Conférence
Jeudi 9 octobre 2014, 18h30
Auditoire SG1
Conférence annuelle UPIAV
Harmonies et discordances dans lâunivers
Mon travail dâarchitecte paysagiste cherche Ă reflĂ©ter la rĂ©alitĂ© de la beautĂ© et de la laideur prĂ©sentes dans lâunivers et, comme beaucoup dâĆuvres dâart, amplifie les diffĂ©rences. Je suis convaincu que lâesthĂ©tique et le plaisir transcendent les catĂ©gories conventionnelles et constituent des conditions inclusives. Ă travers ma collaboration avec des scientifiques comme James Watson, jâa appris Ă admettre lâindĂ©niable beautĂ© que, sous certaines formes, peut revĂȘtir une hĂ©lice dâADN. Cela vaut Ă©galement pour la laideur de nombreuses molĂ©cules dâARN (et je prĂ©senterai ici une partie de ces travaux). La mission spatiale Planck de 2013 a rĂ©vĂ©lĂ© que lâunivers peut ĂȘtre asymĂ©trique et « inĂ©lĂ©gant » et peut-ĂȘtre appartenons-nous de toute façon Ă un « Multivers » plus vaste, qui mâa fourni le thĂšme de rĂ©alisations paysagĂšres rĂ©centes que je prĂ©senterai Ă©galement (depuis le Jardin de la spĂ©culation cosmique jusquâaux Anneaux cosmiques du CERN et au-delĂ ). La mĂ©taphysique est de retour.
Par dĂ©finition, un architecte paysagiste relie la conception de jardins au cadre dâensembleâ la terre, lâĂ©cologie et la nature toute entiĂšre. Câest pourquoi je parle de « lâunivers dans le paysage », concept dont jâai fait le fil directeur du rĂ©cit, afin de mettre en Ă©vidence les nombreux liens entre lâextrĂȘmement grand et lâextrĂȘmement petit, le macrocosme et le microcosme. William Blake avait Ă©crit un poĂšme cĂ©lĂšbre sur ces analogies du regard :
Voir le monde dans un grain de sable
Et le paradis dans une fleur sauvage,
Tenir lâinfini dans le creux de sa main
Et lâĂ©ternitĂ© dans une heure.
La comparaison quâĂ©tablit William Blake entre le monde et un grain de sable est caractĂ©ristique de notre façon dâaborder lâinconnu selon des termes familiers, câest-Ă -dire, par le biais de la mĂ©taphore. Au-delĂ de cela, en tant quâindividus sensibles qui Ă©prouvent dans leur chair leur rapport Ă la nature, nous nous identifions Ă©galement Ă des objets inanimĂ©s et vivants, Ă des animaux et Ă des pierres⊠Nous sommes en rĂ©alitĂ© des animistes nĂ©s.
Charles Jencks
architecte et historien, Edimbourg
Les essais et Ă©crits critiques de Charles Jencks sur lâhistoire du modernisme et du postmodernisme ont eu une grande influence dans la thĂ©orie architecturale rĂ©cente. Lâun de ses premiers livres The Language of Post-Modern Architecture, publiĂ© en 1977, est dĂ©jĂ un succĂšs de librairie. Il vit actuellement en Ecosse et partage son temps entre les confĂ©rences, lâĂ©criture et le travail de conception. Son Ćuvre paysagĂšre est prĂ©sentĂ©e dans deux beaux livres, The Garden of Cosmic Speculation et The Universe in the Landscape (aux Ă©ditions Frances Lincoln, Londres). Il est Ă©galement cofondateur des Maggie Centers, centres de soutien des patients atteints du cancer, et continue Ă participer activement Ă leur dĂ©veloppement.
Suncheon Bay Garden Expo 2013 – © Kim Tae Su, South Korea
Universe Cascade Aerial – © Charles Jencks