Gabriel, diplĂŽmĂ© de l’EPFL et passionnĂ© de photographie et de voyage, a gagnĂ© il y a quelques annĂ©es le concours photo organisĂ© par IDM et le Club Photo. Le prix Ă©tait une bourse pour se rendre chez des partenaires d’IDM en Europe, et faire un reportage photo sur son voyage. Voici son rĂ©cit:

Le but de ce voyage, qui relie Lausanne Ă Lisbonne, deux villes qui ont marquĂ© mes Ă©tudes dâingĂ©nieur, est de rencontrer des acteurs de la durabilitĂ© sociale et environnementale Ćuvrant Ă notre Ă©chelle, Ă distance humaine. Organisations, entreprises, et personnes, de lâagriculture Ă lâingĂ©nierie, elles nous inspirent Ă penser, se dĂ©placer et travailler de maniĂšre durable.
Pour prĂ©parer ce voyage, jâai contactĂ© des partenaires dâIDM entre Lausanne et Lisbonne, dans lâespoir de les rencontrer, dâen apprendre davantage sur leurs histoires, et de documenter en images leurs locaux et leurs impacts. Pendant le voyage, je me suis renseignĂ© sur les efforts locaux et les acteurs sur place, ils ne sont pas (encore ?) partenaires avec IDM mais sâinscrivent dans une dĂ©marche de durabilitĂ©.
Les arrĂȘts seront : Toulouse, Biarritz, Lisbonne, Porto, St Jacques de Compostelle, puis de retour Ă Biarritz. Une seule contrainte de temps : ĂȘtre de retour avant le 27 novembre pour passer des entretiens dâembauche.
Je fais le trajet Lausanne â Toulouse via les petites routes, me permettant de traverser une France moins connue, avec ses forĂȘts, sa brume et ses magnifiques villages, souvent dĂ©sertĂ©s, leurs habitants probablement partis vers les villes. Ă Toulouse, la ville rose, je rencontre Olivier de Merci RenĂ©, qui sâest donnĂ© pour mission dâamĂ©nager des espaces de vie et de travail avec des solutions issues de lâĂ©conomie circulaire et locale. Leurs projets vont de simples bureaux, Ă des salles de cours, des rĂ©fectoires et des rĂ©sidences Ă©tudiantes. LâĂ©quipe de Merci RenĂ©, composĂ©e de designers, architectes dâintĂ©rieurs et chefs de projets, assure le dĂ©veloppement dâespaces pratiques, durables et agrĂ©ables Ă vivre qui attirent de plus en plus de collaborateurs : plus de 150 Ă travers la France. https://merci-rene.com



Puis, direction Biarritz et Anglet, oĂč je rencontre des acteurs dans le monde du sport et du transport.
Kanoa Surf est nĂ©e du pari audacieux de lâingĂ©nieur en matĂ©riaux Thilo von Osterhausen : fabriquer une planche de surf utilisant des matĂ©riaux propres ou recyclĂ©s, plus robustes que celles actuellement disponibles, tout en maintenant leurs performances. Des planches de surf avec une espĂ©rance de vie rallongĂ©e de 3 Ă 5 fois : un dĂ©fi dans le monde des composites, qui pourrait bien rĂ©volutionner lâindustrie du surf. https://kanoa-surfboards.com/fr

Gorille Bike : Christophe Yvars sâest lancĂ© en 2018 dans le dĂ©veloppement de vĂ©los Ă©lectriques de type « fat bike ». Ces vĂ©los tout-terrain, sont parfaits pour les dĂ©placements quotidiens, les balades en forĂȘt, voire sur les plages. Leur dĂ©veloppement a Ă©tĂ© accompagnĂ© de la crĂ©ation de pistes cyclables 100% dĂ©diĂ©es, reliant les villages aux plages, et jouant un rĂŽle essentiel dans la rĂ©duction des embouteillages et de la pollution en fin de journĂ©e. InspirĂ© de la Californie, il est devenu bien plus quâun simple moyen de transport : il incarne dĂ©sormais un vĂ©ritable mode de vie. https://www.gorille-cycles.fr

Ces quelques jours sans changement, à faire du vélo et du surf, ne font pas de mal avant de poursuivre vers le sud : San Sebastiån, puis Lisbonne.
Lisbonne a vu naßtre, ces derniÚres années, de plus en plus de magasins durables, vendant des produits fabriqués à partir de matériaux recyclés, et produits localement au Portugal.

Hirundo fabrique des chaussures Ă base de liĂšge recyclĂ©, de bouteilles de vin et de vin de Porto. Tout est conçu pour rĂ©duire leur empreinte carbone : leurs chaussures au design Ă©purĂ© sont fabriquĂ©es Ă Porto, dâoĂč provient la majoritĂ© des matiĂšres utilisĂ©es. Elles sont vendues dans plusieurs magasins, uniquement au Portugal. Ă lâimage du Portugal, qui est devenu en 2020 le deuxiĂšme plus grand exportateur de textiles en Europe, le Made in Portugal sĂ©duit de plus en plus producteurs et consommateurs. Cela rĂ©duit les distances de transport et garantit des conditions de travail plus respectueuses comparĂ©es Ă celles de lâAsie de lâEst. https://hirundo.pt/?srsltid=AfmBOoopFsNHm98PGtey3m3PAdsgn0FNqtDbgBwm6MHLk8zuf25ZGlPG
Câest le point le plus au sud de mon voyage, il est maintenant temps de remonter la cĂŽte atlantique, Ă travers villes et villages de pĂȘcheurs.


De retour sur la cĂŽte, 50 km au nord-ouest de Lisbonne, Ericeira, un village de pĂȘcheurs trĂšs prisĂ© du tourisme local et des surfeurs. Sa cĂŽte a Ă©tĂ© classĂ©e rĂ©serve mondiale de surf, dans le but de « maintenir et garantir l’abondance marine saine des eaux locales et favoriser la jouissance responsable et continue des cĂŽtes pour tous les utilisateurs ». Sur le port d’Ericeira, les pĂȘcheurs vendent leurs poissons destinĂ©s au marchĂ© de Peniche, lâun des plus grands du Portugal. Ces deux pĂȘcheurs ont commencĂ© leur carriĂšre maritime Ă lâĂąge de 6 ans, en pratiquant la pĂȘche Ă la morue. Aujourdâhui, ils restent au large de cette cĂŽte pour capturer principalement des raies, des bars et des daurades. https://www.savethewaves.org/fr/ericeira/
La cĂŽte entre Ericeira et Peniche est parsemĂ©e de falaises vertigineuses et de magnifiques plages de sable fin. Lâeau est Ă 16°C, mais le soleil encore chaud permet des baignades plus ou moins longues.



Ă 1h30 au nord d’Ericeira se trouve la ville fortifiĂ©e de Peniche, cĂ©lĂšbre pour son marchĂ© de poissons et son riche patrimoine maritime. Lâarchipel des Berlenguas, et son Forte de SĂŁo JoĂŁo Baptista tĂ©moignent des traditions de pĂȘche qui remontent Ă plusieurs siĂšcles.
ArrĂȘt Ă NazarĂ©, connu pour son canyon qui gĂ©nĂšre les vagues les plus grandes et puissantes du monde, dont la plus grande jamais surfĂ©e, de 26m Ce jour-lĂ , une houle de 1 mĂštre a formĂ© des vagues de 4 Ă 5 mĂštres de hauteur.

AprĂšs quelques heures Ă admirer ce spectacle naturel, je file Ă Porto pour visiter Fruta Feia. La CoopĂ©rative rĂ©cupĂšre des fruits et lĂ©gumes jugĂ©s « moches » pour ĂȘtre vendus : trop petits, trop grands ou trop difformes. Ces produits sont accessibles Ă tous, des plus aisĂ©s aux plus modestes, et permettent non seulement de lutter contre le gaspillage alimentaire, mais aussi de soutenir la population localement. PrĂšs de 27 tonnes de fruits et lĂ©gumes sont sauvĂ©es du gaspillage chaque semaine grĂące Ă Fruta Feia. Ici, les bĂ©nĂ©voles prĂ©parent les paniers avant lâarrivĂ©e des clients, dans une heure. https://frutafeia.pt

Câest mon dernier stop au Portugal avant de repartir en Espagne pour les derniers jours du voyage. Une tempĂȘte se prĂ©pare : des vents Ă 100 km/h et des pluies diluviennes sâabattent sur la Galice, dĂ©jĂ humide sans lâaide de tempĂȘtes.
Je fais tout de mĂȘme quelques arrĂȘts : Ă Saint-Jacques-de-Compostelle, oĂč les pĂšlerins arrivent Ă la fin de leur parcours, devant la magnifique cathĂ©drale. Les sonoritĂ©s, mots et accents de la langue galicienne rappellent la proximitĂ© avec le Portugal. Puis sur la cĂŽte nord, la fameuse plage des « CathĂ©drales », qui porte son nom en raison de ses formations rocheuses impressionnantes. Enfin, direction le Pays Basque, espagnol et français, toujours sous la pluie, mais offrant un dernier coucher de soleil sublime, marquant la fin de mon voyage.
