Photographies de Christian Vogt – Espace intérieur

20 novembre au 4 décembre 1991


Exposition réalisée par le Musée d’Architecture de Bâle

Christian Vogt révèle une approche complètement différente de l’espace avec la camera panoramique. Avec de grandes images de deux mètres de long, le visiteur expérimente l’espace comme des raies, comme une bande. D’une part il se déroule devant nos yeux ou, d’autre part, il vient à notre rencontre à l’instant, comme si notre champ de vision s’était élargi. les parois s’étendent pour approcher le visiteur.

Naturellement, les photographies de Christian Vogt sont aussi une documentation de ce qui est duplifié. Mais la documentation n’est jamais neutre et se présente ici comme une réaction personnelle devant la réalité. L’image simultanée d’un plafond ou de trois parois d’un espace n’est pas moins documentaire que l’image standard prise dans une perspective standard, mais elle est fructueuse aussi bien dans un rapport esthétique qu’architectural. “Duplication” n’existe pas. Mais les images comme réponse à des situations, cela existe. La photographie de Vogt n’est ni belle, ni affreuse parce que ce qui est photographié n’est ni beau ni affreux. C’est la transposition poétique d’une réalité possible derrière des choses visibles au premier plan. Elle porte à la conscience ce qui ne se dévoile pas de lui-même et ce qui est inexplicable à la simple “apparence”. C’est une nouvelle réalité. Et cette nouvelle réalité n’est en rien fermée ou finie. Elle est parallèle à son sujet. Elle apparaît à travers l’artiste qui la crée avec toute sa fantaisie et ses obsessions et elle a besoin du spectateur qui l’expérimente et construit son propre monde en elle.

Auparavant, dit Christian Vogt, la simultanéité de différentes choses et leur expression était importante pour lui, comme l’était une vue des choses en polarité. Ce qui, cependant, est également caractéristique de ses plus récents travaux, c’est la relation aux gens et leur perspective et appropriation de l’environnement même s’ils n’apparaissent pas sur la photographie. Cela est vrai pour les nouvelles séries d’espaces-plafonds et d’images intérieures grand format. Si une figure est présente ou non dans l’espace, le spectateur, à travers le cadre que Vogt a choisi, devient conscient de son existence , il doit premièrement voir avec les yeux de Vogt, Dès que ce premier pas est fait, d’autres points de vue surgissent, le spectateur entre dans l’image et participe au jeu triangulaire entre l’objet, l’interprétation photographique et le spectateur.

 

Aus “Innenräume”, Bâle, 1990