Hans Kollhoff – Réalisations et projets 1979-1989

1er – 15 novembre 1989


Exposition réalisée par la 9H Gallery, Londres

J’ai commencé mes études à Karlsruhe où enseignait un professeur qui fut probablement le plus grand architecte allemand de l’après-guerre Egon Eiermann. S’il n’est pas plus reconnu aujourd’hui, c’est parce qu’il a fait le pire et le meilleur et qu’il n’avait pas d’idées sur les formes urbaines, pas de concept sur la ville. il était architecte et il développait tout à partir de la structure, ou plutôt de la construction. C’était sa limite. Je me souviens l’avoir vu juger de grands projets à partir d’un détail.. Les siens étaient d’ailleurs très beaux, difficiles, mais pas toujours “artisanaux”. Il a profondément influencé l’enseignement et j’ai eu la chance de le connaître pendant mes deux premières années d’études. J’ai interrompu ensuite totalement mes études pour travailler dans une agence de Karlsruhe pendant 3 ans où j’ai travaillé sur un bâtiment qui s’est construit à Fribourg en béton avec une façade en aluminium, depuis la première esquisse jusqu’à la supervision du chantier. J’ai donc eu la chance de pouvoir travailler très tôt sur une expérience complète de réalisation. Puis, je suis allé à Vienne.

Dans les années Hollein?

C’était la grande époque : la revue Bau, les projets de Hollein. Je suis allé voir Hollein et je suis resté un an dans son agence. C’était l’époque du projet Siemens, de l’exposition qu’il avait faite à la Triennale de Milan. Je me souviens encore d’avoir construit une maquette en carton à l’échelle 1/1 pour l’entrée de la bijouterie. C’était à cette échelle que Hollein mettait au point son design, en essayant, en changeant. Puis je suis retourné à Karlsruhe pour terminer mes études. J’ai tout bouclé en un an et c’est à ce moment là qu’un certain nombre de personnes ont commencé à remarquer mes projets.

Puis vous êtes parti aux USA?

J’ai commencé à penser à l’Amérique en 1975. Il se passait beaucoup de choses aux USA, les New York Five, les idées de Robert Venturi (…). Je suis allé étudier à Cornell University à New York.

Vous êtes resté longtemps aux USA?

Trois ans, très dense. Pour un Européen, c’est incroyable de découvrir le développement des USA. C’est à cette époque là que j’ai commencé à penser en termes d’Européen et d’Américain au lieu d’Allemand ou Français. Là-bas chaque cité, chaque village a un livre qui montre tout son développement et l’on s’aperçoit que chaque cité a eu la même chance; le développement se fit sur tout le territoire, à intervalles réguliers et en particulier, lorsque le chemin de fer faisait sa route vers l’Ouest. Le fait qu’une cité ait réussi et soit devenue une grande ville ou soit restée un petit village est totalement accidentel mais, si vous traversez le pays, vous voyez encore que même le plus petit village voulait devenir une grande ville. A Cornell, j’ai commencé à faire des concours avec Ungers. En même temps, j’enseignais comme assistant aux “Students Underground Course”, ce qui fut une très bonne expérience. Aux USA, les étudiants les plus anciens enseignent aux plus jeunes. Depuis lors, j’enseigne. Pourquoi n’êtes vous pas resté aux Etats-Unis ? Aux USA, c’est très dur de construire pour un étranger, alors je suis allé à Berlin.

Pourquoi Berlin ?

Quand vous êtes en Amérique et que vous vous demander où aller en Allemagne, il n’y a que Berlin. Pour beaucoup de raisons. C’est la seule ville qui ait un certain poids historique et aussi parce que l’IBA commençait à germer et je pensais que quelque chose pourrait arriver.

(Extrait d’un interview par Philippe Dehan, Archi-Cree No 229 mars 1989)