout de mĂȘme aux Ăąmes sensibles.

A noter que le sujet de l’homosexualitĂ© est abordĂ©, mais de façon un peu trop superficielle selon moi. En rĂ©alitĂ©, le sexe lui-mĂȘme n’est jamais vraiment prĂ©sentĂ© frontalement, ne vous attendez pas Ă  un cours d’anatomie, mais bien Ă  une introspection de l’identitĂ© des adolescentes.

Ce que j’ai apprĂ©ciĂ©, c’était les liens d’amitiĂ©s entre les filles, comment elles se font et se dĂ©font, les rivalitĂ©s, le changement intĂ©rieur. Et en mĂȘme temps, il y avait quelque chose de trĂšs disparate. Les sujets creusĂ©s allaient trop loin ou alors pas assez, les personnages Ă©taient Ă  la fois stĂ©rĂ©otypĂ©s, mais diffĂ©rents de ceux qu’on voit d’habitude dans les mangas. Les histoires des jeunes femmes aussi sont inhomogĂšnes : ça va de la dĂ©mesure (frisant le ridicule ou le WTF) au classique ennuyeux, en passant par des scĂšnes plus rĂ©alistes et touchantes. 

Ca peut sauter du coq Ă  l’ñne, ça peut partir dans les extrĂȘmes, changer d’avis, douter, tomber amoureux pour trĂšs peu
 on ne comprend pas toujours oĂč l’auteure veut nous mener
 bref, le dĂ©roulĂ© des Ă©vĂ©nements et de ses thĂšmes est bordĂ©lique, mais au final, n’est-ce pas une reprĂ©sentation rĂ©aliste de l’adolescence ? Le titre “Ô jeunes filles dans votre saison sauvage” colle ainsi parfaitement Ă  cette sĂ©rie qui se laisse facilement binge-watcher.

Au niveau de la rĂ©alisation, le dessin et la colorisation sont comme faits au pastel, c’est trĂšs doux, ça crĂ©e un contraste intĂ©ressant avec le cĂŽtĂ© dramatique de la seconde partie. Par contre, certains Ă©pisodes sont franchement bĂąclĂ©s, mais ça ne devrait pas gĂȘner pour autant la narration. En vrai, ce qui fait sortir cet anime du lot, c’est bien son histoire et ses thĂšmes abordĂ©s de façon inĂ©dite. Selon son propre vĂ©cu, on arrivera plus ou moins Ă  se reconnaĂźtre dans les personnages.

En somme, Araburu Ă©tait une expĂ©rience un peu Ă©trange, je ne saurais dire si j’ai aimĂ© ou pas. Si je devais la rĂ©sumer en un mot, ce serait “inconstante”. Ce qui est sĂ»r, c’est qu’il ne devrait laisser personne indiffĂ©rent. Dans tous les cas, ça fait plaisir de voir adaptĂ©s en anime des mangas qui n’ont pas peur de parler de la sexualitĂ© fĂ©minine sans tabou, ni fanservice ! 6/10.