Robert le Ricolais – Visions et paradoxes

18 mai au 11 juin 1998


Exposition réalisée par le Département d’Architecture de l’Université de Pennsylvanie

 

La relation entre la technique de l’ingénieur et l’architecture a produit à maintes reprises des chefs-d’œuvre dans l’histoire de l’architecture. Ils ont parfois contribué à des records de type quantitatif, le plus long pont, la tour la plus haute,etc..

A d’autres occasions, cependant, le résultat de cette fécondation mutuelle entre deux champs d’activité a conduit à l’adoption d’une nouvelle architecture entraînant, dans le cas de l’architecture, des modifications importantes dans ses caractéristiques dominantes formelles et même conceptuelles. Ce fut le cas des contributions apportées par des ingénieurs tels que Eugène Freyssinet, Rafael Guastavino, Pier-Luigi Nervi, Eduardo Torroja, Buckminster Fuller, Robert Le Ricolais, Konrad Wachsmann, Ove Arup et Eladio Dieste, pour ne citer que quelques exemples marquants de ce siècle.

Robert Le Ricolais (189-1077), un ingénieur en hydraulique français possédant une solide formation humaniste (arts plastiques, poésie, etc..) manifesta un intérêt précoce – qui devait perdurer au long de sa vie – pour des configurations spatiales du type “poids nul et portée infinie” et obtint de grand succès dans le développement des structures tridimensionnelles. Son enseignement fructueux et les résultats de ses recherches à l’Université de Pennsylvanie, où il émigra de 1954 à 1974, furent résumés en une série de publications sur les structures expérimentales qui influencèrent notamment plusieurs générations d’architectes dont Louis Khan avec lequel il partageait la chaire de design pour le Master of Architecture.

Son observation profonde de la nature et de ses lois conduisit le Ricolais à établir des analogies entre les structures naturelles et celles réalisées par l’homme, pas seulement comme modèle formel, mais aussi comme modèle de résistance des matériaux. En ce sens, ses observations des cristaux, des pellicules de savon et des relations poids/résistance chez les êtres vivants lui suggérèrent d’approfondir les recherches sur les structures de résistance analogues sur le principe que la forme construite “doit obéir à la nature et non l’imiter”.

L’usage que fit Le Ricolais d’une typologie combinatoire et du paradoxe pour expliquer la complexité spatiale de ses expériences le conduisit à l’approche structurelle, qui devait lui apporter un énorme succès, selon laquelle “les espaces définis entre les éléments d’une structure sont aussi importants que la structure elle-même” ou à la formulation selon laquelle “l’art de la structure est de savoir comment et où placer les trous”, ou encore la formule quasi taoïste: “Si vous pensez aux espaces au lieu de travailler avec les éléments solides, la vérité sortira”.

Le Ricolais déclarait “Le secret, c’est d’être curieux”. Sa curiosité fut honorée par l’Institut Américain des Architectes pour son enseignement et sa recherche.

 

L’art de la stucture revient à savoir où mettre les trous

Des colonnes suspendues en l’air

Structures légères avec éléments lourds