Communiqué de presse
Les asiles d’aliénés évoquent a priori des lieux sinistres appartenant au noir passé de la psychiatrie. Pourtant, conçus au début du XIXe siècle comme de “véritables instruments de guérison”, leur création est réclamée au nom de “la science et de l’humanité” par le corps médical et s’avère un élément fondateur dans la naissance de la psychiatrie. Les vertus thérapeutiques prêtées à l’organisation, à la forme et à l’emplacement de ce nouveau type d’institution, nécessitent dès lors une étroite collaboration entre aliénistes et architectes.
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Hôpital de Cery, s.d.
Comme un écho à cette collaboration passée, une recherche interdisciplinaire menée conjointement par l’Institut d’histoire de la médecine et de la santé publique et les Archives de la construction moderne est à l’origine de l’exposition Lieux de folie – Monuments de raison qui se propose de mettre en évidence l’intérêt d’un patrimoine architectural méconnu.
L’exposition s’articule autour des onze établissements ouverts entre 1810 et 1930 dans les divers cantons romands. Par leur diversité, ils nous permettent d’appréhender un siècle de construction asilaire et nous offrent également un condensé des modèles adoptés dans les pays voisins. Souvent signés par des architectes réputés, comme le parisien Henri Labrouste ou le genevois Samuel Vaucher-Crémieux, des dessins originaux, projets, plans d’exécution ou rendus de concours illustrent la grande variété des solutions proposées. Transformés ou agrandis, ces asiles – véritables “villes miniatures” – sont devenus les hôpitaux psychiatriques d’aujourd’hui.
Un volet de l’exposition présentera les projets lauréats du récent concours pour l’hôpital psychiatrique d’Yverdon-les-Bains. Cette comparaison entre la conception des premiers asiles et celle d’un établissement contemporain prend ici un intérêt particulier: alors que l’implantation à la campagne constituait à l’origine l’un des principes fondamentaux de “l’art de construire les asiles d’aliénés”, le choix fait à Yverdon consiste précisément à réintégrer l’hôpital psychiatrique dans le tissu urbain.
Un ouvrage de 212 pages, rédigé par Catherine Fussinger et Deodaat Tevaearai, est édité à cette occasion par les Presses polytechniques et universitaires romandes dans la collection « les Archives de la construction moderne », au prix de frs 49.50. Cette étude historique richement illustrée comprend également un répertoire architectural des asiles romands ainsi qu’une centaine de notices biographiques d’architectes, d’aliénistes et d’hommes d’Etat qui présidèrent à leur création.