Histoire urbaine digitale : Lausanne Time Machine

Reconstitution 3D de la ville de Lausanne à partir des sources de 1721-1727, créée par Fabrice Berger (graphiste EPFL).

Présentation

Le cours « Histoire urbaine digitale » s’inscrit dans une nouvelle offre de cours interdisciplinaires et collaboratifs ouverts aux Ă©tudiants de l’UNIL et de l’EPFL.

Ce cours entend permettre le dĂ©veloppement de compĂ©tences transversales en croisant les domaines d’expertise de l’histoire et des Ă©tudes numĂ©rique. Il s’oriente principalement vers la connaissance de l’histoire de Lausanne et le dĂ©veloppement d’un projet numĂ©rique menĂ© en groupe.

L’étude de cas est celle du territoire lausannois – Lausanne Time Machine – qui sera analysĂ© dans son Ă©volution dans le temps sous de multiples aspects : l’évolution morphologique de la ville, l’histoire de la population, l’histoire du patrimoine culturel, les aspects relatifs Ă  l’espace inhabitĂ© et Ă  l’écologie, les sources textuelles comme la presse ou certaines sources littĂ©raires.

Enseignant·e·s

  • Prof. BĂ©la Kapossy
  • Dr. Isabella di Lenardo

Assistant Ă  contacter en cas de question(s)

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Morphologie urbaine de la ville de Lausanne en 1721, créée par Irene Bianchi (assistante scientifique EPFL).

Mis Ă  jour hebdomadairement par Michael WagniĂšres, assistant du cours UNIL/EPFL « Histoire urbaine digitale : Lausanne Time Machine », ce journal de bord contient un rĂ©sumĂ© de chacune des sĂ©ances du mercredi aprĂšs-midi, plusieurs images et, parfois, une interview filmĂ©e de l’intervenant du jour. Il est destinĂ© aux Ă©tudiants du cours, aux chercheurs intĂ©ressĂ©s par le projet « Lausanne Time Machine » comme aux simples curieux.

La premiĂšre sĂ©ance du cours Histoire urbaine digitale, menĂ©e par le Professeur BĂ©la Kapossy et la Docteure Isabella di Lenardo, a eu pour but d’introduire le projet Lausanne Time Machine au sein duquel ce cours s’insĂšre, ainsi que les objectifs et le calendrier de ce dernier. Cet enseignement a pour particularitĂ© de proposer Ă  des Ă©tudiantes et Ă  des Ă©tudiants de l’EPFL et de l’UNIL – les uns comme les autres issus de sections diverses – de partager leurs compĂ©tences et leur expertise en travaillant, dans des groupes mixtes, sur la base de quatre corpus diffĂ©rents centrĂ©s sur le 19Ăšme et le 20Ăšme siĂšcles.

Le groupe cadastre réalisera des analyses morphologiques de certaines zones urbaines de la ville de Lausanne, notamment celle de Berney.

Le groupe population Ă©tudiera les registres officiels de personnes rĂ©sidant Ă  Lausanne, en se focalisant sur le recensement de l’annĂ©e 1832.

Le groupe icono Lausanne s’intĂ©ressera aux sources iconographiques reprĂ©sentant la ville, en les remettant en perspective historiquement.

Le groupe Cinéac se penchera sur les actualités filmées projetées quotidiennement (entre 1938 et 1969) dans une salle de cinéma à Lausanne.

Outre les cours ex cathedra, l’examen de fin de semestre et les sĂ©ances spĂ©ciales (ateliers TILT, visite au MusĂ©e Historique de Lausanne, sĂ©ances de projet
), ce cours d’introduction a Ă©galement Ă©tĂ© l’occasion pour RĂ©mi Petitpierre, assistant du cours, de prĂ©senter les exercices qui seront menĂ©s – gĂ©nĂ©ralement dans la seconde partie des sĂ©ances – grĂące au langage de programmation open source Python, qui sera utile au projet des groupes.

En fin de compte, chaque groupe crĂ©era un logiciel, dont le dĂ©veloppement est orientĂ© par une rĂ©flexion historique (l’annĂ©e derniĂšre, c’étaient des sites web avec des moteurs de recherche et des cartes interactives qui avaient Ă©tĂ© prĂ©parĂ©s). Ainsi, dans une perspective d’histoire urbaine et avec pour cas d’étude la ville de Lausanne, les Ă©tudiants de l’EPFL pourront dĂ©velopper une sensibilitĂ© aux sciences humaines et acquĂ©rir des connaissances sur la mĂ©thodologie de l’historien, tandis que ceux de l’UNIL pourront apprendre Ă  manipuler des donnĂ©es, des interfaces et des outils numĂ©riques.

Lors du cours du 29 septembre, le Professeur BĂ©la Kapossy, historien spĂ©cialisĂ© dans les questions philosophiques, intellectuelles et culturelles de l’époque moderne, est revenu sur la discipline de l’Histoire, afin de replacer l’histoire urbaine digitale dans un champ d’études plus vaste et de sensibiliser les Ă©tudiantes et Ă©tudiants de l’EPFL Ă  cette approche issue des sciences humaines. Ces derniĂšres, contrairement aux sciences exactes, placent la comprĂ©hension de l’Homme et de son contexte social au cƓur de l’analyse. L’ĂȘtre humain, tel qu’il rĂ©flĂ©chit Ă  lui-mĂȘme Ă  un instant donnĂ© dans une zone gĂ©ographique donnĂ©e, est, en somme, le vĂ©ritable objet de l’Histoire.

L’Histoire est Ă  la fois l’étude et l’écriture des Ă©vĂ©nements du passĂ©, indĂ©pendamment de leur complexitĂ©, et la plupart du temps Ă  partir d’une base de donnĂ©es fragmentaire. Ce qui dĂ©montre que l’Histoire est une discipline qui entremĂȘle une dimension scientifique (Ă©tude), par l’analyse de faits vĂ©rifiables grĂące Ă  une mĂ©thodologie fiable historiquement (proche Ă  certains Ă©gards de l’archivistique), avec une dimension artistique (Ă©criture), par la production d’une interprĂ©tation subjective. En effet, le discours des historiens dĂ©pend toujours de leur orientation politique et du contexte culturel dans lequel ils vivent, mĂȘme s’ils essaient gĂ©nĂ©ralement d’en faire abstraction. Une telle dualitĂ© se retrouve Ă©galement avec les concepts d’heuristique (science qui vise Ă  expliquer des phĂ©nomĂšnes) et d’hermĂ©neutique (qui cherche pour sa part Ă  interprĂ©ter ces mĂȘmes phĂ©nomĂšnes, afin de les comprendre). L’objectif de ce cours est justement, pour BĂ©la Kapossy, de parvenir Ă  Ă©tudier la ville de Lausanne Ă  la fois dans une perspective de scientifique, mais aussi dans une perspective d’historien, d’oĂč l’importance de la collaboration entre les Ă©tudiants de l’EPFL et ceux de l’UNIL. Les outils numĂ©riques permettent, pour leur part, d’amĂ©liorer la visibilitĂ© des recherches historiques, d’accĂ©lĂ©rer les dĂ©marches et d’augmenter quantitativement la matiĂšre traitable.

Soulignons qu’il est fondamental de distinguer, pour les historiens, les sources primaires de la littĂ©rature secondaire.

Lors de cette sĂ©ance, BĂ©la Kapossy s’est notamment arrĂȘtĂ© sur la perception de l’Histoire durant l’époque moderne. Il a par exemple analysĂ© une gravure zurichoise de 1700, hĂ©ritiĂšre d’une tradition humaniste. De cette reprĂ©sentation, on peut dĂ©gager une conception moderne de l’Histoire, cette derniĂšre pouvant ĂȘtre dĂ©finie ici, grĂące Ă  plusieurs figures allĂ©goriques, comme l’articulation entre la spatialitĂ©, la temporalitĂ© et la place qu’occupent les humains en leur sein.

Certaines cartes de l’époque ont Ă©galement essayĂ© d’intĂ©grer une certaine historicitĂ© au niveau de leur structure visuelle. Avec ce type de document, on ressent dĂ©jĂ , d’aprĂšs BĂ©la Kapossy, la nĂ©cessitĂ© de dĂ©velopper, Ă  cette pĂ©riode, une chronologie historique. On rĂ©alise aussi que l’intĂ©gration de la cartographie Ă  la recherche historique est plus ancienne qu’on ne pourrait l’imaginer au premier abord.

Notons enfin que la discipline historique a rencontrĂ© des opposants au cours de l’époque moderne, comme le courant philosophique du scepticisme historique, certaines personnes remettant en doute la fiabilitĂ© des tĂ©moignages (et non pas celle des faits historiques) et accusant les historiens de travestir la vĂ©ritĂ© historique Ă  des fins personnelles ou au profit du pouvoir en place. Cela explique notamment les volontĂ©s des historiens de lĂ©gitimer leur discipline, ce qui est particuliĂšrement remarquable au 19Ăšme et au 20Ăšme siĂšcles, avec la crĂ©ation de mĂ©thodologies prĂ©cises et communes, qui emprunte la rigueur des sciences exactes et de l’archivistique.

L’entretien filmĂ© avec BĂ©la Kapossy :

À la suite de la sĂ©ance principale, deux autres activitĂ©s ont Ă©tĂ© effectuĂ©es : une session d’exercices sur le logiciel Python, menĂ©e par RĂ©mi Petitpierre, ainsi qu’une visite dans les pavillons de l’EPFL (ancien « ArtLab »). En leur sein, on trouve une exposition intitulĂ©e Deep Fakes : Art and Its Double, prĂ©parĂ©e en collaboration avec l’UNIL. Elle s’est donnĂ© l’objectif de « pose[r] des questions cruciales sur la puissance des rĂ©pliques numĂ©riques ». Cette visite a Ă©tĂ© l’occasion d’étendre le thĂšme de la sĂ©ance de BĂ©la Kapossy en s’interrogeant d’une part sur l’impact des technologies informatiques dans la conservation d’objets, d’autre part sur les mĂ©thodes des historiens Ă  l’ùre du numĂ©rique.

Pour accĂ©der au site Internet de l’exposition, merci de cliquer ici.

L’aprĂšs-midi du 6 octobre a Ă©tĂ© dĂ©diĂ© Ă  la dĂ©couverte du MusĂ©e Historique de Lausanne (MHL). La visite s’est focalisĂ©e sur l’histoire du chef-lieu au 19Ăšme et au 20Ăšme siĂšcles.

A Ă©tĂ© commentĂ©e une grande maquette, construite Ă  l’aide d’une carte de 1638 dessinĂ©e en plan cavalier (soit en vue de biais, Ă  45 degrĂ©s). Elle reprĂ©sente un Ă©tat de la ville Ă  la fin du Moyen Âge. En outre, elle permet d’illustrer visuellement la façon dont Lausanne a Ă©tĂ© bĂątie sur plusieurs collines (sur le plan gĂ©ographique) et autour de murailles (sur le plan urbanistique).

La question des dĂ©buts de la photographie a notamment Ă©tĂ© abordĂ©e grĂące Ă  un daguerrĂ©otype pris aux alentours de 1845, qui reprĂ©sente la CitĂ© et la cathĂ©drale depuis la Caroline. Il s’agit de l’une des premiĂšres images photographiques retrouvĂ©es de la ville de Lausanne.

De son cĂŽtĂ©, un panorama pris Ă  partir du toit du tribunal de Montbenon, datĂ© pour sa part de 1886-1888, permet d’observer le chef-lieu en pleine mutation urbanistique, et d’y voir apparaĂźtre plusieurs bĂątiments essentiels construits Ă  cette Ă©poque, Ă  l’image de l’HĂŽpital cantonal.

Jusqu’à la seconde partie du 19Ăšme siĂšcle, l’expansion urbaine de Lausanne s’effectue Ă  l’intĂ©rieur de ses murailles, ce qui mĂšne Ă  une saturation croissante. C’est la construction de rĂ©sidences secondaires Ă  l’extĂ©rieur des murailles par les riches familles de Lausanne (gĂ©nĂ©ralement de grands domaines avec exploitation agricole), ainsi que la destruction des grandes portes, qui permet vĂ©ritablement l’élargissement du chef-lieu. La ville va alors se dĂ©velopper par la construction de nouveaux quartiers d’habitation, notamment Ă  l’Est et au Sud.

Afin de fluidifier le trafic, l’ingĂ©nieur Adrien Pichard, mandatĂ© Ă  cette occasion, a envisagĂ© un dispositif de contournement de la ville ancienne. L’expansion de Lausanne se couple alors avec des constructions architecturales d’envergure, notamment ce que l’on nomme la « Ceinture Pichard », projet duquel on peut principalement souligner la construction de grands ponts au sein de la ville, ce qui offre par ailleurs un cachet de modernitĂ© au chef-lieu.

Une autre stratĂ©gie d’amĂ©nagement du territoire a Ă©tĂ© celle de « cacher » les riviĂšres, de les couvrir, les cours d’eau posant des problĂšmes Ă  la fois hygiĂ©niques (ils facilitent la diffusion des Ă©pidĂ©mies) et urbanistiques (ils complexifient les rĂ©seaux de circulation). Cela a par exemple Ă©tĂ© le cas Ă  la place de la Riponne.

Pour accéder au site Internet du Musée Historique de Lausanne, merci de cliquer ici.

Le cours du mercredi 13 octobre a Ă©tĂ© subdivisĂ© en trois parties. Lors de la premiĂšre, Isabella di Lenardo a parcouru, dans une perspective historique, l’histoire des quatre types de sources (recensement, cadastre, iconographie et audiovisuel) qui seront utilisĂ©es par les Ă©tudiants dans leur projet respectif.

En ce qui concerne le premier corpus, celui des recensements, il est Ă  noter que cette pratique est des plus anciennes, puisqu’on retrouve dĂ©jĂ  ce type de document dans l’AntiquitĂ© romaine. Ci-dessous, l’image d’une pierre sculptĂ©e recensant la population de l’Empire :

Principalement deux raisons expliquent le dĂ©veloppement d’un tel dispositif administratif, qu’elles que soient l’époque et la zone gĂ©ographique concernĂ©es (bien que les Ă©volutions des recensements dĂ©pendent grandement d’un pays Ă  l’autre, ce systĂšme n’ayant jamais Ă©tĂ© unifiĂ© internationalement) : afin d’une part de gĂ©rer les ressources et leur rĂ©partition (en Ă©valuant parallĂšlement les besoins de la population), et d’autre part pour savoir qui doit payer l’impĂŽt (une exigence liĂ©e Ă  la fiscalitĂ©). Cette deuxiĂšme raison n’a que peu changĂ© aujourd’hui : le recensement demeure un systĂšme informationnel qui – Ă  l’instar du cadastre – sert avant tout la gestion des finances publiques.

Depuis l’AntiquitĂ©, les recensements ont notablement changĂ© en Europe. AprĂšs une pĂ©riode mĂ©connue (les sources ayant disparues), les registres de l’Église sont arrivĂ©s : en effet, s’est constituĂ© au Moyen Âge une exigence religieuse de cartographier l’ « Ă©tat des Ăąmes » des paroisses. Cela permettait au clergĂ© d’identifier la population baptisĂ©e, ce qui ne relĂšve alors que peu, dans ce cas de figure, de la fiscalitĂ©.

Progressivement, au 18Ăšme siĂšcle, les paroisses sont contraintes de donner leurs registres aux reprĂ©sentants de l’État civil, qui en prennent le relai, alors que se créé le besoin de taxer les foyers (ce qui n’est que difficilement rĂ©alisable sans recensement prĂ©cis). Pour des raisons politiques et Ă©conomiques, cela aboutit Ă  une certaine uniformitĂ© du modĂšle-type de recensement europĂ©en.

En Europe, la conservation de ces sources dĂ©pend fortement d’un pays Ă  l’autre ; les archives parisiennes, par exemple, ont Ă©tĂ© brĂ»lĂ©es pendant le soulĂšvement de 1871. En Afrique, Ă  ce jour, trĂšs peu de recensements ont Ă©tĂ© effectuĂ©s. En Asie, ces documents se sont surtout dĂ©multipliĂ©s entre les 1950 et 2000. Aux États-Unis, les recensements sont globalement trĂšs bien conservĂ©s et protĂ©gĂ©s ; ils ont en outre pour particularitĂ© d’ĂȘtre contrĂŽlĂ©s par le bureau de l’immigration, ce qui implique qu’ils contiennent bien plus d’informations sur l’origine et l’ethnie des gens, ainsi que sur les Ă©ventuelles maladies dont ils ou elles sont atteints.

Pour observer le premier recensement lausannois, il faut attendre la fin du régime bernois. On dispose des recensements de 1803 à 1814, ainsi que de ceux de 1831 à 1898. Ils étaient effectués dans toute la ville, au porte-à-porte. Tous les individus vivant dans le foyer étaient répertoriés : chef de famille, enfants, domestiques, etc.

Le deuxiĂšme corpus se trouve ĂȘtre les cadastres, qui constituent un mode de reprĂ©sentation de l’urbanisme dont on trouve des traces, lĂ  encore, dĂšs l’AntiquitĂ© romaine. Ils avaient – et ont toujours – pour but de localiser non pas la population, mais la propriĂ©tĂ© fonciĂšre. Par ailleurs, ils cartographiaient Ă©galement le territoire (et non pas uniquement la ville). Il ne nous reste, aujourd’hui, que des morceaux de pierres des cadastres de la Rome antique. ConsĂ©quemment, un projet est menĂ© Ă  l’UniversitĂ© de Stanford pour reconstituer numĂ©riquement Rome Ă  partir de ces plans.

C’est au dĂ©but de la Renaissance qu’on trouve une premiĂšre carte « aĂ©rienne », en l’occurrence de la ville d’Imola en Italie.

Cette carte a Ă©tĂ© prĂ©parĂ©e par LĂ©onardo da Vinci en 1502. Dans le cadre d’un mandat pour des travaux d’ingĂ©nierie, il a Ă©tĂ© amenĂ© Ă  devoir visualiser Imola du ciel. Il lui a donc Ă©tĂ© nĂ©cessaire d’inventer des techniques pour rĂ©aliser des mesures prĂ©cises, ce qui l’a amenĂ© Ă  crĂ©er l’endomĂštre, un instrument qui permet de tracer des lignes droites pour effectuer des triangulations entre des points fixes, aboutissant Ă  un relevĂ© orthogonal et, ainsi, Ă  la rĂ©alisation d’un plan Ă  l’échelle. Il ne s’agit toutefois pas du cadastre basĂ© sur la propriĂ©tĂ© privĂ©e, tel qu’on le connaĂźt aujourd’hui



il se dĂ©veloppe, pour sa part, Ă  la fin du 18Ăšme siĂšcle, notamment avec l’unitĂ© de mesure (quasi) universelle du « mĂštre », qui permet de cartographier des pays entiers, en tĂ©moigne l’exemple de la France ci-dessous :

En Suisse, les cadastres se dĂ©veloppent dans la continuitĂ© directe de la France. En 1804, la mĂȘme annĂ©e que celle de l’instauration du recensement, le Grand Conseil du canton de Vaud demande l’introduction d’un cadastre parcellaire. À Lausanne, les travaux prennent du retard, et il faut attendre le dĂ©but des annĂ©es 1830 pour l’achĂšvement du cadastre Berney, qui reprĂ©sente, en Ă  peu prĂšs 200 planches, le chef-lieu et ses environs. Cet objet est accompagnĂ© d’un registre, qui numĂ©rote et rĂ©pertorie les propriĂ©tĂ©s fonciĂšres, en les dĂ©crivant (nom du propriĂ©taire, possession ou non d’un jardin, etc.).

Isabella di Lenardo est passĂ©e plus rapidement sur les derniers corpus. Le troisiĂšme type de sources, Ă  savoir les documents iconographiques reprĂ©sentant la ville de Lausanne (tableaux, gravures, affiches, photographies
), sont essentiellement conservĂ©s dans des collections, notamment celles du MusĂ©e Historique de Lausanne. On n’y dĂ©nombre pas moins de 68’000 images, dont la premiĂšre est un daguerrĂ©otype de 1845. Cette vĂ©ritable densitĂ© visuelle amĂšne Ă  de multiples possibilitĂ©s analytiques, mais la gĂ©olocalisation de ces images se rĂ©vĂšle, actuellement, un enjeu central.

En ce qui concerne le dernier corpus, l’audiovisuel, celui-ci est focalisĂ© sur les actualitĂ©s filmĂ©es (ou « cinĂ©-journaux ») qui ont Ă©tĂ© projetĂ©es dans le CinĂ©ac, une salle de cinĂ©ma qui a existĂ© de 1938 Ă  1969 et diffusait son programme tous les jours en boucle de 14h00 Ă  23h00. Il a Ă©tĂ© situĂ© une grande partie de son existence Ă  la place Saint-François. Ces films ont Ă©tĂ© l’occasion de crĂ©er une alphabĂ©tisation de la population de maniĂšre horizontale, mais aussi de pousser l’opinion publique dans un certain sens (Ă  l’instar d’une vĂ©ritable arme de propagande). Ce genre filmique se retrouvait Ă  la mĂȘme Ă©poque de maniĂšre trĂšs proche dans les pays voisins, et s’est Ă©teint au fil des annĂ©es 1960-1970, avec la gĂ©nĂ©ralisation de la tĂ©lĂ©vision et l’incorporation des actualitĂ©s filmĂ©es dans les programmes de ce nouveau mĂ©dium.

Lors de la deuxiĂšme partie du cours, RĂ©mi Petitpierre s’est penchĂ© lui aussi sur le dataset dont les Ă©tudiants se serviront, mais dans une perspective plus technique. Il s’est focalisĂ© sur les recensements et sur les sources cadastrales, sachant que les documents iconographiques et audiovisuels sont issus de base de donnĂ©es (du MusĂ©e Historique de Lausanne pour les premiĂšres, des Archives de la Ville de Lausanne pour les secondes) qui fournissent dĂ©jĂ  des mĂ©tadonnĂ©es sur ces objets.

Ainsi, cette partie du cours a Ă©tĂ© concentrĂ©e sur la dimension pratique du document processing et sur les logiques procĂ©durales essentielles Ă  rendre un document historique numĂ©riquement intelligible, qu’il soit textuel (les recensements) ou iconographique (les cadastres).

Une fois numĂ©risĂ©, le document devient une image. Il est alors nĂ©cessaire de procĂ©der Ă  deux grandes opĂ©rations : la « segmentation Â», qui consiste Ă  identifier et dissocier les divers objets prĂ©sents dans le document, ces objets pouvant ĂȘtre intuitivement diffĂ©renciĂ©s les uns des autres Ă  l’aide d’un code couleur. On passe ainsi d’un « tableau de pixels » dĂ©pourvu de structure Ă  une liste d’objets distincts.

ParallĂšlement, il faut procĂ©der Ă  la « sĂ©mantisation » des objets segmentĂ©s, en attribuant tous les Ă©lĂ©ments de la liste – c’est-Ă -dire toutes les « composantes connexes distinctes » repĂ©rĂ©es prĂ©alablement dans l’image – Ă  des classes sĂ©mantiques prĂ©alablement Ă©tablies par le chercheur. Ainsi, les objets prĂ©sents dans l’image acquiĂšrent une ou plusieurs signification(s). Un exemple ci-dessous :

Pour que le document processing fonctionne, il est nĂ©cessaire de dĂ©finir un corpus et d’isoler un set d’entraĂźnement, reprĂ©sentatif de l’ensemble du corpus. En thĂ©orie, plus ce dernier est grand, plus le pourcentage traitĂ© de l’objet peut ĂȘtre rĂ©duit. Ce set, qui servira d’entraĂźnement Ă  la machine, doit ĂȘtre complĂ©tĂ© par des exemples de validation, distincts des prĂ©cĂ©dents, qui permet de vĂ©rifier la fiabilitĂ© des rĂ©sultats. Si le premier travail manuel demande un certain investissement, la seconde phase est bien plus courte, puisqu’un algorithme automatise la segmentation et la sĂ©mantisation des documents.

Le rĂ©seau de neurones peut, dans un second temps, apprendre automatiquement de ces exemples d’entraĂźnement, corriger ses erreurs par rapport Ă  la vĂ©ritĂ© terrain (annotations manuelles) et ainsi former un rĂ©seau de fonctions mathĂ©matiques capable de traiter contextuellement l’information et de procĂ©der automatiquement Ă  la segmentation sĂ©mantique du corpus. Le rĂ©seau entraĂźnĂ© devient alors une intelligence artificielle spĂ©cialiste du problĂšme qu’on lui a soumis et tend Ă  reproduire les schĂ©mas d’annotation sur lesquels elle a Ă©tĂ© entraĂźnĂ©e. La vĂ©rification des performances et de la capacitĂ© de gĂ©nĂ©ralisation du rĂ©seau est effectuĂ©e sur le set de validation.

Un schĂ©ma (prĂ©parĂ©, Ă  l’instar des autres, par RĂ©mi Petitpierre) synthĂ©tise cette procĂ©dure d’apprentissage supervisĂ©, que l’on nomme aussi machine learning :

Le premier cas sur lequel RĂ©mi Petitpierre s’est arrĂȘtĂ© est celui du recensement lausannois de 1832. Il s’agit d’un objet textuel et structurĂ©. L’image d’origine a Ă©tĂ© segmentĂ©e, sĂ©mantisĂ©e, les colonnes et les lignes basales des segments de texte ont Ă©tĂ© dĂ©tectĂ©es, et aprĂšs de nombreuses Ă©tapes de prĂ©traitement (incluant, notamment, un recadrage, un deslanting et la compensation de la lumiĂšre), il est possible de procĂ©der Ă  l’ocĂ©risation (ou OCR, pour Optical Character Recognition) du texte grĂące Ă  un rĂ©seau de neurones. Un posttraitement, basĂ© sur des caractĂ©ristiques linguistiques et des dictionnaires appropriĂ©s, est ensuite nĂ©cessaire. En y ajoutant la structure, il est possible d’obtenir une version digitale et structurĂ©e du recensement, qui n’était, dans son scan original, qu’un amas de pixels.

Le second cas est celui du cadastre Berney, lui aussi datĂ© de 1832. Il permet d’illustrer les bases fondamentales qui prĂ©cĂšdent l’étape de gĂ©orĂ©fĂ©rencement manuel (sur QGIS, notamment) ou automatisĂ©, Ă©tape rĂ©guliĂšrement utilisĂ©e pour Ă©tudier les sources cadastrales. Est notamment remarquable l’étape de vectorisation, qui consiste Ă  transformer des pixels (donnĂ©es images) en polygones (donnĂ©es vectorielles), Ă  l’instar du processus de segmentation.

La derniĂšre partie du cours a Ă©tĂ© consacrĂ©e Ă  la premiĂšre phase de constitution des groupes de travail (Ă  la suite d’une brĂšve prĂ©sentation des travaux de l’annĂ©e 2020-2021, que l’on peut retrouver dans le journal de bord de cette annĂ©e-lĂ  Ă  l’entrĂ©e « 26/05/2021 – Examen (second semestre) Â»), constitution qui sera finalisĂ©e la semaine prochaine. Pour cela, les Ă©tudiants ont Ă©tĂ© invitĂ©s Ă  rĂ©aliser en ligne le test RIASEC, qui catĂ©gorise les gens selon six profils professionnels (rĂ©aliste, investigateur, artiste, social, entreprenant, conventionnel). Ce test, dĂ©veloppĂ© dans les annĂ©es 1960 par le psychologue amĂ©ricain John Holland, reste aujourd’hui quasi incontestĂ©. L’idĂ©e serait, idĂ©alement, que les Ă©tudiants se rĂ©partissent dans les groupes en fonction de ces catĂ©gories, diversification supplĂ©mentaire Ă  celle qui sera dĂ©jĂ  opĂ©rĂ©e en fonction de la haute Ă©cole dont ils font partie et de leur discipline.

Pour accéder au test RIASEC, merci de cliquer ici.

Le cours du mercredi 20 octobre, menĂ© par Isabella di Lenardo, a en grande partie Ă©tĂ© dĂ©diĂ© Ă  une introduction historiographique et thĂ©orique aux mĂ©thodes de l’histoire urbaine. C’est en premier lieu la dimension historiographique qui a intĂ©ressĂ© l’enseignante, qui a parcouru alors, des annĂ©es 1920 Ă  l’époque contemporaine, les principales tendances des chercheurs en histoire urbaine.

En ce qui concerne l’histoire urbaine aux États-Unis, on peut observer, dĂšs les annĂ©es 1920, dans les universitĂ©s d’Harvard et de Chicago



des innovations tout Ă  fait pionniĂšres comparativement Ă  l’état de la recherche en Europe, innovations parmi lesquelles on peut notamment citer : la nĂ©cessitĂ© d’étudier dans une perspective comparative les villes entre elles (tout en sortant de la seule description non analytique) ; le besoin de questionner la ville sur le plan sociologique, de comprendre les dynamiques sociales qui s’y jouent (aboutissant Ă  une thĂ©orie de la morphologie urbaine ancrĂ©e sociologiquement) ; enfin, la problĂ©matisation du lien entre ville et nature (en se demandant notamment si la construction des grandes villes s’est effectuĂ©e en harmonie ou en disharmonie avec l’environnement).

Notons que les historiens des États-Unis se sont trĂšs vite servis des recensements pour mener Ă  bien leurs analyses, souvent par le biais d’une approche quantitative. C’est aussi dans ce pays qu’a Ă©tĂ© dĂ©veloppĂ© une distinction entre l’approche idiographique (ጎΎÎčÎżÏ‚) et l’approche nomothĂ©tique (ÎœÎżÎŒÎżÎžÎ­Ï„Î·Ï‚), autrement dit entre sciences historiques (ce qui relĂšve de la particularitĂ©) et sciences naturelles (ce qui relĂšve de la gĂ©nĂ©ricitĂ©).

En ce qui concerne l’histoire urbaine en France, et plus gĂ©nĂ©ralement en Europe, une importance notable a Ă©tĂ© accordĂ©e Ă  l’approche topographique, c’est-Ă -dire Ă  la description de lieux donnĂ©s. Ces travaux se situent pour la plupart dans la continuitĂ© de Pausanias, un ouvrage du 18Ăšme siĂšcle dĂ©crivant tous les lieux jugĂ©s « importants Â» de GrĂšce, tout en racontant certains Ă©vĂšnements historiques.

Cependant, soulignons que cette tendance topographique date de la fin du Moyen Âge, et c’est essentiellement Rome, cƓur de la chrĂ©tientĂ©, qui a Ă©tĂ© reprĂ©sentĂ©e.

Le livre Civitates orbis terrarum, publiĂ© entre le 16Ăšme et le 17Ăšme siĂšcles, est pour sa part une trĂšs bonne illustration de ce type d’analyse Ă  l’échelle du monde, qui dĂ©montre en outre l’importance centrale qui est accordĂ©e dans ces textes aux villes « essentielles Â» de cette pĂ©riode, comme JĂ©rusalem, Venise



ou mĂȘme la ville de ZĂŒrich.

En Europe, dans les annĂ©es 1960, les chercheurs travaillant sur l’histoire urbaine commencent Ă  coupler leur discipline avec celle la dĂ©mographie  (selon l’idĂ©e que l’histoire des villes ne peut se passer d’une recherche sur la population qui y vit). Cela bouscule les mĂ©thodes europĂ©ennes, jusque-lĂ  focalisĂ©es sur le patrimoine. ParallĂšlement, lĂ  oĂč une tendance Ă  raconter les Ă©vĂšnements de la « Grande Histoire Â» perdurait, cette ouverture a permis aux historiens europĂ©ens de s’intĂ©resser Ă  une autre version de l’Histoire, celle qui vient du « bas Â». La revue des Annales a notablement contribuĂ© Ă  la gĂ©nĂ©ralisation de la dĂ©mographie historique.

Outre ces approches dĂ©mographiques, dans la revue des Annales ou dans la continuitĂ© de cette derniĂšre, les approches sociales et les approches historiques synchroniques se dĂ©veloppent Ă©galement en Europe Ă  la mĂȘme pĂ©riode.

En France, les archives touchant Ă  l’histoire urbaine sont essentiellement rĂ©parties en deux catĂ©gories : les dĂ©partementales et les nationales. Toutes deux ont subi une campagne massive de numĂ©risation et de mise en ligne. Le centre APUR, de son cĂŽtĂ©, s’occupe principalement de l’histoire de la ville de Paris et de ses environs d’un point de vue urbanistique.

À cet Ă©gard, une distinction essentielle est Ă  poser entre histoire urbaine (avant les annĂ©es 1850) et histoire de l’urbanisme (des annĂ©es 1850 jusqu’à aujourd’hui), une distinction que l’on opĂšre en raison de nombreux travaux de rĂ©novation effectuĂ©s Ă  Barcelone Ă  cette Ă©poque qui symbolisent le passage, sur le plan architectural, de la ville ancienne Ă  la ville moderne prototypique.

À la suite de cette partie historiographique, Isabella di Lenardo a conceptualisĂ©, sous un angle plus thĂ©orique, l’histoire urbaine Ă  l’ùre du numĂ©rique, une discipline que l’on peut rattacher aux digital humanities, un champ de recherche regroupant Ă©galement – dans un domaine proche de l’histoire urbaine (spatiale) – les Ă©tudes sur la population et la dĂ©mographie, l’histoire Ă©conomique, l’histoire de l’espace « non-bĂąti » et, enfin, l’histoire de l’espace politique ; une discipline qui, par ailleurs, a subi un rĂ©el spatial turn grĂące Ă  l’intĂ©gration d’outils numĂ©riques dans la recherche dans le courant des annĂ©es 1990, ce que l’on peut aujourd’hui observer dans le domaine public par la profusion de cartes, souvent interactives (reprĂ©sentant tantĂŽt les Ă©lections prĂ©sidentielles, tantĂŽt la diffusion du coronavirus, etc.).

Ces diverses approches sont basĂ©es sur les « systĂšmes d’information gĂ©ographique Â» (SIG), dispositifs que l’on retrouve dans l’espace public Ă  l’heure actuelle tant avec les tĂ©lĂ©phones portables qu’avec les cartes Camipro. L’histoire urbaine numĂ©rique Ă©tudie ces objets, fruit d’un croisement entre la gĂ©ographie et les sciences de l’information, en y intĂ©grant une dimension historique (sachant que cette dimension a tendance Ă  ĂȘtre effacĂ©e dans les recherches « traditionnelles Â»).

Un exemple historique a notamment Ă©tĂ© tirĂ© d’une carte ancienne essayant, Ă  sa façon, d’intĂ©grer visuellement une certaine historicitĂ©. Il s’agit d’un proto-exemple de donnĂ©es spatialisĂ©es.

Durant le cours, une attention particuliĂšre a Ă©tĂ© accordĂ©e Ă  deux types de projets. PremiĂšrement, ceux qui concernent la population et la dĂ©mographie, et qui touchent aux disciplines de l’anthropologie, de l’économie, de la biologie, de l’épidĂ©miologie, de la psychologie et de l’histoire. Deux types de donnĂ©es peuvent ĂȘtre observĂ©es : les donnĂ©es en mouvement (comme les migrations, la mobilitĂ©, la sociologie de l’implantation
) et les donnĂ©es strictement dĂ©mographiques (comme la mortalitĂ©, la fertilitĂ©, les mariages
).

Le cas des migrations dans le monde – et la maniĂšre de reprĂ©senter ce phĂ©nomĂšne via un systĂšme GIS – a Ă©tĂ© abordé 


mais Ă©galement celui de la population parisienne, avec un projet d’extraction massive des donnĂ©es (entre 1839 et 1922) des annuaires et des almanachs de la rĂ©gion



ce qui a Ă©tĂ© l’occasion, par exemple, de replacer les habitants sur des cartes d’époque vectorisĂ©es



d’effectuer des statistiques sur les mĂ©tiers les plus pratiquĂ©s dans la capitale française



ou encore d’associer des noms de famille avec des professions.

Secondement, un grand intĂ©rĂȘt a Ă©tĂ© portĂ© aux projets d’histoire urbaine (spatiale) Ă  base de sources cadastrales. A l’instar de certains archĂ©ologues, les enseignants du cours encouragent les Ă©tudiants Ă  privilĂ©gier des approches combinant les outils 2D (typiques de la gĂ©ographie) avec ceux de la 3D (typiques de l’architecture et de l’urbanisme), qui ont tendance, malheureusement, Ă  ne pas ĂȘtre utilisĂ©s de maniĂšre conjointe.

À la suite de cette introduction historiographique et thĂ©orique aux mĂ©thodes de l’histoire urbaine, la constitution des groupes de travail a Ă©tĂ© achevĂ©e. Finalement, ce sont huit groupes de quatre Ă  cinq Ă©tudiants qui ont Ă©tĂ© créés, Ă  savoir : trois groupes cadastre, trois groupes population, un groupe icono Lausanne et un groupe CinĂ©ac. Par l’entremĂȘlement des Ă©tudiants de l’UNIL et de l’EPFL, ainsi que par celui de multiples sections (allant de l’architecture aux humanitĂ©s numĂ©riques, en passant par la robotique, l’histoire et le gĂ©nie civil), les projets du cours Histoire urbaine digitale : Lausanne Time Machine seront assurĂ©ment riches, innovants et profondĂ©ment interdisciplinaires.

La sĂ©ance du 27 octobre a Ă©tĂ© consacrĂ©e Ă  l’atelier TILT du semestre d’automne 2021, focalisĂ© sur la communication interdisciplinaire. Le thĂšme du jour Ă©tait l’informatisation et son impact sur le marchĂ© du travail, notamment la crĂ©ation/disparition d’emplois qui est Ă  prĂ©voir.

Les Ă©tudiantes et Ă©tudiants ont Ă©tĂ© rĂ©partis en groupe de quatre personnes, chacun devant lire un texte adoptant sur cette question un axe particulier (gĂ©nie industriel, Ă©conomie, sociologie et sciences politiques) puis, dans un second temps, effectuer ensemble une synthĂšse (en rĂ©flĂ©chissant au bien-fondĂ© d’une approche interdisciplinaire et aux dĂ©fis communicationnels posĂ©s par l’entrecroisement de plusieurs perspectives). D’ici la fin de l’annĂ©e, ils devront, en outre, fournir une rĂ©flexion personnelle sur cette problĂ©matique.

Le cours du mercredi 3 novembre 2021 a Ă©tĂ© divisĂ© en deux parties. Lors de la premiĂšre, Federica Pardini, doctorante en architecture Ă  l’EPFL, s’est penchĂ©e sur le dĂ©veloppement urbain de la ville de Lausanne. Elle a parcouru l’histoire architecturale de la ville du IVsiĂšcle Ă  nos jours, en se concentrant tout particuliĂšrement sur l’époque contemporaine.

Federica Pardini a mis l’emphase dĂšs le dĂ©but de sa prĂ©sentation sur la notion de topographie, fondamentale pour le projet Lausanne Time Machine, notamment en raison de la situation gĂ©ographique singuliĂšre du chef-lieu vaudois (construit sur trois collines et traversĂ© par deux cours d’eau). Lausanne est situĂ© par ailleurs entre cinq grands axes de communication : le Jura vaudois, la Savoie, la France et GenĂšve, le Valais et l’Italie, et enfin le reste de la Suisse alĂ©manique.

L’histoire de Lausanne commence dans le quartier Vidy, Ă  l’époque romaine (antique). La ville Ă©tait nommĂ©e Ă  cette Ă©poque le vicus de Lousonna.

Au Moyen-Âge, la population s’est installĂ©e dans les hauts de la citĂ©, avec pour Ă©picentre la cathĂ©drale de la ville, bĂątiment charniĂšre entre les deux parties de Lausanne (chacune d’un cĂŽtĂ© de la colline).

Outre le premier quartier qu’est celui de la CitĂ©, cƓur religieux de Lausanne, d’autres vont apparaĂźtre au fil d’une expansion de la ville vers le sud (donc vers le lac LĂ©man) ; en effet, au grĂ© des besoins artisanaux et commerciaux de Lausanne, vont se construire la Palud, Saint-Laurent, le Bourg et le Pont, chacun ayant une fonction qui lui est propre (les artisans, par exemple, se regroupent Ă  Saint-Laurent).

Lausanne a Ă©tĂ© construite au Moyen-Âge dans une logique militaire dĂ©fensive. Les bĂątiments Ă©taient en effet tous adossĂ©s les uns aux autres, de sorte Ă  construire une muraille autour de la ville. Cela a considĂ©rablement limitĂ©, jusqu’à la fin du XVIIIsiĂšcle, les possibilitĂ©s d’expansion de la citĂ©, vĂ©ritablement esclave de son enceinte. Seules quelques familles trĂšs aisĂ©es et/ou bourgeoises avaient commencĂ© Ă  s’installer dans les campagnes avoisinantes, en y faisant construire des domaines de taille consĂ©quente (maisons de maĂźtre, chĂąteaux, villas de luxe, etc.).

Ce qui a permis l’extension de la ville, c’est la dĂ©molition des grandes portes (Ă  commencer par celle de Saint-Pierre en 1787), qui dĂ©limitaient le contour de la citĂ©. A cela s’ajoute, en 1803, la nomination de Lausanne comme chef-lieu du canton de Vaud, ce qui a gĂ©nĂ©rĂ© la nĂ©cessitĂ© (symbolique) d’agrandir et d’ « amĂ©liorer Â» architecturalement la ville pour la rendre « digne Â» de ce rĂŽle. Un grand projet du XIXsiĂšcle est alors celui de la « Ceinture Pichard Â»â€Š


projet duquel on peut principalement souligner la construction de grands ponts au sein de la ville ; l’image de cette derniĂšre s’en voit notablement modifiĂ©e, Lausanne se mĂ©tamorphosant en citĂ© industrielle et devenant symbole de la modernitĂ©.

Le dĂ©marrage industriel de la ville se voit avantagĂ© par le dĂ©veloppement des moyens de transport au niveau international. Lausanne se dote Ă  cet Ă©gard d’une gare en 1856, qui est placĂ©e stratĂ©giquement au centre de la ville. Le secteur touristique (et hĂŽtelier) se dĂ©veloppe Ă©galement Ă  cette Ă©poque Ă  Lausanne, parallĂšlement, par exemple, Ă  Évian de l’autre cĂŽtĂ© du lac.

La ville est construite selon plusieurs modĂšles architecturaux, qui entretiennent parfois des relations conflictuelles. Federica Pardini s’est arrĂȘtĂ©e sur la construction du quartier Georgette, entre 1866 et 1897, pour illustrer ces diverses tendances architecturales ainsi que quelques spĂ©cificitĂ©s lausannoises (les architectes de l’époque contemporaine ont en effet empruntĂ© certains Ă©lĂ©ments architecturaux Ă  des modĂšles extĂ©rieurs, tout en dĂ©veloppant une typologie propre Ă  la ville).

Parmi ces modĂšles, on peut citer le modĂšle haussmannien (Ă©galement appelĂ© « hygiĂ©niste Â»), qui a Ă©tĂ© trĂšs en vogue Ă  Paris



ainsi que le modÚle du gratte-ciel américain, qui transparaßt notamment à travers la tour Georgette (et, ailleurs à Lausanne, à travers la tour Bel-Air).

C’est au XXsiĂšcle que se dĂ©veloppe Ă  Lausanne, dans son « Premier plan directeur d’extension Â», le modĂšle pittoresque, qui se distingue notamment par le respect de la topographie des lieux, en construisant des bĂątiments (moins hauts qu’auparavant) et des routes (plus sinueuses) en accord avec les dĂ©nivelĂ©s du terrain. On observe une manifestation de ce modĂšle dans la citĂ©-jardin de la colline de Bellevue.

En raison de la dĂ©multiplication de ces modĂšles architecturaux au fil de l’Histoire, Lausanne est vĂ©ritablement une ville mosaĂŻque. Ce caractĂšre fragmentaire, ces diverses ambiances urbaines sont encore apparentes aujourd’hui, lorsque l’on se promĂšne Ă  Lausanne et que l’on prĂȘte attention Ă  l’architecture des lieux



et lorsque l’on songe au projet Lausanne Horizon 2030, on peut aisĂ©ment en conclure que les transformations architecturales du chef-lieu sont loin d’ĂȘtre terminĂ©es.

La seconde partie de la sĂ©ance a Ă©tĂ© menĂ©e par Isabella di Lenardo, qui a rĂ©alisĂ© une introduction thĂ©orique aux systĂšmes de gĂ©orĂ©fĂ©rencement (en anglais : Geographical Information Systems, ou GIS). Le chercheur en digital humanities Ian Gregory a dĂ©fini ce type de logiciel comme « une sorte de systĂšme de gestion de base de donnĂ©es qui relie chaque Ă©lĂ©ment Ă  une reprĂ©sentation de son emplacement, en se basant sur des coordonnĂ©es, comme des points, des lignes, des polygones ou des pixels Â».

Les points, les lignes et les polygones peuvent ĂȘtre rangĂ©s dans la catĂ©gorie des « donnĂ©es vecteurs Â». Il s’agit typiquement du mode d’affichage choisi par Google Maps, les divers Ă©lĂ©ments de cette gigantesque carte numĂ©rique Ă©tant reprĂ©sentĂ©s, gĂ©omĂ©triquement, Ă  un niveau relativement schĂ©matique. GrĂące aux donnĂ©es vecteurs, il est possible de calculer des distances et des pĂ©rimĂštres, d’évaluer une densification, et plus gĂ©nĂ©ralement d’effectuer des analyses spatiales, si ce n’est spatiotemporelles (si une carte antĂ©rieure et/ou postĂ©rieure Ă  celle sur laquelle le chercheur travaille est ajoutĂ©e au projet en question).

La seconde grande famille de donnĂ©es (celle que Ian Gregory rattache au champ des « pixels Â») est celle que l’on nomme les « donnĂ©es raster Â», Ă  savoir les images et autres Ă©lĂ©ments iconographiques. Il s’agit typiquement des photographies satellitaires, des schĂ©mas d’architectes et des diverses cartes 2D et 3D insĂ©rables dans les logiciels GIS. GrĂące aux technologies rĂ©centes, il est possible d’automatiser la traduction des donnĂ©es raster en donnĂ©es vecteurs, par exemple Ă  l’aide de processus de reconnaissance des couleurs.

Afin de fonctionner ensemble dans un GIS, les donnĂ©es vecteurs et les donnĂ©es raster doivent possĂ©der des coordonnĂ©es gĂ©ographiques (X / Y / Z). Cela est plus efficace sur des cartes Ă  l’échelle locale et/ou nationale qu’à l’échelle globale, Ă©tant donnĂ© que la Terre est sphĂ©rique. Le systĂšme le plus utilisĂ©, Ă  l’échelle de la PlanĂšte bleue, est le WGS84. Au niveau des systĂšmes de coordonnĂ©es Ă  l’échelle locale, la Suisse et l’Italie en possĂšdent deux diffĂ©rents, la France trois.

À la suite de cette introduction gĂ©nĂ©rale, Isabella di Lenardo a prĂ©sentĂ© aux Ă©tudiantes et Ă©tudiants l’un de ces logiciels (permettant la crĂ©ation de cartes interactives Ă  l’échelle locale) : QGIS, qui a l’avantage d’ĂȘtre un systĂšme de gĂ©orĂ©fĂ©rencement disponible en open source. Cette partie de la sĂ©ance a eu pour but d’intĂ©grer une dimension pratique, puisque la chercheuse a proposĂ© en direct un tutoriel de ce GIS.

Pour accéder à QGIS, merci de cliquer ici.

Le cours du mercredi 10 novembre 2021, conduit par Lucas Rappo, docteur en histoire moderne (UNIL), collaborateur scientifique (EPFL) et assistant du cours, s’est intĂ©ressĂ© aux recensements et aux plans cadastraux â€“ deux types de documents qui seront exploitĂ©s par les Ă©tudiantes et les Ă©tudiants dans le cadre de cet enseignement –, notamment Ă  la maniĂšre dont ces sources peuvent servir Ă  tracer l’histoire Ă©conomique et sociale d’une ville, d’une rĂ©gion ou d’un pays.

Lucas Rappo a commencĂ© par les recensements, en en distinguant deux sortes : les simples (qui dĂ©nombre une certaine tranche de population sans mentionner le nom des gens) et les nominatifs (bien plus intĂ©ressants dans le cadre d’une analyse historique, puisque des informations plus dĂ©taillĂ©es y sont fournies sur les gens). Un exemple de l’une des premiĂšres ci-dessous, rĂ©alisĂ© par l’armĂ©e en 1764 Ă  Vevey et dans ses environs :

C’est d’ailleurs Ă  la mĂȘme Ă©poque qu’on observe les premiĂšres recherches historiques sur la population, menĂ©es par des pasteurs protestants du canton de Vaud Ă  partir des registres paroissiaux.

En Suisse, Ă  l’échelle nationale, le premier recensement nominatif date de 1798, parallĂšlement Ă  l’instauration de la RĂ©publique helvĂ©tique, qui a fait provisoirement de la Suisse un État centralisĂ©. Ci-dessous, un extrait de ce recensement (spĂ©cifiquement sur la commune de Corseaux) :

À partir de 1850, les recensements fĂ©dĂ©raux se standardisent, comprenant toujours les mĂȘmes renseignements pour chaque mĂ©nage : le sexe, l’ñge, l’état civil, la profession et la confession du chef de famille. À partir de 1888, les informations sont recueillies auprĂšs de l’entiĂšretĂ© des individus. Au total, c’est 15 recensements qui ont Ă©tĂ© effectuĂ©s entre 1850 et 2000.

Les recensements sont essentiels pour en apprendre plus sur l’organisation domestique, pour tracer l’histoire de la famille. L’un des plus grands topoĂŻ serait celui du passage de la « famille Ă©tendue Â» (intĂ©grant mĂȘme les domestiques) Ă  la « famille nuclĂ©aire Â» (ou « conjugale Â», comprenant uniquement les parents et leurs enfants). Lucas Rappo a quelque peu nuancĂ© ce postulat et a proposĂ© un parcours historiographique de l’histoire des familles en Suisse. Il a prĂ©sentĂ© les discours normatifs des 19Ăšme et 20Ăšme siĂšcles comme les recherches contemporaines de dĂ©mographie historique. Il s’est notamment arrĂȘtĂ© sur la contribution de Peter Laslett, qui a proposĂ© une typologie des modĂšles de mĂ©nage qui a fait date dans l’historiographie.

Un problĂšme notable du recensement en tant que source historique est sa dimension profondĂ©ment synchronique : il s’agit d’un portrait figĂ© d’une sociĂ©tĂ© Ă  un instant T. Pour y remĂ©dier, certains chercheurs ont rĂ©alisĂ© des analyses longitudinales, Ă©tudiant les mutations d’une population dans le temps.

Lucas Rappo est ensuite revenu sur le cas des recensements lausannois. Pendant la majoritĂ© du 19Ăšme siĂšcle, c’est la police municipale qui en Ă©tait chargĂ©e ; plus spĂ©cifiquement, durant la premiĂšre moitiĂ© du siĂšcle, des commissaires de quartier, qui ont repris le travail des « dixeniers Â», actifs pour leur part sous l’Ancien RĂ©gime. Outre leurs tĂąches habituelles (notamment le contrĂŽle des « bonnes mƓurs Â»), ils rĂ©alisaient deux recensements par annĂ©e, en janvier et en juillet (seuls les premiers ont Ă©tĂ© conservĂ©s), en se rĂ©partissant des secteurs (aussi appelĂ©s « divisions urbaines Â») de la ville. C’est en 1803 qu’on trouve le premier rĂšglement officiel concernant ces commissaires.

Suite Ă  de nombreuses mutations du service, liĂ©es Ă  l’augmentation de la population lausannoise et aux abus de pouvoir de ces reprĂ©sentants de l’ordre (absentĂ©isme, consommation massive d’alcool, agression physique de civils, etc.), ainsi qu’à la dĂ©mission du chef de la police, les commissaires de quartier deviennent en 1858 des commissaires de police et leurs tĂąches se voient rĂ©glementĂ©es plus adĂ©quatement. Ce n’est qu’en 1898 qu’ils cessent de s’occuper des recensements, cette mission revenant dĂšs lors au contrĂŽle des habitants, un nouveau dĂ©partement administratif peu Ă  peu sĂ©parĂ© de la police.

AprĂšs cette introduction aux recensements lausannois, Lucas Rappo a abordĂ© le cas des sources cadastrales. Ce sont des objets qui ont pour but de servir le dĂ©veloppement urbanistique, en dĂ©signant quelle terre appartient Ă  qui, confĂ©rant ainsi aux lieux une dimension Ă©conomique et permettant Ă  l’État la gestion fiscale du territoire. Ainsi, seuls les propriĂ©taires apparaissent dans ces documents.

En Suisse, les plans cadastraux arrivent assez tĂŽt, dĂšs le 17Ăšme siĂšcle. Au 18Ăšme siĂšcle, suivant une « grande entreprise de cadastration Â» mesurable Ă  l’échelle europĂ©enne, les plans cadastraux commencent Ă  ĂȘtre Ă©tablis un peu partout sur le territoire helvĂ©tique. Il faut nĂ©anmoins attendre 1812 pour que, Ă  l’échelle du canton de Vaud, un arrĂȘtĂ© s’attache Ă  la levĂ©e des plans, et 1827 pour que la rĂ©alisation de ces plans commence rĂ©ellement Ă  ĂȘtre mise en application (notamment avec le cadastre Berney Ă  Lausanne, entre 1827 et 1831).

Lucas Rappo a pris l’exemple de sa thĂšse de doctorat pour montrer comment les cadastres vaudois peuvent ĂȘtre utilisĂ©s dans des Ă©tudes historiques. Il s’est intĂ©ressĂ© dans une perspective diachronique au rĂ©seau de mariages entre rĂ©sidents de la mĂȘme paroisse d’une part entre 1773 et 1782, d’autre part entre 1831 et 1840, s’arrĂȘtant sur les hauts de Vevey (c’est-Ă -dire les communes de Corsier, Corseaux, Chardonne, Jongny et Puidoux).

Dans une perspective comparative, ce rĂ©seau de mariage peut ĂȘtre couplĂ© au rĂ©seau spatial du marchĂ© immobilier.

Durant la premiĂšre partie du cours du mercredi 17 novembre 2021, Isabella di Lenardo a suggĂ©rĂ© aux Ă©tudiantes et Ă©tudiants diverses idĂ©es pour leur projet respectif, leur proposant par exemple de rĂ©aliser des comparaisons diachroniques avec des jeux de donnĂ©es de mĂȘme nature, de s’arrĂȘter sur un type d’espace particulier (comme les vignes), ou encore de rĂ©flĂ©chir, grĂące Ă  ces diverses sources, Ă  la question du patrimoine.

La seconde partie du cours a Ă©tĂ© dĂ©diĂ©e quant Ă  elle aux sources audiovisuelles, en l’occurrence celles du CinĂ©ac lausannois. La sĂ©ance donnĂ©e en 2020 sur ce sujet par François Vallotton et Nelly Valsangiacomo a Ă©tĂ© rediffusĂ©e cet aprĂšs-midi-lĂ .

Pour un rĂ©sumĂ© de cette sĂ©ance, merci de se rĂ©fĂ©rer Ă  l’entrĂ©e « 28/10/2020 – Les sources audiovisuelles Â» dans le journal de bord 2020-2021.

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La sĂ©ance du 1er dĂ©cembre 2021 a Ă©tĂ© menĂ©e par Laurent Golay, directeur du MusĂ©e Historique de Lausanne. Via le prisme du consĂ©quent fond iconographique (notablement photographique) en possession de cette institution, l’objectif de Laurent Golay a Ă©tĂ© de retracer l’histoire du chef-lieu vaudois, en s’arrĂȘtant sur certaines parties de la ville et certaines pĂ©riodes historiques.

L’invention du mĂ©dium photographique au milieu des annĂ©es 1840 coĂŻncide avec le dĂ©but de grands travaux urbanistiques qui vont mĂ©tamorphoser Lausanne. C’est ce qu’on voit essentiellement avec le projet de la Ceinture Pichard, censĂ©e « gommer Â» le caractĂšre escarpĂ© de la ville par la construction d’imposants ponts, en la rendant par consĂ©quent plus facilement parcourable. Cette « intrusion Â» de la modernitĂ© Ă  Lausanne suscite un certain intĂ©rĂȘt, notamment chez les peintres et les photographes, qui immortalisent plusieurs constructions architecturales emblĂ©matiques, Ă  l’instar du Grand-Pont. On y observe aisĂ©ment la diffĂ©rence entre une vue artistique esthĂ©tisĂ©e, pleine de charme, et une source bien moins interprĂ©tative.

En comparant ces images Ă  d’autres plus anciennes ou rĂ©centes, d’importants changements urbanistiques apparaissent, comme les deux rangĂ©es d’arches qui vont ĂȘtre rĂ©duites Ă  une seule. En effet, dans le dernier quart du XIXe siĂšcle, le niveau infĂ©rieur du Grand-Pont sera enseveli lors des travaux de construction du quartier du Flon. Cela tĂ©moigne de l’importance de remettre les images dans leur contexte historique et de les comparer diachroniquement.

Une photographie moins « impressionnante Â», telle que celle du percement d’un tunnel Ă  Lausanne en 1850, regorge Ă  elle seule d’informations historiques, Ă  commencer par l’arrivĂ©e concrĂšte de la modernitĂ© dans un chef-lieu alors encore majoritairement constituĂ© de bĂątiments artisanaux, industriels, et de maisons de maĂźtre. Cette image est l’un des tĂ©moins de ce choc des Ă©poques qui se produit Ă  Lausanne au milieu du XIXe siĂšcle.

La photographie permet aussi de reprĂ©senter l’évolution technologique des moyens de transport. En 1865, par exemple, c’est la gare de Lausanne qui est créée, dont l’utilitĂ© est renforcĂ©e par le percement du tunnel du Simplon (soit le plus grand tunnel ferroviaire du monde) quelques annĂ©es plus tard, attirant de nombreux visiteurs du reste de l’Europe.

Cela va de pair avec un certain dĂ©veloppement touristique Ă  Lausanne, qui se reflĂšte dans l’expansion architecturale au sud de la ville. Cette expansion est rĂ©guliĂšrement illustrĂ©e par des vues d’artistes, ces derniers prenant souvent certaines libertĂ©s : on le voit, par exemple, avec l’une d’elle datant de 1891, qui est ici mise en relation avec une photographie prise en 1904, presque au mĂȘme endroit.

Laurent Golay a illustré plusieurs autres grands changements urbanistiques ayant eu lieu au début du XXe siÚcle, comme le comblement de la vallée du Flon, la construction du pont Chauderon et du pont BessiÚre



Et c’est l’Expo 64 qui a Ă©tĂ© l’objet du dernier « zoom Â» historique du directeur du MHL. Cette exposition marque, selon lui, le point d’orgue des Trente Glorieuses en Romandie, puisqu’en attirant Ă  Lausanne entre 11 et 12 millions de visiteurs, il a Ă©tĂ© nĂ©cessaire de rĂ©aliser des amĂ©nagements colossaux. L’autoroute GenĂšve – Lausanne (la premiĂšre de Suisse !) a Ă©tĂ© l’un des principaux symboles de cette modernisation du chef-lieu dans la deuxiĂšme moitiĂ© du XXe siĂšcle. Par ailleurs, cette explosion urbanistique ne s’est, aujourd’hui, jamais arrĂȘtĂ©e.

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La sĂ©ance du 22 dĂ©cembre a Ă©tĂ© consacrĂ©e Ă  l’examen de fin de semestre. Les huit groupes ont chacun eu dix minutes pour exposer aux enseignants et Ă  leurs collĂšgues leur hypothĂšse de recherche ainsi que les prĂ©misses du projet interdisciplinaire qu’ils rĂ©aliseront durant le second semestre.

Ce sont les groupes « Population Â» qui ont ouvert la sĂ©ance. Le premier d’entre eux s’intĂ©ressera Ă  la mixitĂ© sociale et professionnelle Ă  Lausanne en 1855, en Ă©tablissant un lien entre les quartiers et les mĂ©tiers qui y sont exercĂ©s. Ils compareront leurs rĂ©sultats aux Ă©tudes effectuĂ©es sur les recensements de 1798 et 1832.

Le groupe « Population 2 Â» mettra, de son cĂŽtĂ©, l’accent sur la question migratoire au 19Ăšme siĂšcle, en cherchant si les Lausannois d’origine Ă©trangĂšre ont tendance – ou non – Ă  exercer certains mĂ©tiers en particulier.

Le groupe « Population 3 Â» se penchera sur l’évolution des mĂ©tiers les plus pratiquĂ©s Ă  Lausanne, en 1832 puis en 1898, en se demandant parallĂšlement si la terminologie de ces professions Ă©volue et s’il y a un changement de statut socio-professionnel chez les artisans.

Les groupes « Cadastre Â» ont occupĂ© la deuxiĂšme partie de la sĂ©ance. Le premier d’entre eux questionnera les nouveaux modes de transports (trams, funiculaires, trains et bateaux) Ă  Lausanne en 1900 et rĂ©flĂ©chira Ă  la maniĂšre dont ils ont contribuĂ© Ă  l’urbanisation de la ville et ont impactĂ© la dĂ©mographie.

Le groupe « Cadastre 2 Â» Ă©tudiera le « bruit Â» Ă  Lausanne, en se demandant si la ville Ă©tait – ou non – plus bruyante au 19Ăšme siĂšcle que maintenant, mais aussi quelles Ă©taient les activitĂ©s qui produisaient du bruit, comment Ă©tait-il rĂ©parti dans la ville et quelle a Ă©tĂ© l’influence du dĂ©veloppement urbain.

Le groupe « Cadastre 3 Â» travaillera sur les vignes – vĂ©ritable symbole sociologique et culturelle du paysage lĂ©manique – et leur disparition au profit de l’urbanisation, en se posant la question : « comment l’arrivĂ©e du bĂąti a-t-elle transformĂ© le paysage viticole du sud lausannois ? Â».

Les deux groupes travaillant sur d’autres domaines ont conclu la sĂ©ance. Le premier d’entre eux, « Icono Lausanne Â», rĂ©flĂ©chira Ă  l’entrĂ©e du chef-lieu dans la modernitĂ©, notamment sous l’angle de la disparition d’une partie de son patrimoine urbanistique, dont on peut toutefois encore trouver des traces dans les sources iconographiques. Ils prendront la ceinture Pichard comme cas d’étude.

Le dernier groupe, « CinĂ©ac Â», s’interrogera sur les trajectoires des manifestations et slogans politiques et populaires Ă  Lausanne. Cela les amĂšnera Ă  rĂ©flĂ©chir au pourquoi et au comment cette ville est devenue, aujourd’hui, un lieu notable de contestation politique, notamment au rĂŽle que les mĂ©dias – CinĂ©ac en tĂȘte – ont jouĂ© dans cette Ă©volution.

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Lors de la sĂ©ance du mercredi 4 mai 2022, Isabella di Lenardo a proposĂ© aux Ă©tudiantes et Ă©tudiants du cours un retour sur la dĂ©mographie historique. Son but Ă©tait de fournir des conseils et des mĂ©thodes permettant d’apprĂ©hender un corpus de grande envergure, notamment d’analyser des statistiques basĂ©es sur des donnĂ©es historiques.

Il importe, avant tout, de distinguer deux types de recherches sur la dĂ©mographie :

L’un des travaux pionniers que l’on peut situer dans la filiation de la dĂ©mographie historique est un ouvrage du 17Ăšme siĂšcle de John Graunt, dans lequel il Ă©tudie la mortalitĂ© de la population londonienne dans une perspective diachronique. Cela lui permet de rĂ©flĂ©chir aux variations de la taille de la population ainsi qu’aux causes des dĂ©cĂšs. À ce titre, il est le premier Ă  s’intĂ©resser – sur le plan dĂ©mographique – Ă  l’évolution d’une Ă©pidĂ©mie, en l’occurrence la peste.

La dĂ©mographie historique Ă©merge rĂ©ellement en France dans les annĂ©es 1960-1970, dans la continuitĂ© des travaux des Annales, notamment ceux de l’historien Louis Henry. Aujourd’hui, les approches sont restĂ©es relativement similaires, Ă  l’exception de l’extraction de donnĂ©es qui est de plus en plus facilitĂ©e grĂące au dĂ©veloppement des mĂ©thodes computationnelles.

Dans le cas de la Suisse, le premier recensement rĂ©ellement « fiable Â» date de 1850, sachant que la rĂ©colte de donnĂ©es concernant la population commence Ă  ĂȘtre effectuĂ©e depuis lĂ  non plus au niveau cantonal, mais fĂ©dĂ©ral. On peut constater une consĂ©quente croissance de la population helvĂ©tique, celle-ci Ă©tant passĂ©e de 2.5 Ă  7.1 millions d’habitants en 130 ans.

En schĂ©matisant ces mĂȘmes informations grĂące Ă  des pyramides des Ăąges, on peut observer une tendance gĂ©nĂ©rale au vieillissement de la population suisse.

Isabella di Lenardo s’est attardĂ©e sur certains cas spĂ©cifiques, Ă  l’instar de la « transition dĂ©mographique Â», une thĂ©orie selon laquelle une population passerait d’un rĂ©gime dans lequel la fĂ©conditĂ© et la mortalitĂ© (notamment infantile) sont Ă©levĂ©es, Ă  un rĂ©gime dans lequel ces deux paramĂštres sont faibles. La phase transitoire reliant ces deux rĂ©gimes verrait dans un premier temps une amĂ©lioration des conditions de vie, allant de pair avec une baisse de la mortalitĂ©. La fĂ©conditĂ© s’équilibrerait avec la mortalitĂ© dans un second temps.

Trois indicateurs Ă  grande Ă©chelle sont gĂ©nĂ©ralement pris en considĂ©ration dans les Ă©tudes dĂ©mographiques : (1) la taille de la population, (2) la structure (taille et composition) de la population nubile, et (3) le milieu culturel et social. À ces indicateurs se couplent quatre paramĂštres : (I) la nuptialitĂ©, (II) la fĂ©conditĂ©, (III) la mortalitĂ© et (IV) la mobilitĂ©. Dans le cadre du projet Lausanne Time Machine, c’est majoritairement les deux premiers paramĂštres qui sont pris en compte, sachant que les registres de la population lausannois donnent essentiellement accĂšs Ă  ces deux types d’informations. Ces registres constituent, avec l’état civil, les principales sources exploitables pour le dĂ©mographe depuis le 19Ăšme siĂšcle.

Au sujet de la nuptialitĂ©, trois Ă©lĂ©ments sont particuliĂšrement pris en considĂ©ration pour rĂ©aliser des statistiques : le pourcentage de femmes mariĂ©es (au moins une fois), la distribution de l’ñge du mariage et la durĂ©e du mariage. GrĂące Ă  de telles donnĂ©es, des constats historiques surprenants ont pu ĂȘtre effectuĂ©s, notamment celui du rajeunissement du calendrier de la nuptialitĂ© des femmes des annĂ©es 1930 aux annĂ©es 1970, ces chiffres ayant mis en exergue une tendance contraire en Suisse Ă  celle de ses voisins europĂ©ens.

Au sujet de la fĂ©conditĂ©, c’est Ă  nouveau trois Ă©lĂ©ments qui sont spĂ©cifiquement Ă©tudiĂ©s par la dĂ©mographie historique : la rĂ©partition du nombre d’enfants par femme, cette mĂȘme rĂ©partition selon l’ñge des femmes, et enfin le croisement de cette rĂ©partition avec les professions exercĂ©es par les femmes en question.

Le statut de la femme est la principale donnĂ©e que l’on peut extraire de l’état civil. Dans le cas des femmes cheffes de famille, trois statuts sont envisageables : cĂ©libataire, divorcĂ©e ou veuve. Mais il est tout Ă  fait intĂ©ressant d’analyser cette donnĂ©e en relation avec celle de l’ñge de ces mĂȘmes femmes et de leur occupation (professionnelle ou non).

En somme, ces paramĂštres, ainsi que ceux prĂ©sentĂ©s prĂ©alablement, constituent l’un des socles permettant d’étudier la condition de la femme dans une zone prĂ©cise et Ă  une Ă©poque donnĂ©e.

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Le cours du mercredi 18 mai 2022 a Ă©tĂ© consacrĂ© Ă  la prĂ©sentation du jeu vidĂ©o Lausanne 1830, dĂ©veloppĂ© dans le cadre du projet « Lausanne Time Machine Â» par trois Ă©tudiants de l’EPFL sous la supervision du GameLab UNIL-EPFL. La sĂ©ance Ă©tĂ© dirigĂ©e par Yannick Rochat (professeur assistant co-fondateur de ce groupe de recherche) et Saara Jones (l’étudiante qui s’est occupĂ©e du game design du jeu).

Cette Ɠuvre vidĂ©oludique – qui sera achevĂ©e d’ici quelques mois – propose au joueur d’incarner un personnage chargĂ© par un travailleur de la commune de Lausanne de finir les cinq entrĂ©es incomplĂštes du registre de la population de la ville.

Le joueur doit alors – par le truchement de son avatar – explorer plusieurs zones de cette Lausanne reconstituĂ©e vidĂ©oludiquement, discuter avec d’autres personnages et rĂ©aliser des mini-jeux afin d’obtenir des informations lui permettant de terminer le registre.

Bien que la dimension ludique de Lausanne 1830 soit prĂ©dominante, notons que les dĂ©veloppeurs ont tenu Ă  intĂ©grer certains documents d’époque dans le jeu, pour lui confier une certaine historicitĂ©.

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Cette seconde annĂ©e acadĂ©mique du cours « Histoire urbaine digitale : Lausanne Time Machine Â» s’est conclue avec la sĂ©ance du mercredi 1er juin 2022, lors de laquelle les huit groupes ont prĂ©sentĂ©, chacun leur tour, les rĂ©sultats de leur recherche.

Le groupe Cadastre 1 s’est penchĂ© sur l’histoire gĂ©ographique du dĂ©veloppement des transports publics dans le centre-ville de Lausanne de 1838 Ă  1928. Cliquer ici pour consulter le site du projet.

Le groupe Cadastre 2 s’est concentrĂ© sur le « bruit Â» Ă  Lausanne au XIXe siĂšcle, en cherchant Ă  comparer le volume sonore Ă  celui de notre Ă©poque. Cliquer ici pour consulter le site du projet.

Le groupe Cadastre 3 s’est demandĂ©, au XIXe siĂšcle Ă©galement, comment l’arrivĂ©e du bĂąti a transformĂ© le paysage viticole du sud de Lausanne. Cliquer ici pour consulter le site du projet.

Le groupe Population 1 a questionné la mixité sociale et professionnelle à Lausanne grùce aux recensements de 1832 et 1855. Cliquer ici pour consulter le site du projet.

Le groupe Population 2 a travaillĂ© sur les liens entre l’origine des habitants de Lausanne et les mĂ©tiers qu’ils exerçaient au XIXe siĂšcle. Cliquer ici pour consulter le site du projet.

Le groupe Population 3 a Ă©tudiĂ©, dans une perspective diachronique (de 1835 Ă  1898), l’évolution des mĂ©tiers les plus pratiquĂ©s Ă  Lausanne. Cliquer ici pour consulter le site du projet.

Le groupe Icono Lausanne a analysĂ© les photographies, de 1808 Ă  2009, reprĂ©sentant de prĂšs ou de loin des Ă©lĂ©ments architecturaux avoisinant la « ceinture Pichard Â». Cliquer ici pour consulter le site du projet.

Le groupe Cinéac a réalisé une étude diachronique (de 1968 à 2014) des slogans visibles dans les manifestations politiques à Lausanne grùce aux vidéos Cinéac. Cliquer ici pour consulter le site du projet.

Mis Ă  jour hebdomadairement par Michael WagniĂšres, assistant-Ă©tudiant du cours UNIL/EPFL « Histoire urbaine digitale : Lausanne Time Machine », ce journal de bord contient un rĂ©sumĂ© de chacune des sĂ©ances du mercredi aprĂšs-midi, plusieurs images et, parfois, une interview filmĂ©e de l’intervenant du jour. Il est destinĂ© aux Ă©tudiants du cours, aux chercheurs intĂ©ressĂ©s par le projet « Lausanne Time Machine » comme aux simples curieux.

Cette premiĂšre sĂ©ance a eu pour but d’introduire le cours Lausanne Time Machine, ses objectifs et son calendrier. L’enseignement propose Ă  des Ă©tudiants de l’EPFL et de l’UNIL de partager ensemble leur expertise en travaillant, dans des groupes mixtes, sur la base de quatre corpus diffĂ©rents.

Le groupe population Ă©tudiera les registres officiels de personnes rĂ©sidant Ă  Lausanne, en se focalisant sur les recensements de l’annĂ©e 1832.

Le groupe cadastre réalisera des analyses morphologiques de certaines zones urbaines de la ville de Lausanne, notamment celle de Berney.

Le groupe icono Lausanne s’intĂ©ressera aux sources iconographiques reprĂ©sentant la ville, en les remettant en perspective historiquement.

Le groupe Cinéac se penchera sur les actualités filmées projetées quotidiennement (entre 1938 et 1969) dans une salle de cinéma à Lausanne.

Ainsi, avec pour cas d’Ă©tude la ville de Lausanne, les Ă©tudiants de l’EPFL pourront acquĂ©rir des connaissances sur la mĂ©thodologie historique, tandis ceux de l’UNIL pourront apprendre Ă  manipuler des donnĂ©es et des interfaces numĂ©riques.

Le deuxiĂšme cours, donnĂ© par Isabella di Lenardo, s’est penchĂ© sur l’histoire urbaine numĂ©rique, que l’on peut rattacher aux digital humanities, un champ de recherche regroupant Ă©galement – dans un domaine proche de l’histoire urbaine – les Ă©tudes sur la population et la dĂ©mographie, l’histoire Ă©conomique, l’histoire de l’espace « non-bĂąti Â» et, enfin, l’histoire de l’espace politique. Il a Ă©tĂ© question de revenir sur quelques exemples concrets, sur les critiques que l’on peut faire Ă  cette discipline et sur les dĂ©fis qui l’attendent Ă  l’avenir.

Ces approches sont basĂ©es sur les « systĂšmes d’information gĂ©ographique Â» (SIG), dispositifs que l’on retrouve dans l’espace public aujourd’hui tant avec les tĂ©lĂ©phones portables qu’avec les cartes Camipro. L’histoire urbaine numĂ©rique Ă©tudie ces objets, fruit d’un croisement entre la gĂ©ographie et les sciences de l’information, en y intĂ©grant une dimension historique (sachant que cette dimension a tendance Ă  ĂȘtre effacĂ©e dans les recherches « traditionnelles »).

Quelques exemples ont Ă©tĂ© tirĂ©s de cartes anciennes essayant, Ă  leur façon, d’intĂ©grer visuellement une certaine historicitĂ©.

Durant le cours, une attention particuliĂšre a Ă©tĂ© accordĂ©e Ă  deux types de projets. PremiĂšrement, ceux qui concernent la population, et qui touchent aux disciplines de l’anthropologie, de l’économie, de la biologie, de la psychologie et de l’histoire. Le cas des migrations dans le monde a Ă©tĂ© abordé 


Mais Ă©galement celui de la population parisienne, avec un projet d’extraction massive des donnĂ©es (entre 1839 et 1922) des annuaires et des almanachs de la rĂ©gion



Ce qui a Ă©tĂ© l’occasion, par exemple, de replacer les habitants sur des cartes d’époque redessinĂ©es



Ou d’effectuer des statistiques sur les mĂ©tiers les plus pratiquĂ©s dans la capitale française.

Secondement, un grand intĂ©rĂȘt a Ă©tĂ© portĂ© aux projets d’histoire urbaine. A l’instar de certains archĂ©ologues, les enseignants du cours encouragent le fait de privilĂ©gier des approches intĂ©grant les outils 2D (typiques de la gĂ©ographique) et ceux de la 3D (typiques de l’architecture et de l’urbanisme), qui ont tendance, malheureusement, Ă  ne pas ĂȘtre utilisĂ©s de maniĂšre complĂ©mentaire.

Certains rĂ©sultats du projet Venice Time Machine ont Ă©tĂ© prĂ©sentĂ©s durant la sĂ©ance, afin d’illustrer la façon dont l’extraction de donnĂ©es urbanistiques



Peut mener Ă  constater et Ă  analyser historiquement, dans une perspective synchronique et/ou diachronique, quatre phĂ©nomĂšnes : dĂ©jĂ  les rĂ©seaux de sociabilité 


Mais aussi l’organisation des familles, les transformations urbaines et les propriĂ©tĂ©s fonciĂšres (un exemple de ce dernier cas ci-dessous).

Lors du cours du 30 septembre, BĂ©la Kapossy, historien spĂ©cialisĂ© dans les questions philosophiques, intellectuelles et culturelles de l’époque moderne, est revenu sur la discipline de l’Histoire, afin de replacer l’histoire urbaine digitale dans un champ d’études plus large.

L’Histoire est Ă  la fois l’étude et l’écriture des Ă©vĂ©nements du passĂ©, indĂ©pendamment de leur complexitĂ©, et la plupart du temps sur une base de donnĂ©es fragmentaire. Ce qui dĂ©montre que l’Histoire est Ă  la fois une discipline qui entremĂȘle une dimension scientifique (Ă©tude), par l’analyse de faits vĂ©rifiables grĂące Ă  une mĂ©thodologie fiable historiquement (proche Ă  certains Ă©gards de l’archivistique), avec une dimension artistique (Ă©criture), par la production d’une interprĂ©tation subjective. Le discours des historiens dĂ©pend en effet de leur orientation politique et du contexte culturel dans lequel ils vivent, mĂȘme s’ils essaient gĂ©nĂ©ralement d’en faire abstraction. Une telle dualitĂ© se retrouve Ă©galement avec les concepts d’heuristique (science qui vise Ă  expliquer des phĂ©nomĂšnes) et d’hermĂ©neutique (qui cherche pour sa part Ă  interprĂ©ter ces mĂȘmes phĂ©nomĂšnes, afin de les comprendre). L’objectif de ce cours est justement, selon BĂ©la Kapossy, de parvenir Ă  Ă©tudier la ville de Lausanne Ă  la fois dans une perspective de scientifique, mais aussi dans une perspective d’historien, d’oĂč l’importance de la collaboration entre les Ă©tudiants de l’EPFL et ceux de l’UNIL.

Il est fondamental de distinguer, pour les historiens, les sources primaires de la littĂ©rature secondaire.

BĂ©la Kapossy s’est notamment arrĂȘtĂ© sur la perception de l’Histoire durant l’époque moderne. Il a par exemple analysĂ© une gravure zurichoise de 1700, hĂ©ritiĂšre d’une tradition humaniste. De cette reprĂ©sentation, on peut dĂ©jĂ  dĂ©gager une conception moderne de l’Histoire, cette derniĂšre pouvant ĂȘtre dĂ©finie ici, grĂące Ă  plusieurs figures allĂ©goriques, comme l’articulation entre la spatialitĂ©, la temporalitĂ© et la place qu’occupent les humains en leur sein.

La discipline historique a rencontrĂ© des opposants au cours de l’époque moderne, comme le courant philosophique du scepticisme historique, certaines personnes remettant en effet en doute la fiabilitĂ© des tĂ©moignages et accusant les historiens de travestir la vĂ©ritĂ© historique Ă  des fins personnelles ou au profit du pouvoir en place. BĂ©la Kapossy est Ă©galement revenu sur les relations conflictuelles entre les historiens et les Ă©rudits/antiquaires, les premiers accusant les seconds de collectionner massivement des objets en ne cherchant que peu – ou du moins de maniĂšre secondaire – Ă  les resituer dans un fil historique. MalgrĂ© cela, les typologies qu’ils ont créées ont notablement profitĂ© aux historiens.

C’est vĂ©ritablement au XXsiĂšcle qu’émerge la sous-discipline de l’histoire urbaine, non pas par les reprĂ©sentants de l’histoire constitutionnelle et politique, mais par ceux de l’histoire sociale, Ă©conomique, culturelle, dĂ©mographique, etc. Ces nouvelles approches se penchent sur les dimensions urbanistique des villes (leur rĂŽle dans le dĂ©clin de l’artisanat, dans les changements de la structure familiale
), politique (modernisation de l’administration, rĂ©publicanisme et communalisme
) ou religieuse (la place de la RĂ©forme dans les villes, le problĂšme du multi-confessionnalisme
).

BĂ©la Kapossy a Ă©galement proposĂ© une typologie des villes originaires de l’époque moderne. Il a notamment abordĂ© le projet avortĂ© (1625) de la « ville commerçante Â» d’Henripolis, qui aurait Ă©tĂ© une ville autogĂ©rĂ©e oĂč chacun choisit librement la confession qu’il dĂ©sire



Puis d’autres villes ayant rĂ©ellement Ă©tĂ© bĂąties, comme la « ville de fortification Â» de Neuf-Brisach (1698) en Alsace



La « ville de rĂ©sidence Â» de Versailles, fameuse habitation de la cour des rois de France de la fin du XVIIsiĂšcle jusqu’Ă  la RĂ©volution française



La « ville libre / rĂ©publique Â» de Berne, indĂ©pendance que l’on comprend notamment par le motif iconographique de l’aigle couronnĂ© sur son emblĂšme



Et, enfin, le cas de Lausanne, « ville municipale Â» d’un territoire sujet, sur laquelle ce cours va se focaliser. Par ailleurs, Lausanne va devenir de plus en plus, au fil du temps, une ville commerciale, artisanale et industrielle.

L’entretien filmĂ© avec BĂ©la Kapossy :

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Lors du cours du 14 octobre, Irene Bianchi, spĂ©cialiste dans la reconstitution numĂ©rique de villes en 3D, s’est penchĂ©e sur le dĂ©veloppement urbain de la ville de Lausanne. Elle a parcouru l’histoire architecturale de la ville du IVsiĂšcle Ă  nos jours, en se concentrant tout particuliĂšrement sur l’époque contemporaine.

Irene Bianchi a mis l’emphase dĂšs le dĂ©but de sa prĂ©sentation sur le terme de topographie, fondamental pour le projet Lausanne Time Machine, notamment en raison de la situation gĂ©ographique singuliĂšre du chef-lieu vaudois (construit sur trois collines et traversĂ© par deux cours d’eau). Lausanne est situĂ© par ailleurs entre cinq grands axes de communication : le Jura vaudois, la Savoie, la France et GenĂšve, le Valais et l’Italie, et enfin le reste de la Suisse alĂ©manique.

L’histoire de Lausanne commence dans le quartier Vidy, Ă  l’époque romaine (antique), la ville Ă©tant nommĂ©e Ă  cette Ă©poque le vicus de Lousonna.

Au Moyen-Âge, la population s’est installĂ©e dans les hauts de la citĂ©, avec pour Ă©picentre la cathĂ©drale de la ville, bĂątiment charniĂšre entre les deux parties de Lausanne (chacune d’un cĂŽtĂ© de la colline).

Outre le premier quartier qu’est celui de la CitĂ©, cƓur religieux de Lausanne, d’autres vont apparaĂźtre au fil d’une expansion de la ville vers le sud (donc vers le lac LĂ©man) ; en effet, au grĂ© des besoins artisanaux et commerciaux de Lausanne vont se construire la PaludSaint-Laurent, le Bourg et le Pont, chacun ayant une fonction qui lui est propre (les artisans, par exemple, se regroupent Ă  Saint-Laurent).

Lausanne a Ă©tĂ© construite au Moyen-Âge dans une logique militaire dĂ©fensive. Les bĂątiments Ă©taient en effet tous adossĂ©s les uns aux autres, de sorte Ă  construire une muraille autour de la ville. Cela a considĂ©rablement limitĂ©, jusqu’au XVIIIsiĂšcle, les possibilitĂ©s d’expansion de la citĂ©, vĂ©ritablement esclave de son enceinte. Seules quelques familles aisĂ©es et/ou bourgeoises avaient commencĂ© Ă  s’installer dans les campagnes avoisinantes, en y faisant construire des domaines de taille consĂ©quente (maisons de maĂźtre, chĂąteaux, villas de luxe, etc.).

Ce qui a permis l’extension de la ville, c’est la dĂ©molition des grandes portes (Ă  commencer par celle de Saint-Pierre en 1787), qui dĂ©limitaient le contour de la citĂ©. A cela s’ajoute, en 1803, la nomination de Lausanne comme chef-lieu du canton de Vaud, ce qui a gĂ©nĂ©rĂ© la nĂ©cessitĂ© (symbolique) d’agrandir et d’ « amĂ©liorer Â» architecturalement la ville pour la rendre « digne Â» de ce rĂŽle. Un grand projet du XIXsiĂšcle est alors celui de la « Ceinture Pichard Â»â€Š


Projet duquel on peut principalement souligner la construction de grands ponts au sein de la ville ; l’image de cette derniĂšre s’en voit notablement modifiĂ©e, Lausanne se mĂ©tamorphosant en citĂ© industrielle et devenant symbole de la modernitĂ©.

Le dĂ©marrage industriel de la ville se trouve avantagĂ© par le dĂ©veloppement des moyens de transport au niveau international. Lausanne se dote Ă  cet Ă©gard d’une gare en 1856, qui est placĂ©e stratĂ©giquement au centre de la ville. Le secteur touristique (et hĂŽtelier) se dĂ©veloppe Ă©galement Ă  cette Ă©poque Ă  Lausanne, parallĂšlement (par exemple) Ă  Évian de l’autre cĂŽtĂ© du lac.

La ville est construite selon plusieurs modĂšles architecturaux, qui entretiennent parfois des relations conflictuelles. Irene Bianchi s’est arrĂȘtĂ©e sur la construction du quartier Georgette, entre 1866 et 1897, pour illustrer ces diverses tendances architecturales ainsi que quelques spĂ©cificitĂ©s lausannoises (les architectes de l’époque contemporaine ont en effet empruntĂ© certains Ă©lĂ©ments architecturaux Ă  des modĂšles extĂ©rieurs, tout en dĂ©veloppant une typologie propre Ă  la ville).

C’est au XXsiĂšcle que se dĂ©veloppe Ă  Lausanne, dans son « Premier plan directeur d’extension Â», le modĂšle pittoresque, qui se distingue notamment par le respect de la topographie des lieux, en construisant des bĂątiments (moins hauts qu’auparavant) et des routes (plus sinueuses) en accord avec les dĂ©nivelĂ©s du terrain. On observe une manifestation de ce modĂšle dans la citĂ©-jardin de la colline de Bellevue.

De par la dĂ©multiplication de ces modĂšles architecturaux au fil de l’Histoire, Lausanne est vĂ©ritablement une ville mosaĂŻque. Ce caractĂšre fragmentaire, ces diverses ambiances urbaines sont encore apparentes aujourd’hui, lorsque l’on se promĂšne Ă  Lausanne et que l’on prĂȘte attention Ă  l’architecture des lieux



Et lorsque l’on songe au projet Lausanne Horizon 2030, on peut aisĂ©ment en conclure que les transformations architecturales du chef-lieu sont loin d’ĂȘtre terminĂ©es.

La sixiĂšme sĂ©ance du cours Lausanne Time Machine a Ă©tĂ© prĂ©sentĂ©e par BĂ©atrice Lovis, spĂ©cialiste de l’histoire culturelle lausannoise du XVIIIĂšme siĂšcle. Son intervention s’est concentrĂ©e autour de la plateforme numĂ©rique LumiĂšres.Lausanne, créée en 2008 Ă  l’initiative du professeur BĂ©la Kapossy, qui est une base de donnĂ©es importante sur les gens cĂ©lĂšbres ayant vĂ©cus Ă  Lausanne et leurs rĂ©seaux de sociabilitĂ©. Fondamentalement interdisciplinaire (la trentaine de chercheurs ayant travaillĂ© pour cette plateforme provenant, pour l’UniversitĂ© de Lausanne, Ă  la fois des sections Histoire, Philosophie et Français de la FacultĂ© des lettres, ainsi que de la FacultĂ© de thĂ©ologie) et en partenariat avec diverses institutions (notamment la BibliothĂšque cantonale et universitaire (BCU) de Lausanne, les Archives cantonales vaudoises (ACV) et les Archives de la Ville de Lausanne), LumiĂšres.Lausanne est Ă  la fois un outil de publication, un outil de recherche et un outil pĂ©dagogique pour les Ă©tudiants.

Concernant le premier aspect (LumiĂšres.Lausanne comme outil de publication), on peut relever que la base de donnĂ©es est composĂ©e de 270 fiches biographiques, 8500 fiches bibliographiques et – si l’on compte celles qui sont en cours – plus de 1000 transcriptions (essentiellement de textes manuscrits). Ces sources peuvent ĂȘtre des lettres comme des procĂšs-verbaux, en passant par des piĂšces de théùtre. A cela, on peut ajouter la publication sur le site de vidĂ©os de confĂ©rence ainsi que d’articles, purement scientifiques (les « Ă©tudes Â») ou semi-vulgarisĂ©s (les « trouvailles Â»).

Un exemple de fiche biographique :

Avantage notable de cette plateforme, comparativement par exemple Ă  DHS (Dictionnaire historique de la Suisse) : des sources et de la littĂ©rature secondaire peuvent ĂȘtre jointes aux fiches biographiques et bibliographiques.

LumiĂšres.Lausanne est Ă©galement un outil de recherche. Bien que la plateforme possĂšde quelques limites sachant que certaines fiches sont pour l’instant incomplĂštes, qu’elles nĂ©cessiteraient par consĂ©quent une rĂ©colte d’informations supplĂ©mentaires dans des archives, elle permet toutefois d’étudier en profondeur les personnalitĂ©s de l’époque et favorise surtout, dans l’interface mĂȘme, la recherche sur les rĂ©seaux de sociabilitĂ©.

Par ailleurs, LumiĂšres.Lausanne permet aux utilisateurs de crĂ©er leur propre espace de travail, de partager des bibliographies et d’établir des groupes de recherche.

Enfin, LumiĂšres.Lausanne est un outil pĂ©dagogique sur mesure pour les Ă©tudiants. Il est en effet possible pour eux de saisir des donnĂ©es biographiques, mais aussi de transcrire et d’éditer des manuscrits (divers travaux que les responsables du site vĂ©rifieront avant leur mise en ligne). Cela constitue un excellent exercice pour de nombreux Ă©tudiants, tout particuliĂšrement pour les historiens. Une rĂšgle importante demeure : celle de conserver l’orthographe ancienne lors de la transcription, contrairement Ă  une certaine tendance d’éditeurs contemporains qui la modernisent systĂ©matiquement.

Actuellement, sept projets ont Ă©tĂ© lancĂ©s dans le cadre du projet LumiĂšres.Lausanne. Certains d’entre eux sont terminĂ©s, Ă  l’instar de celui se penchant sur l’ancien Journal de NeuchĂątel nommĂ© le Mercure suisse (qui a existĂ© de 1732 Ă  1782).

Plateforme rĂ©cente, LumiĂšres.Lausanne est en constante Ă©volution et fera face, selon BĂ©atrice Lovis, Ă  plusieurs dĂ©fis Ă  l’avenir, Ă  savoir : pouvoir contrĂŽler rigoureusement l’accĂšs aux donnĂ©es ; assurer la qualitĂ© des saisies (notamment du fait que les documents courts sont plus difficiles Ă  ocĂ©riser que les longs) ; et enfin encourager la participation et les Ă©changes entre de nombreux chercheurs et Ă©tudiants du monde acadĂ©mique.

Pour accéder au site LumiÚres.Lausanne, cliquez ici.

La sĂ©ance du jour a Ă©tĂ© prĂ©sentĂ©e par François Vallotton et Nelly Valsangiacomo, tous deux professeurs en histoire contemporaine. Leur objectif a Ă©tĂ© de dĂ©montrer comment il est possible de raconter l’histoire d’une ville grĂące aux sources audiovisuelles (notamment en raison des nombreuses ressources documentaires de cette nature qui sont disponibles pour Lausanne), via l’exemple de CinĂ©ac.

Ce dernier est un cinĂ©ma projetant exclusivement des actualitĂ©s filmiques, tournĂ©es gĂ©nĂ©ralement en 16mm, accompagnĂ©es d’intertitres et souvent sans son (bien que certaines vidĂ©os possĂšdent de la musique et quelques bruitages ajoutĂ©s Ă  l’étape du montage). Ce type de salle de cinĂ©ma, ainsi que les actualitĂ©s projetĂ©es en premiĂšre partie des sĂ©ances de cinĂ©ma « traditionnelles Â», ont jouĂ© un rĂŽle central dans l’information de la population, surtout avant la gĂ©nĂ©ralisation de la tĂ©lĂ©vision et de ses Ă©missions d’actualitĂ©.

Le CinĂ©ac de Lausanne diffusait son programme (d’environ 40 Ă  50 minutes) en continu, tous les jours de 14h00 Ă  23h00. Il a existĂ© de 1938 et 1969, ce qui en fait l’expĂ©rience la plus longue de ce type en Suisse (en effet, d’autres CinĂ©ac ont existĂ© sur le territoire helvĂ©tique et dans le reste du monde). SituĂ© les huit premiĂšres annĂ©es Ă  la rue Saint-François 2, ce cinĂ©ma lausannois a dĂ©mĂ©nagĂ© pour le reste de son existence sur la Place Saint-François, lĂ  oĂč se trouve actuellement le fast-food Five Guys.

CinĂ©ac a connu une certaine postĂ©ritĂ©, puisque des acteurs culturels ont dĂ©cidĂ© de continuer Ă  capter et sauvegarder l’actualitĂ© lausannoise « digne d’ĂȘtre conservĂ©e Â» ; Octave Hegger, journaliste et militant anarchiste, a Ă©tĂ© mandatĂ© pour cette tĂąche entre 1969 et 1980, puis Bertrand Nobs, architecte-urbaniste et rĂ©alisateur, de 1980 Ă  2009. Un intĂ©rĂȘt notable a Ă©tĂ© portĂ© d’une part sur les grands Ă©vĂ©nements de la ville de Lausanne, d’autre part sur les mutations (notamment urbanistiques) du chef-lieu.

Une photographie de Bertrand Nobs en 1985, place de la Riponne :

ParallĂšlement est créé en 1982 une Commission des archives filmiques (au sein des Archives de la Ville de Lausanne) et deux fonds d’archives sont constituĂ©s en 1984, celui de l’institution tout juste citĂ©e et celui de la TSR (qui a achetĂ© une partie de ces sources). Les films qui y sont conservĂ©s y ont avant tout une valeur documentaire et patrimoniale, contrairement Ă  la fameuse CinĂ©mathĂšque suisse, autre lieu de conservation d’Ɠuvres audiovisuelles qui privilĂ©gie pour sa part la valeur esthĂ©tique.

François Vallotton s’est arrĂȘtĂ© sur un film en particulier, datant de 1960, diffusĂ© dans le CinĂ©ac de Lausanne : les obsĂšques du GĂ©nĂ©ral Guisan, figure militaire majeure de l’histoire suisse qui est, par ailleurs, l’une des personnes les plus mĂ©diatisĂ©es de son temps.

Bien que tournĂ©e « classiquement Â» en 16mm, cette source a deux particularitĂ©s techniques intĂ©ressantes : elle est en couleur, et elle possĂšde plusieurs Ă©lĂ©ments sonores hĂ©tĂ©rogĂšnes (cohabitation de sons pris sur le vif et de musiques solennelles postsynchronisĂ©es). De plus, le film commence par un prĂ©lude (une de sorte flashback) thĂ©matisant la relation entre Guisan et son cheval. Comparativement aux autres films CinĂ©ac, on peut ainsi constater que les funĂ©railles de l’ancien gĂ©nĂ©ral ont reçu un traitement filmique privilĂ©giĂ©. Étudier ce document avec un axe intermĂ©diatique se rĂ©vĂšle en outre ĂȘtre pertinent, car un Ă©vĂ©nement d’une telle ampleur a Ă©galement Ă©tĂ© reprĂ©sentĂ© simultanĂ©ment (ou presque) et massivement dans la presse et Ă  la tĂ©lĂ©vision (en direct).

Ces obsĂšques sont Ă©galement des plus intĂ©ressantes si l’on se penche sur l’histoire urbaine lausannoise : en effet, il est possible Ă  l’arriĂšre-plan d’observer l’architecture des lieux, les commerces, les moyens de transport, les accoutrements des citoyens, etc.

Nelly Valsangiacomo s’est quant Ă  elle penchĂ©e Ă©galement sur un film de 1960 : la dĂ©molition de la cheminĂ©e de la tannerie Mercier. Cette source nous permet Ă  la fois d’apprendre plusieurs Ă©lĂ©ments sur l’histoire de l’urbanisation de Lausanne (qui dĂ©truit les vestiges d’une culture industrielle jugĂ©e obsolĂšte pour privilĂ©gier l’image moderne d’une ville tertiaire), mais confĂšre Ă©galement Ă  cet Ă©croulement une dimension Ă  la fois spectaculaire et patrimoniale. En effet, alors que la cheminĂ©e n’était qu’un objet secondaire dans le paysage lausannois, en attestent les photographies d’époque qui la marginalisent visuellement



Elle est devenue en revanche, à sa chute, un objet patrimonial au centre des images.

L’entretien filmĂ© avec François Vallotton :

Le cours du 4 novembre a Ă©tĂ© consacrĂ© aux prĂ©sentations des quatre groupes de travail ; chacun d’entre eux a exposĂ©, pendant 10 Ă  20 minutes, l’état des lieux de sa recherche. Ces interventions n’étaient pas notĂ©es ; elles se voulaient avant tout l’occasion d’une discussion commune autour des premiĂšres pistes des Ă©tudiants et de leurs questionnements mĂ©thodologiques.

Le groupe population dispose du recensement de 1832 de la ville de Lausanne, qui contient prĂšs de 3400 entrĂ©es (incluant le nom du maĂźtre de maison, l’adresse du domicile, l’activitĂ© professionnelle exercĂ©e, etc.). L’intĂ©rĂȘt du groupe se portera sur le cas – passablement rare et souvent liĂ© Ă  une situation de veuvage – des femmes apparaissant dans le registre Ă  la tĂȘte du foyer. Quatre axes seront abordĂ©s : (1) comment ces femmes sont-elles devenues cheffes de famille, (2) quelle est la taille des familles en question, (3) leur classe sociĂ©tale et, enfin, (4) leur origine (si elles sont majoritairement ou non issues de migrations rĂ©centes). In fine, les Ă©tudiants chercheront Ă  comparer leurs rĂ©sultats avec d’autres recensement du 19Ăšme siĂšcle, provenant de Suisse romande ou d’ailleurs.

Le groupe cadastre, de son cĂŽtĂ©, se penchera sur certains quartiers de Lausanne, en cherchant Ă  gĂ©olocaliser les habitants (Ă  l’aide du recensement de 1832, Ă©galement utilisĂ© par le groupe population) sur quelques-uns des 197 documents cadastraux qu’ils possĂšdent. Leur but est d’observer si certains quartiers de la ville sont habitĂ©s par une frange de la population en particulier, ou si un type de mĂ©tier y est principalement exercĂ©. A cette approche synchronique succĂ©dera une approche diachronique, les Ă©tudiants dĂ©sirant comparer l’organisation urbaine du chef-lieu avec des cartes contemporaines. Par ailleurs, le groupe a pour objectif, via une interface informatique qu’ils crĂ©eront, de rendre ces donnĂ©es accessibles et intelligibles pour des recherches futures, qualitatives comme quantitatives.

Disposant de plus de 62’000 images photographiques du chef-lieu, le groupe icono Lausanne a dĂ©cidĂ© de crĂ©er quelques lignes de codes facilitant leur exploration de cette vaste base de donnĂ©es. Ils se serviront Ă  la fois de mots-clĂ©s hiĂ©rarchisĂ©s sur deux niveaux (« Ouchy Â» serait par exemple un mot-clĂ© principal et « Funiculaire Â» un secondaire) et d’un time slider (un outil permettant d’explorer une certaine fourchette de temps). Leur objectif est, grĂące Ă  une interface qu’ils dĂ©velopperont au fil de l’annĂ©e, de reconstituer en images une histoire urbanistique de la ville de Lausanne, en se focalisant sur certains de ses monuments emblĂ©matiques et de ses quartiers iconiques. Il sera Ă©galement possible de gĂ©olocaliser les photographies sur une carte interactive.

Enfin, le groupe CinĂ©ac (cf. sĂ©ance du 28.10.2020) dispose de 117 vidĂ©os d’actualitĂ©s rĂ©alisĂ©es et diffusĂ©es dans le cinĂ©ma lausannois Ă©ponyme entre 1938 et 1969. À partir d’un travail manuel de repĂ©rage et de gĂ©olocalisation des lieux (mentionnĂ©s dans les intertitres et/ou visibles en images) oĂč ont Ă©tĂ© tournĂ©s ces documents audiovisuels, le groupe a dĂ©couvert que plusieurs de ces endroits peuvent ĂȘtre rattachĂ©s Ă  des thĂšmes rĂ©currents : (1) de nombreux discours et Ă©vĂ©nements politiques sont tenus Ă  la Riponne, (2) les dĂ©filĂ©s se dĂ©roulent gĂ©nĂ©ralement entre St-François et Bel-Air, (3) Ouchy et Vidy sont dĂ©diĂ©s aux installations de divertissement, et (4) les parades militaires ont lieu Ă  Montbenon. Cette Ă©tude historico-thĂ©matique se couplera Ă  une observation de l’évolution urbanistique environnante et Ă  l’élaboration d’une carte interactive.

Le cours du 11 novembre a Ă©tĂ© consacrĂ© Ă  une prĂ©sentation de Ludovic Pollet, assistant-doctorant en histoire mĂ©diĂ©vale Ă  l’UniversitĂ© de Lausanne. Il s’est focalisĂ© sur les sources papier manuscrites, originaires pour certaines du Moyen-Âge, et leur potentielle rĂ©utilisation Ă  l’aide d’outils numĂ©riques par des historiens, des ingĂ©nieurs et des digital humanists.

Dans un premier temps, Ludovic Pollet a proposĂ© une typologie des sources Ă©crites permettant d’étudier la population lausannoise. Il a ainsi Ă©voquĂ© les registres de reconnaissance (l’ancĂȘtre du registre foncier : ils dĂ©crivent les parcelles et les localisent, afin d’identifier Ă  qui appartient certaines zones et l’argent que le « locataire Â» doit au propriĂ©taire du fief), les registres de paroisse (l’ancĂȘtre de l’état civil : les premiers cas de registres avec des informations sur les personnes, qui se lient aux cĂ©rĂ©monies religieuses traversant la vie des gens), les recensements (cf. sĂ©ance du 04/11/2020, documents sur lesquels travaille le groupe « Population Â») et les registres de notaire (ils fournissent des informations sur les relations – notamment Ă©conomiques – entre les individus). Un exemple de ce dernier cas de source ci-dessous :

Dans un second temps, Ludovic Pollet a rattachĂ© ces sources Ă  la question de l’Histoire Ă  l’ùre du numĂ©rique. Un problĂšme notable, en voulant extraire les nombreuses informations se trouvant dans ces archives pour crĂ©er une base de donnĂ©es, est celui de satisfaire les exigences des diffĂ©rents acteurs impliquĂ©s, sachant que les historiens, les ingĂ©nieurs et les digital humanists n’ont traditionnellement pas les mĂȘmes mĂ©thodologies. Par exemple, ces derniers se concentrent principalement sur une entrĂ©e ou alors cherchent Ă  faire une modĂ©lisation globale de l’information, voire des statistiques ou de la visualisation ; les historiens, quant Ă  eux, se servent des bases de donnĂ©es comme outil de recherche, ou comme moyen d’indexer leurs documents.

Pour illustrer ce problĂšme des sources et de ce qui en est retenu, Ludovic Pollet a prĂ©sentĂ© un brainstorming de la maniĂšre dont il faudrait reprĂ©senter de maniĂšre structurĂ©e l’information contenue dans les quatre types de documents mentionnĂ©s au dĂ©but de sa prĂ©sentation. Le linking est effectuĂ© entre les personnes ou entre les lieux. Cela lui permet de souligner encore d’autres problĂšmes rĂ©currents dans ce champ de recherche, comme le fait de n’étudier que les Ă©lites lausannoises (par « simplicitĂ© Â» historique) ou de construire des bases de donnĂ©es Ă  partir des personnes (plutĂŽt que directement Ă  partir des sources). Il a par ailleurs insistĂ© sur la nĂ©cessitĂ© de rattacher aux sources chacune des informations trouvĂ©es sur des individus.

La sĂ©ance du 18 novembre a Ă©tĂ© l’occasion d’accueillir Paola ViganĂČ, architecte et professeure d’urbanisme Ă  l’EPFL, ainsi que Martina Barcelloni Corte, Ă©galement architecte et professeure Ă  l’UniversitĂ© de LiĂšge. Pendant leur intervention, elles ont prĂ©sentĂ© trois stratĂ©gies de connaissance permettant d’aborder, Ă  travers le regard d’un(e) urbaniste, la ville de Lausanne. Leur prĂ©sentation est basĂ©e sur l’idĂ©e, dans la continuitĂ© des travaux d’AndrĂ© Corboz, que la ville contemporaine – du moins en Europe – a changĂ©, que le modĂšle de la « ville compacte Â» diminue et qu’une place plus grande est accordĂ©e celui de la « ville territoire Â», une ville bien plus Ă©parpillĂ©e, diffuse et hĂ©tĂ©rogĂšne au plan urbanistique. Lausanne serait emblĂ©matique de ce nouveau paradigme.

La premiĂšre de ces trois stratĂ©gies de connaissance est la description. Martina Barcelloni Corte Ă©voque, dans cette partie, le travail effectuĂ© avec des Ă©tudiants du cours EPFL « Analyse territoriale et urbaine Â». Pour rendre cette Ă©tape possible, il est nĂ©cessaire de s’immerger dans la ville tant physiquement (en allant la visiter et en effectuant des relevĂ©s) qu’avec les sources (photographies, dessins, films
) ayant participĂ© Ă  construire un « imaginaire Â» de cet endroit, sources qui rendent alors possible une nouvelle façon de percevoir et de façonner l’espace urbain.

Cette description doit s’articuler en trois temps, basĂ©s sur trois regards. DĂ©jĂ , l’expĂ©rience du lieu lui-mĂȘme, comme dĂ©crit prĂ©cĂ©demment.

Ensuite, ce que Martina Barcelloni Corte nomme (mĂ©taphoriquement) le palimpseste. C’est ce qui permet de passer de cette premiĂšre expĂ©rience du lieu (synchronique) Ă  une rĂ©flexion (diachronique) sur l’évolution du territoire. Un intĂ©rĂȘt particulier a donc Ă©tĂ© portĂ© aux cartes historiques, qui permettent de reconstituer l’expansion de Lausanne au fil du temps ainsi que les diffĂ©rentes strates de sa construction. Ci-dessous, un exemple d’une carte historique de l’EPFL prĂ©parĂ©e par deux Ă©tudiants (Quentin StĂ©phane et Pierre Dupont) :

Le troisiĂšme regard est celui des « rationalitĂ©s territoriales Â», soit la typologisation et l’analyse d’élĂ©ments urbains. L’idĂ©e est ici de mettre en relation la ville avec son territoire, et d’expliquer la maniĂšre dont ce lien Ă  un impact sur l’implantation de telle ou telle infrastructure Ă  tel ou tel endroit. Ont par exemple Ă©tĂ© Ă©tudiĂ©es en dĂ©tail les relations entre la Sorge (une riviĂšre lausannoise) et son environnement naturel et urbain d’une part (l’illustration provient des mĂȘmes Ă©tudiants citĂ©s au paragraphe ci-dessus)



et d’autre part la position urbanistique particuliùre qu’occupe à Lausanne le quartier du Flon (images, cette fois-ci, de Juliette Lafrasse et Elisa Nadas).

La deuxiĂšme stratĂ©gie de connaissance, Ă  savoir l’acte de projeter quelque chose vers le futur, a Ă©tĂ© prĂ©sentĂ©e par Paola ViganĂČ. Par consĂ©quent, le palimpseste a Ă©tĂ© dĂ©placĂ© : les considĂ©rations ne sont plus majoritairement portĂ©es sur les Ă©lĂ©ments urbanistiques qui lient passĂ© et prĂ©sent, mais sur ceux qui pourraient potentiellement joindre prĂ©sent et futur.

Trois classes d’analyse urbaine ont Ă©tĂ© retenues pour mener Ă  bien cette analyse. La premiĂšre concerne les corniches, donc les « surface(s) horizontale(s) Ă©troite(s) situĂ©e(s) Ă  flanc de falaise Â» (dictionnaire Antidote). Lieu d’invention du « panorama Â», les corniches permettent souvent – tout particuliĂšrement en Suisse (notamment dans l’Arc lĂ©manique) – de mettre naturellement en exergue la beautĂ© des paysages, en offrant une vue dĂ©gagĂ©e sur les environs.

Lausanne est un cas des plus intĂ©ressants, sachant qu’il s’agit d’une ville construite sur des collines ; les courbes de niveau sont donc trĂšs variables, alternant « terrasses Â» et pentes abruptes, favorisant donc la formation de nombreuses corniches naturelles. L’organisation urbaine du chef-lieu prend en compte cette gĂ©ographie spĂ©cifique ; un exemple rĂ©cent – en lien avec la pandĂ©mie de coronavirus – a Ă©tĂ© la dĂ©cision du canton de Vaud de crĂ©er au dĂ©but de l’étĂ© des pistes cyclables tout au long des corniches du LĂ©man (Ă  Lausanne y compris), afin de maximiser leur frĂ©quentation et, inversement, de diminuer le trafic automobile.

Le cas des microporositĂ©s est le deuxiĂšme angle de vue : il s’agit des nombreux endroits Ă  Lausanne facilitant le passage d’un espace Ă  l’autre, par exemple des jardins collectifs que tous peuvent traverser. Cela signifie que de nombreux espaces n’ont pas Ă©tĂ© entiĂšrement privatisĂ©s dans le chef-lieu ; cela apporte d’une part une atmosphĂšre plus chaleureuse Ă  cette ville (ces zones sont des lieux de sociabilitĂ©, de rencontre) et rend d’autre part possible la multiplication de petits projets dans l’espace public.

Enfin, le troisiĂšme thĂšme retenu par Paola ViganĂČ pour observer la ville de Lausanne est celui des « riviĂšres cachĂ©es Â». Ces cours d’eau Ă©taient trĂšs prĂ©sents dans l’imaginaire collectif du passĂ©, mais en ont quelque peu disparus aujourd’hui, ces riviĂšres Ă©tant dĂ©sormais couvertes et parfois mĂȘme rĂ©duites Ă  des tuyaux (dans lesquels se jettent l’eau d’égout). À Lausanne, de nombreuses riviĂšres (comme le Flon) ont Ă©tĂ© dĂ©viĂ©es pour pouvoir amĂ©nager le territoire. Ces objets suscitent et susciteront des questions nouvelles avec le rĂ©chauffement climatique, qui a une influence sur le cycle de l’eau.

La troisiĂšme stratĂ©gie de connaissance, Ă©galement prĂ©sentĂ©e par Paola ViganĂČ, est la construction d’un regard collectif, qui s’émancipe de la seule sphĂšre acadĂ©mique pour toucher un public plus large. Il est alors question de relier tous ces rĂ©sultats de recherche – portant sur l’organisation de l’espace urbain lausannois – aux transitions Ă©cologiques, techno-Ă©conomiques et socio-dĂ©mographiques de notre sociĂ©tĂ©. Le rĂ©chauffement climatique, typiquement, va nĂ©cessiter certaines adaptations architecturales et urbanistiques, en particulier dans les rĂ©gions qui seront touchĂ©es par des canicules de plus en plus intenses ; l’espace public devra ĂȘtre prĂ©parĂ© en consĂ©quence.

Une plateforme d’échange sur l’urbanisation contemporaine, New Climates in
 Lausanne, créée en 2020 par l’Habitat Research Center de l’EPFL, se concentre justement sur l’amĂ©nagement du territoire en rĂ©ponse aux bouleversements climatiques actuels et Ă  venir.

La sĂ©ance du 25 novembre a Ă©tĂ© dĂ©diĂ©e Ă  une prĂ©sentation de Maud Ehrmann, digital humanist et spĂ©cialiste de l’extraction numĂ©rique, de l’annotation et de la figuration de donnĂ©es textuelles. Elle s’est penchĂ©e sur le cas de la numĂ©risation de journaux anciens, en abordant un projet toujours en cours, dans lequel des membres de l’EPFL (dont elle) collaborent avec des chercheurs de l’UniversitĂ© de ZĂŒrich et de l’UniversitĂ© du Luxembourg : Media Monitoring of the Past – impresso.

L’objectif de ce projet, outre la numĂ©risation massive de donnĂ©es, est de crĂ©er une interface qui vise Ă  faciliter (comparativement Ă  des recherches avec des archives papier) la dĂ©couverte d’informations historiques dans les lignes de texte. Les journaux, qui existent depuis le 17Ăšme siĂšcle, ont toujours Ă©tĂ© des sources trĂšs importantes pour les historiens, puisqu’ils sont le miroir de la sociĂ©tĂ© Ă  une Ă©poque donnĂ©e, reprĂ©sentant tant la « grande Histoire Â» (les guerres, la politique internationale
) que la « petite Histoire Â» (les informations rĂ©gionales, la mĂ©tĂ©o
). Ainsi, les informations trouvables en leur sein sont Ă  la fois riches, denses, et surtout continues : du moment oĂč ils ont Ă©tĂ© conservĂ©s, les journaux, souvent publiĂ©s quotidiennement, permettent d’observer attentivement une pĂ©riode sur le long terme et sans interruption. Depuis le dĂ©but du projet, l’intĂ©gralitĂ© de prĂšs de 100 journaux diffĂ©rents ont Ă©tĂ© numĂ©risĂ©s dans le cadre du projet impresso.

Lors de son intervention, Maud Ehrmann a particuliĂšrement insistĂ© sur les dĂ©fis auxquels les chercheurs ont Ă©tĂ© confrontĂ©s en prĂ©parant cette interface de recherche. Le premier est celui de faire face Ă  des « silos Â» de journaux numĂ©risĂ©s. Bien que ce chiffre soit en constante augmentation, seuls 10% des journaux mondiaux ont Ă©tĂ© numĂ©risĂ©s. De plus, cela a Ă©tĂ© fait de maniĂšre dĂ©sĂ©quilibrĂ©e gĂ©ographiquement (la majoritĂ© des journaux numĂ©risĂ©s viennent d’Europe) et le copyright bloque l’accessibilitĂ© de certaines de ces archives, mĂȘme dans le cas oĂč elles ont Ă©tĂ© numĂ©risĂ©es. Pour l’instant, les chercheurs, s’ils dĂ©sirent avoir une vue d’ensemble de leur sujet, sont contraints Ă  des stratĂ©gies de recherche hybride (explorer les bases de donnĂ©es en ligne d’une part, d’autre part voyager et fouiller les archives papier les intĂ©ressant).

Le deuxiĂšme dĂ©fi, profondĂ©ment liĂ© au premier, est d’ĂȘtre confrontĂ©, une fois l’extraction effectuĂ©e, Ă  des donnĂ©es massives. Les chercheurs du projet impresso s’efforcent de standardiser tous les formats, afin de rĂ©duire la taille des fichiers tout en Ă©vitant de perdre de l’information. La conversion engendre toutefois de nombreux problĂšmes : prĂ©sence de rĂ©pertoires vides, de rĂ©pertoires corrompus ou d’incohĂ©rences. Dans certaines situations, ces problĂšmes peuvent provenir du journal d’origine (par exemple, dans le cas oĂč un quotidien n’a pas Ă©tĂ© publiĂ© pendant un certain laps de temps, cela engendre des bugs dans l’extraction d’informations). Tout corriger a posteriori est un travail laborieux que les collaborateurs sont obligĂ©s d’effectuer, car cela pose les fondations nĂ©cessaires au reste de la recherche.

Le troisiĂšme dĂ©fi concerne l’étape de l’ocĂ©risation (un terme provenant d’OCR, signifiant Optical Character Recognition). Souvent, le processus de reconnaissance des caractĂšres provoque de nombreuses erreurs, bruitant parfois considĂ©rablement les textes. Maud Ehrmann a pris l’exemple du mot « gazelle Â», surreprĂ©sentĂ© dans les journaux numĂ©risĂ©s sur impresso, alors qu’il s’agissait d’une simple erreur d’ocĂ©risation : c’est, en rĂ©alitĂ©, le mot « gazette Â» qui est des plus prĂ©sents. L’OCR gĂ©nĂšre ce type d’erreur, et d’autres fois le procĂ©dĂ© invente entiĂšrement des mots. Pour rĂ©soudre le problĂšme, il faut refaire une seconde fois l’étape de l’OCR, ou alors estimer la qualitĂ© du logiciel. À cet Ă©gard, de nouveaux systĂšmes de reconnaissance textuelle plus performants sont dĂ©veloppĂ©s, comme rĂ©cemment AbbyyFineReader en 2017 et HTR Recurrent Neutral Network en 2018. Une autre solution, dans le but d’amĂ©liorer le processus de l’OCR, est de complĂ©ter la recherche par une reconnaissance des « entitĂ©s nommĂ©es Â», donc des unitĂ©s rĂ©fĂ©rentielles du langage qui soulignent la sĂ©mantique des textes, en rĂ©pondant aux questions : qui, quoi, oĂč, quand et pourquoi.

Le quatriĂšme dĂ©fi touche Ă  l’interface graphique d’impresso : comment visualiser et explorer des donnĂ©es de maniĂšre intuitive et pratique ? C’est par le biais du « co-design Â» que l’équipe interdisciplinaire du projet impresso a conçu cette interface nouvelle : les text miners, les designers et les historiens participant au projet ont dĂ» Ă©changer en continu afin d’apprendre les uns des autres et d’expĂ©rimenter ensemble les Ă©volutions de l’interface ; cela, grĂące Ă  des workshops, des chercheurs associĂ©s invitĂ©s dans les universitĂ©s partenaires, des conversations collectives en ligne ou des collaborations individuelles. Les historiens ont par exemple dĂ» Ă©laborer des « scĂ©narios de recherche Â» ; les designers, eux, ont rĂ©flĂ©chi Ă  la maniĂšre dont une interface graphique pouvait rĂ©pondre au mieux Ă  ces questions hypothĂ©tiques. Cette conception collaborative a gĂ©nĂ©rĂ© certaines difficultĂ©s pratiques, mais la qualitĂ© « finale Â» de l’interface en a largement dĂ©pendu.

Une perspective plus large est adoptĂ©e dans le cas du cinquiĂšme dĂ©fi : les chercheurs se sont interrogĂ©s sur l’impact d’impresso sur les Ă©tudes numĂ©riques. Comment les historiens, formĂ©s professionnellement Ă  un travail prĂ©cis et rigoureux, peuvent se contenter de donnĂ©es extraites automatiquement, gĂ©nĂ©ralement d’une maniĂšre imparfaite, qui plus est des donnĂ©es algorithmiques changeantes ? Comment trouver le juste milieu entre ces limitations et une interface simplement esthĂ©tique, qui donnerait l’illusion que tout est Ă  disposition ? La transparence s’est ainsi rĂ©vĂ©lĂ©e primordiale, au sein des discussions entre les membres du projet comme au sein de l’interface de recherche (impresso ne montre qu’une partie de ce que les sources sont rĂ©ellement, l’interface masquant les multiples Ă©tapes prĂ©paratoires).

La prĂ©sentation a Ă©tĂ© complĂ©tĂ©e par une exploration d’impresso avec Maud Ehrmann, qui a ainsi pu expliquer comment des recherches textuelles et/ou iconographiques peuvent ĂȘtre effectuĂ©es Ă  l’aide de cette interface.

Pour accĂ©der Ă  impresso, cliquez ici.
 
L’entretien filmĂ© avec Maud Ehrmann :

La sĂ©ance du 2 dĂ©cembre s’est avant tout voulue ĂȘtre un mode d’emploi (parfois rĂ©capitulatif) pour les Ă©tudiantes et les Ă©tudiants des outils techniques mobilisables dans le cadre de leurs recherches. C’est RĂ©mi Petitpierre, assistant scientifique Ă  l’EPFL et assistant du cours Lausanne Time Machine, qui s’est chargĂ© de reparcourir ces outils et de rĂ©pondre aux diverses questions des gens Ă  leur sujet.

La prĂ©sentation a Ă©tĂ© divisĂ©e en deux parties. PremiĂšrement, RĂ©mi Petitpierre a abordĂ© Python â€“ un langage de programmation permettant de traiter une grande quantitĂ© de donnĂ©es textuelles – et ses librairies. Python est typiquement utile pour automatiser des tĂąches de repĂ©rage simples, mais chronophages. AprĂšs ĂȘtre revenu sur le processus d’installation du logiciel et des libraires, RĂ©mi Petitpierre a rappelĂ© certaines modalitĂ©s d’exĂ©cution (l’introduction de variables, le paramĂ©trage de comparaisons, etc.) et a prĂ©sentĂ© les librairies Pandas (un langage de communication de Python spĂ©cialisĂ© dans la lecture et la manipulation de base de donnĂ©es, par exemple des tableaux Excel) et NumPy (spĂ©cialisĂ©, pour sa part, dans les opĂ©rations mathĂ©matiques et les statistiques de base).

Pour accéder à Python, cliquez ici.
 

Secondement, RĂ©mi Petitpierre a parlĂ© de la cartographie numĂ©rique. Il a Ă©voquĂ© OpenStreetMap, « le WikipĂ©dia de l’information gĂ©ographique Â» : en effet, cette base de donnĂ©es se construit grĂące Ă  des gens du commun qui viennent nommer des lieux et localiser certains points d’intĂ©rĂȘts. Sa fonction de recherche, Nominatim, offre la possibilitĂ© de trouver des adresses et de les gĂ©olocaliser. En disposant de tels informations gĂ©ographiques, il est envisageable de gĂ©ocoder des donnĂ©es. Des logiciels comme Leaflet ou Folium permettent Ă  cet Ă©gard la crĂ©ation de cartes interactives, sur lesquels le programmeur peut ajouter des marqueurs et divers fichiers textuels, iconographiques et/ou audiovisuels. La prĂ©sentation de cette section a Ă©tĂ© complĂ©tĂ©e par divers conseils techniques : la gestion de points se trouvant superposĂ©s, la lecture et la conversion de certains types de donnĂ©es (shapefile), etc.

Pour accĂ©der Ă  OpenStreetMap, cliquez ici et ici pour Leaflet.

Aucun résumé pour cette séance.

Pour consulter les premiĂšres avancĂ©es des quatre groupes de travail, merci de vous rĂ©fĂ©rer Ă  la section « 04/11/2020 – PrĂ©sentation des groupes Â» du journal de bord.

Le cours du 16 dĂ©cembre, Ă  savoir la derniĂšre sĂ©ance du premier semestre, a Ă©tĂ© dĂ©diĂ© Ă  une prĂ©sentation notĂ©e des quatre groupes de travail. Pendant environ 20 minutes, ces derniers ont dĂ» d’une part exposer l’état de leurs recherches respectives, d’autre part introduire les projets pratiques qu’ils ont l’intention de rĂ©aliser au cours du semestre de printemps 2021.

S’intĂ©ressant toujours au cas des femmes cheffes de famille (grĂące au recensement lausannois de 1832), le groupe Population a longuement prĂ©sentĂ© ce qui – au plan technique – a Ă©tĂ© effectuĂ© depuis au niveau des donnĂ©es dont ils disposent. Ils ont dĂ©cidĂ©, pour l’instant, de se focaliser sur les quartiers du Bourg (une zone principalement habitĂ©e par des bourgeois) et Saint-Jean (une zone bien moins aisĂ©e Ă©conomiquement), afin d’obtenir des premiĂšres statistiques sur la rĂ©partition entre veuves et cĂ©libataires, la commune d’origine des citoyennes, leur activitĂ© professionnelle et, enfin, leur annĂ©e de naissance. Par la suite, cette Ă©tude statistique sera Ă©tendue Ă  l’intĂ©gralitĂ© de la ville de Lausanne. Ces analyses quantitatives pourront alors ĂȘtre couplĂ©e, par exemple, Ă  une Ă©tude des classes socioĂ©conomiques de ces femmes, ou alors aux raisons les ayant amenĂ©es Ă  occuper une telle position.

Les membres du groupe Cadastre, eux aussi, ont longuement prĂ©sentĂ© les Ă©tapes techniques qu’ils ont accomplies Ă  l’aide des donnĂ©es Ă  leur disposition, basant mĂȘme la majoritĂ© de leur intervention sur cet aspect-lĂ . Pour l’instant, le groupe Cadastre ne s’est arrĂȘtĂ© que sur la Rue du Grand-Saint-Jean, composĂ©e de 136 parcelles. Au deuxiĂšme semestre, ils Ă©tendront leurs analyses au centre-ville (voire Ă  l’entiĂšretĂ© de la zone urbaine du chef-lieu) et dĂ©velopperont un moteur de recherche intĂ©grant les paramĂštres Â« mĂ©tier Â», « rue Â», « lieu d’origine Â», « nom du propriĂ©taire Â» et « nom des locataires Â». Des cartes organisĂ©es selon les professions des citoyens ou leur lieu d’origine seront alors potentiellement dĂ©veloppables. Leur objectif, en somme, sera de rĂ©pondre Ă  la question suivante : « comment Ă©tait, d’un point de vue spatial, l’organisation socioĂ©conomique de la ville de Lausanne en 1832 ? Â».

AprĂšs avoir fait un retour sur le caractĂšre massif et diversifiĂ© de leur base de donnĂ©es, le groupe Icono Lausanne a expliquĂ© avoir limitĂ© cette derniĂšre pour leur Ă©tude aux images rĂ©pondant aux mots-clĂ©s « Lausanne Â», « format numĂ©rique Â» et « urbanisme Â», ainsi qu’au filtre gĂ©ographique « Flon Â» et « Ouchy Â». Dans l’ensemble, leur objectif principal a peu changĂ© : crĂ©er une carte interactive (grĂące Ă  Geopy et Leaflet) sur laquelle il est possible de cliquer sur des Ă©pinglettes pour visualiser les images prises Ă  tel ou tel endroit de Lausanne ; le time slider, de son cĂŽtĂ©, serait un plus non nĂ©gligeable qui permettrait d’analyser plus prĂ©cisĂ©ment l’évolution historique de certains bĂątiments (Ă  l’instar du funiculaire). De tels outils rendront possible (et nĂ©cessaire) l’émergence de certaines questions historiques, en particulier celle-ci : « comment est-ce que les transformations urbaines de la ville de Lausanne tĂ©moignent de l’évolution de la vie sociale ? Â».

Finalement, les membres du groupe CinĂ©ac, aprĂšs ĂȘtre briĂšvement revenus sur l’histoire de l’institution Ă©ponyme et sur les informations techniques de leurs sources, sont arrivĂ©s Ă  la conclusion qu’il valait mieux limiter leurs recherches Ă  certains Ă©vĂ©nements (Ă  l’instar de l’Expo 64) et certains lieux. Ainsi, ils souhaitent se demander dans leur travail « en quoi le corpus CinĂ©ac est un outil pour la reconstruction de l’histoire de la ville de Lausanne Â», mais aussi quelles sont les « thĂ©matiques dominantes Â» reprĂ©sentĂ©es, leurs liens avec l’histoire du XXsiĂšcle et la rĂ©partition de ces sujets dans le temps. Ces principales thĂ©matiques sont la politique – qu’il s’agisse d’une expression officielle (Ă©lections, assermentations
) ou populaire (grĂšves
) –, les parades, les loisirs (les dĂ©filĂ©s et les compĂ©titions sportives sont les plus documentĂ©es) et les faits divers. Le projet de gĂ©olocalisation de ces sources (sur une carte interactive) sera mis en place au second semestre. À cela s’ajoutera la crĂ©ation de trois petits journaux, un pour chacune des Ă©poques qui ont Ă©tĂ© identifiĂ©es (l’avant-guerre, la Seconde Guerre mondiale et l’aprĂšs-guerre), qui contextualiseront historiquement et resitueront gĂ©ographiquement chacune des sources.

Le cours Lausanne Time Machine a repris le 24 fĂ©vrier 2021, Ă  la suite du traditionnel intersemestre acadĂ©mique. Cette sĂ©ance a essentiellement eu pour but d’ĂȘtre une introduction au second semestre : accueil des Ă©tudiants, prĂ©sentation du nouveau programme et, enfin, retrouvailles et discussion des membres des quatre groupes de travail.

Pour cette troisiĂšme phase, RĂ©mi Petitpierre, assistant scientifique Ă  l’EPFL et assistant du cours Lausanne Time Machine, a demandĂ© aux groupes d’effectuer cinq choses : (1) rĂ©cupĂ©rer les questions de recherche du semestre dernier et, si nĂ©cessaire, clarifier leur formulation ; (2) dĂ©composer le travail restant en plusieurs Ă©tapes ; (3) dĂ©finir un calendrier ; (4) rĂ©partir le travail entre les Ă©tudiants ; (5) anticiper les difficultĂ©s et les Ă©tapes qui nĂ©cessiteront des complĂ©ments lors de cours techniques et/ou thĂ©oriques. L’objectif a ainsi Ă©tĂ©, dĂšs le cours initial du semestre, de proposer pour les semaines Ă  venir une premiĂšre Ă©bauche de planification (pour les groupes de travail comme pour les prochaines sĂ©ances).

Le cours du 3 mars 2021, donnĂ© par Isabella di Lenardo, a Ă©tĂ© divisĂ© en deux parties. La premiĂšre s’est voulue ĂȘtre une introduction thĂ©orique aux systĂšmes de gĂ©orĂ©fĂ©rencement (en anglais : Geographical Information Systems). Le chercheur en digital humanities Ian N. Gregory a dĂ©fini ce type de logiciel comme Ă©tant « une sorte de systĂšme de gestion de base de donnĂ©es qui relie chaque Ă©lĂ©ment Ă  une reprĂ©sentation de son emplacement, en se basant sur des coordonnĂ©es, comme des points, des lignes, des polygones ou des pixels Â».

Les points, les lignes et les polygones peuvent ĂȘtre rangĂ©s dans la catĂ©gorie des « donnĂ©es vecteurs Â». Il s’agit typiquement du mode d’affichage choisi par Google Maps, les divers Ă©lĂ©ments de cette gigantesque carte numĂ©rique Ă©tant reprĂ©sentĂ©s, au niveau gĂ©omĂ©trique, relativement schĂ©matiquement. GrĂące aux donnĂ©es vecteurs, il est possible de dĂ©duire des distances, de calculer des pĂ©rimĂštres, d’évaluer une densification, et plus gĂ©nĂ©ralement d’effectuer des analyses spatiales, si ce n’est spatiotemporelles (si une carte antĂ©rieure et/ou postĂ©rieure Ă  celle sur laquelle le chercheur travaille est ajoutĂ©e au projet en question).

La seconde grande famille de donnĂ©es (celle que Ian N. Gregory rattache au champ des « pixels Â») est celle que l’on nomme les « donnĂ©es raster Â», Ă  savoir les images et autres Ă©lĂ©ments iconographiques. Il s’agit typiquement des photographies satellitaires, des schĂ©mas d’architectes et des diverses cartes 2D et 3D insĂ©rables dans les logiciels GIS. GrĂące aux technologies rĂ©centes, il est possible d’automatiser la traduction des donnĂ©es raster en donnĂ©es vecteurs, par exemple Ă  l’aide de processus de reconnaissance des couleurs.

Afin de fonctionner ensemble dans un GIS, les donnĂ©es vecteurs et les donnĂ©es raster doivent possĂ©der des coordonnĂ©es gĂ©ographiques (X / Y / Z). Cela est plus efficace sur des cartes Ă  l’échelle locale et/ou nationale qu’à l’échelle globale, puisque la Terre n’est pas une sphĂšre aux contours « parfaits Â». Toutefois, trois systĂšmes Ă  l’échelle de la PlanĂšte bleue sont rĂ©guliĂšrement utilisĂ©s : le WGS84 (systĂšme de rĂ©fĂ©rence mondial pour l’heure), ainsi que Mercator (surtout utilisĂ© dans la cartographie maritime) et Lambert (surtout utilisĂ©, pour sa part, dans la cartographie aĂ©ronautique).

La seconde partie du cours a Ă©tĂ© dĂ©diĂ©e Ă  l’un de ces logiciels (pour la crĂ©ation de cartes interactives Ă  l’Ă©chelle locale) : QGIS, qui a l’avantage d’ĂȘtre un systĂšme de gĂ©orĂ©fĂ©rencement disponible en open source.

Cette partie de la sĂ©ance a eu pour but d’intĂ©grer une dimension pratique, puisqu’Isabella di Lenardo a proposĂ© un tutoriel en direct de QGIS, ainsi que trois exercices qu’elle a rĂ©alisĂ©s en mĂȘme temps que les Ă©tudiants du cours. L’un de ces exercices Ă©tait consacrĂ© au systĂšme routier des États-Unis



Le deuxiĂšme Ă  la crĂ©ation d’un nouveau dataset pour un cadastre lausannois de 1831-1832



Et le dernier, enfin, Ă  un test de l’interopĂ©rabilitĂ© des formats sur QGIS, avec le cas d’une carte de Philadelphie datant de 1802.

Pour accéder à QGIS, cliquez ici.

Le cours du mercredi 10 mars a Ă©tĂ© scindĂ© en deux. La premiĂšre partie a Ă©tĂ© donnĂ©e par Isabella di Lenardo, qui s’est intĂ©ressĂ©e Ă  la dimension structurelle du document processing, soit les pratiques visant Ă  numĂ©riser des documents analogiques, non pas en effectuant un simple scan de ces derniers, mais en les rendant numĂ©riquement intelligibles.

Le document processing peut ĂȘtre utilisĂ© sur des documents textuels (manuscrits, lettres, registres
) et/ou iconographiques (cartes, photographies, schĂ©mas
). Dans un cas comme dans l’autre, les documents sont des Ă©cosystĂšmes dans lesquels coexistent des « objets Â» et des « phĂ©nomĂšnes Â». Les versions physiques intĂšgrent ces multiples informations ; les versions numĂ©risĂ©es, Ă  leur façon, les documentent Ă©galement, mais il est en outre possible d’identifier et de mettre en exergue, grĂące Ă  divers processus informatiques, plusieurs de leurs structures internes.

Trois dimensions sont concernĂ©es par ces processus :

Pour prendre un exemple concret, il est possible d’évoquer la nĂ©cessitĂ© qu’a l’ordinateur, afin de mener Ă  bien son processus de reconnaissance des caractĂšres, de comprendre le sens de lecture d’un texte. Or, celui-ci peut-ĂȘtre plus inhabituel qu’il n’y paraĂźt. Un texte peut se lire de maniĂšre linĂ©aire, mais avec de nombreux embranchements offrant des complĂ©ments d’informations, notamment avec les gloses bibliques et universitaires



le lecteur doit aussi, parfois, parcourir successivement deux colonnes parallùles



tomber sur des lignes se lisant de gauche à droite, puis inversement



ou enfin ĂȘtre confrontĂ© Ă  des textes dotĂ©s d’un sens de circulation bien plus nĂ©buleux.

Ces diverses complexifications dĂ©montrent que la transcription numĂ©rique de documents analogiques n’est que la phase finale du document processing ; en effet, il faut obligatoirement commencer par une analyse de la mise en page, afin que la transcription tienne compte des structures internes du document concernĂ©.

Isabella di Lenardo prĂ©conise l’utilisation d’un format de reprĂ©sentation de l’information uniformisĂ© plutĂŽt que systĂ©matiquement rĂ©inventĂ© (comme de nombreuses archives et bibliothĂšques le font) afin de garantir l’interopĂ©rabilitĂ© des donnĂ©es. L’un des premiers standards – encore en vigueur aujourd’hui – est celui de l’Open Annotation Model, qui rend possible l’ajout de mĂ©tadonnĂ©es, attributs ou commentaires Ă  certaines zones spĂ©cifiques des documents numĂ©risĂ©s (cela permet, par exemple, pour un manuscrit mĂ©diĂ©val, de distinguer les zones textuelles des ornementations visuelles).

La communautĂ© ayant travaillĂ© sur ce systĂšme a nommĂ© les outils utilisĂ©s les Shared Canvas. GrĂące Ă  eux, il est par exemple possible de rajouter des transcriptions, ainsi que des annotations pour taguer la langue du document, le style, l’auteur, etc. Le document devient alors une toile de fond, sur lequel l’annotateur peut ajouter du savoir et de la connaissance. Ce sont les Shared Canvas qui servent Ă  gĂ©nĂ©rer des modĂšles de donnĂ©es, et qui permettent de multiplier les Ă©lĂ©ments d’annotation dans le mĂȘme environnement numĂ©rique (et de les transposer ailleurs).

Tout ce systĂšme de gestion de l’annotation et de ce que sont les mĂ©tadonnĂ©es associĂ©es Ă  ce type de documents est dĂ©veloppĂ© par une autre communautĂ© : International Image Interoperability Framework (traditionnellement abrĂ©gĂ© IIIF). En collaboration avec de nombreuses institutions acadĂ©miques et patrimoniales, ils facilitent le partage de ces divers outils au niveau mondial en proposant un immense catalogue de donnĂ©es accessible de maniĂšre simple et interopĂ©rable. Le site Gallica, typiquement, se base sur la technologie IIIF. Chaque document est toujours associĂ© Ă  ce que l’on appelle un « manifeste », une fiche technique descriptive renseignant sur l’objet archivĂ©.

La seconde partie du cours a, pour sa part, Ă©tĂ© prise en charge par RĂ©mi Petitpierre. Elle s’est concentrĂ©e sur la dimension pratique du document processing et sur les logiques procĂ©durales essentielles Ă  rendre le document historique numĂ©riquement intelligible (lĂ  encore, qu’il soit textuel et/ou iconographique).

Une fois numĂ©risĂ©, le document devient une image. Il est alors nĂ©cessaire de procĂ©der Ă  deux grandes opĂ©rations : la « segmentation », qui consiste Ă  identifier et dissocier les divers objets prĂ©sents dans le document, ces objets pouvant ĂȘtre intuitivement diffĂ©renciĂ©s les uns des autres Ă  l’aide d’un code couleur. On passe ainsi d’un « tableau de pixels » dĂ©pourvu de structure Ă  une liste d’objets distincts.

ParallĂšlement, il faut procĂ©der Ă  la « sĂ©mantisation » des objets segmentĂ©s, en attribuant tous les Ă©lĂ©ments de la liste – c’est-Ă -dire toutes les « composantes connexes » repĂ©rĂ©es prĂ©alablement dans l’image – Ă  des classes sĂ©mantiques prĂ©alablement Ă©tablies par le chercheur. Ainsi, les objets prĂ©sents dans l’image acquiĂšrent une ou plusieurs signification(s). Un exemple ci-dessous :

Bien que l’on puisse faire remonter l’origine du document processing aux dĂ©buts de l’informatique – soit dans les annĂ©es 1960 – et que les « rĂ©seaux de neurones » soient arrivĂ©s Ă©galement trĂšs tĂŽt, le recours Ă  cette technologie – qui s’inspire du fonctionnement du cortex visuel humain – est relativement rĂ©cent. Son principe est simple : les pixels ne sont plus analysĂ©s isolĂ©ment par l’algorithme, ils le sont toujours en relation avec leurs voisins. De cette façon, il est possible d’infĂ©rer de la sĂ©mantique Ă  partir du contexte. Le « perceptron de Rosenblatt » est le premier ancĂȘtre du rĂ©seau de neurones.

Pour que le document processing fonctionne, il est nĂ©cessaire de dĂ©finir un corpus et d’isoler un set d’entraĂźnement, reprĂ©sentatif de l’ensemble du corpus. En thĂ©orie, plus ce dernier est grand, plus le pourcentage peut ĂȘtre rĂ©duit. Ce set, qui servira d’entraĂźnement Ă  la machine, doit ĂȘtre complĂ©tĂ© par des exemples de validation, distincts des prĂ©cĂ©dents, qui permet de vĂ©rifier la fiabilitĂ© des rĂ©sultats. Si le premier travail manuel demande un certain investissement, la seconde phase est bien plus courte, puisqu’un algorithme automatise la segmentation et la sĂ©mantisation des documents.

Le rĂ©seau de neurones peut, dans un second temps, apprendre automatiquement de ces exemples d’entraĂźnement, corriger ses erreurs par rapport Ă  la vĂ©ritĂ© terrain (annotations manuelles) et ainsi former un rĂ©seau de fonctions mathĂ©matiques capable de traiter contextuellement l’information et de procĂ©der automatiquement Ă  la segmentation sĂ©mantique du corpus. Le rĂ©seau entraĂźnĂ© est un rĂ©seau spĂ©cialiste du problĂšme qu’on lui a soumis et tend Ă  reproduire les schĂ©mas d’annotation sur lesquels il a Ă©tĂ© entraĂźnĂ©. La vĂ©rification des performances et de la capacitĂ© de gĂ©nĂ©ralisation du rĂ©seau est effectuĂ©e sur le set de validation.

Un schĂ©ma (prĂ©parĂ©, Ă  l’instar des autres, par RĂ©mi Petitpierre) synthĂ©tisant cette procĂ©dure d’apprentissage supervisĂ© :

RĂ©mi Petitpierre a explicitĂ©, dans le reste du cours, la maniĂšre dont les estimations du document processing se doivent parfois d’ĂȘtre corrigĂ©es, car sujettes Ă  de nombreuses erreurs de calcul. De plus, il a partagĂ© plusieurs conseils pour optimiser les processus de reconnaissance automatique. Enfin, il s’est penchĂ© sur deux cas d’études pour observer plus en dĂ©tail la logique algorithmique de traitement de l’information. Le premier cas Ă©tait un objet iconographique : le cadastre Melotte de Lausanne (1721-1727) :

Ce cas d’étude a introduit les bases fondamentales prĂ©cĂ©dant l’étape de gĂ©orĂ©fĂ©rencement manuel (sur QGIS, notamment) ou automatisĂ©.

Le second cas d’étude Ă©tait, pour sa part, centrĂ© sur un objet textuel et structurĂ© : le recensement communal de Lausanne ; l’image d’origine a Ă©tĂ© segmentĂ©e, sĂ©mantisĂ©e, les colonnes et les lignes basales des segments de texte ont Ă©tĂ© dĂ©tectĂ©es, et aprĂšs de nombreuses Ă©tapes de prĂ©-traitement (incluant, notamment, un recadrage, un deslanting et la compensation de la lumiĂšre), il est possible de procĂ©der Ă  l’ocĂ©risation du texte grĂące Ă  un rĂ©seau de neurones. Un post-traitement, basĂ© sur des caractĂ©ristiques linguistiques et des dictionnaires appropriĂ©s, est ensuite nĂ©cessaire. En y ajoutant la structure, il est possible d’obtenir une version digitale et structurĂ©e du recensement, qui n’était, dans son scan original, qu’un amas de pixels.

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En prĂ©vision du site Internet que produiront les quatre groupes de travail dans leur rendu final (voire d’une Ă©ventuelle maquette dans leur rendu intermĂ©diaire), RĂ©mi Petitpierre a prĂ©sentĂ©, lors de la sĂ©ance du 24 mars 2021, un tutoriel expliquant comment crĂ©er et personnaliser un site web, que cela soit au niveau esthĂ©tique, au niveau de l’ajout de modules interactifs, etc. PlutĂŽt que le logiciel WordPress, RĂ©mi Petitpierre a proposĂ© d’utiliser WIX, qui se rĂ©vĂšle plus intuitif tout en offrant amplement les possibilitĂ©s de programmation nĂ©cessaires aux Ă©tudiants pour mener Ă  bien leur projet respectif.

Pour accéder à WIX, cliquez ici.

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C’est les prĂ©sentations intermĂ©diaires du semestre de printemps qui ont eu lieu le mercredi 14 avril. À tour de rĂŽle, chaque groupe est intervenu pendant une quinzaine de minutes pour exposer l’état de ses recherches : ce qu’ils ont dĂ©jĂ  effectuĂ©, oĂč ils en sont et quels sont leurs objectifs pour le rendu final fin mai.

GrĂące au recensement de 1832 dont il dispose, le groupe population poursuit son Ă©tude des femmes cheffes de famille dans le Lausanne du XIXsiĂšcle, qui – via la crĂ©ation de cartes statistiques – aboutira au dĂ©veloppement d’une carte interactive localisant ces femmes en fonction de diffĂ©rentes « caractĂ©ristiques Â» (mĂ©tier, annĂ©e de naissance et lieu d’origine).

S’aidant Ă©galement des donnĂ©es sur la population, le groupe cadastre progresse dans sa crĂ©ation d’un moteur de recherche et d’une carte interactive sur laquelle il sera possible de localiser les habitants de Lausanne – en fonction de leur mĂ©tier et de leur classe sociale, cette fois – Ă  la mĂȘme Ă©poque.

De son cĂŽtĂ©, le groupe Icono Lausanne avance dans son Ă©tude du consĂ©quent fond iconographique de la ville auquel ils ont accĂšs, en se focalisant sur le funiculaire et sur l’impact que cette infrastructure a eue sur les quartiers d’Ouchy et du Flon, via une analyse quantitative et qualitative (passant notamment par le dĂ©veloppement d’une carte interactive).

Enfin, reprenant sa tripartition historique (avant-guerre, guerre et aprĂšs-guerre) et se recentrant sur trois thĂ©matiques (expression officielle / populaire, loisirs et parade), le groupe CinĂ©ac continue de dĂ©velopper son projet de carte interactive – en gĂ©olocalisant les 150 vidĂ©os de leur corpus – et de journal – en l’agrĂ©mentant grĂące aux articles d’époque abordant les mĂȘmes Ă©vĂ©nements que ceux reprĂ©sentĂ©s audiovisuellement.

Lors de la sĂ©ance du mercredi 21 avril, RĂ©mi Petitpierre s’est chargĂ© d’effectuer quelques complĂ©ments techniques et thĂ©oriques sur diffĂ©rents outils et questions dĂ©jĂ  introduits au fil des deux semestres.

En outre, il a prĂ©sentĂ© une mĂ©thode pouvant ĂȘtre utile Ă  plusieurs des groupes : la Latent Dirichlet Allocation, qui est utilisĂ©e Ă  la base pour le natural language processing. Cette mĂ©thode consiste, synthĂ©tiquement, Ă  crĂ©er un « cluster sĂ©mantique Â» permettant de dĂ©finir un thĂšme gĂ©nĂ©ral, puis de laisser le logiciel repĂ©rer automatiquement ses occurrences dans un corpus textuel dĂ©terminĂ©.

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Lors de la sĂ©ance du mercredi 5 mai 2021, Isabella di Lenardo a proposĂ© aux Ă©tudiantes et Ă©tudiants du cours un retour sur la dĂ©mographie historique. Son but Ă©tait de fournir des conseils et des mĂ©thodes permettant d’apprĂ©hender – dans une perspective synchronique comme diachronique – un corpus de grande envergure.

La dĂ©mographie historique Ă©merge en France dans les annĂ©es 1960-1970, dans la continuitĂ© des travaux des Annales. Aujourd’hui, les approches sont restĂ©es relativement similaires, Ă  l’exception de l’extraction de donnĂ©es qui est de plus en plus facilitĂ©e grĂące au dĂ©veloppement des mĂ©thodes computationnelles.

Dans le cas de la Suisse, le premier recensement rĂ©ellement « fiable Â» date de 1850, sachant que la rĂ©colte de donnĂ©es concernant la population commence Ă  ĂȘtre effectuĂ©e depuis lĂ  non plus au niveau cantonal, mais fĂ©dĂ©ral. On a pu y constater une consĂ©quente croissance de la population helvĂ©tique, celle-ci Ă©tant passĂ©e de 2.5 Ă  7.1 millions d’habitants en 130 ans.

En schĂ©matisant ces mĂȘmes informations grĂące Ă  des pyramides des Ăąges, on peut observer une tendance gĂ©nĂ©rale au vieillissement de la population suisse.

Trois indicateurs Ă  grande Ă©chelle sont gĂ©nĂ©ralement pris en considĂ©ration dans les Ă©tudes dĂ©mographiques : (1) la taille de la population, (2) la structure (taille et composition) de la population nubile, et (3) le milieu culturel et social. À ces indicateurs se couplent quatre paramĂštres : (I) la nuptialitĂ©, (II) la fĂ©conditĂ©, (III) la mortalitĂ© et (IV) la mobilitĂ©. Dans le cadre du projet Lausanne Time Machine, c’est majoritairement les deux premiers paramĂštres qui sont pris en compte, sachant que les registres de la population lausannois donnent essentiellement accĂšs Ă  ces deux types d’informations. Ces registres constituent, avec l’état civil, les principales sources exploitables pour le dĂ©mographe du 19Ăšme siĂšcle.

Au sujet de la nuptialitĂ©, trois Ă©lĂ©ments sont particuliĂšrement pris en considĂ©ration pour rĂ©aliser des statistiques : le pourcentage de femmes mariĂ©es (au moins une fois), la distribution de l’ñge du mariage et la durĂ©e du mariage. GrĂące Ă  de telles donnĂ©es, des constats historiques surprenants ont pu ĂȘtre effectuĂ©s, notamment celui du rajeunissement du calendrier de la nuptialitĂ© des femmes des annĂ©es 1930 aux annĂ©es 1970, ces chiffres ayant mis en exergue une tendance contraire en Suisse Ă  celle de ses voisins europĂ©ens.

Au sujet de la fĂ©conditĂ©, c’est Ă  nouveau trois Ă©lĂ©ments qui sont spĂ©cifiquement Ă©tudiĂ©s : la rĂ©partition du nombre d’enfants par femme, cette mĂȘme rĂ©partition selon l’ñge des femmes, et enfin le croisement de cette rĂ©partition avec les professions exercĂ©es par les femmes en question.

Le statut de la femme est la principale donnĂ©e que l’on peut extraire de l’état civil. Dans le cas des femmes cheffes de famille, trois statuts sont envisageables : cĂ©libataire, divorcĂ©e ou veuve. Mais il est tout Ă  fait intĂ©ressant d’analyser cette donnĂ©e en relation avec celle de l’ñge de ces mĂȘmes femmes et de leur occupation (professionnelle ou non).

En somme, ces paramĂštres, ainsi que ceux prĂ©sentĂ©s prĂ©alablement, constituent l’un des socles permettant d’étudier la condition de la femme dans une zone prĂ©cise et Ă  une Ă©poque donnĂ©e.

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La sĂ©ance du 26 mai a Ă©tĂ© consacrĂ©e Ă  l’examen final du cours Lausanne Time Machine 2020-2021. Pendant une vingtaine de minutes, chacun des groupes de travail a prĂ©sentĂ© ses recherches (via un PowerPoint) et l’aboutissement de ces derniĂšres en un projet pratique (via le site Internet qu’ils ont dĂ©veloppĂ©).

Pour le travail du groupe population sur les femmes cheffes de famille dans le Lausanne du XIXsiĂšcle, se rendre ici et consulter les images ci-dessous.

Pour le travail du groupe cadastre sur les mĂ©tiers de la population lausannoise Ă  la mĂȘme Ă©poque, se rendre ici et consulter les images ci-dessous.

Pour le travail du groupe icono Lausanne sur les reprĂ©sentations photographiques du Flon et d’Ouchy, se rendre ici et consulter les images ci-dessous.

Pour le travail du groupe CinĂ©ac sur la contextualisation et la gĂ©olocalisation de vidĂ©os d’actualitĂ© du XXe siĂšcle, se rendre ici et consulter les images ci-dessous.

Cette derniĂšre sĂ©ance du cours Lausanne Time Machine a eu pour but de conclure l’annĂ©e par une discussion libre entre les enseignants et les Ă©tudiants, afin de comprendre quels sont les points forts du cours et quels sont les Ă©lĂ©ments qui devraient ĂȘtre amĂ©liorĂ©s pour l’annĂ©e prochaine. La collaboration UNIL/EPFL est apparue comme l’une des principales qualitĂ©s de ce cours, puisque les Ă©tudiants de chacune de ces institutions et disciplines ont pu apporter Ă  son groupe des connaissances qui lui Ă©taient propres.

Le cours propose de reconstruire l’histoire de Lausanne Ă  travers plusieurs axes de recherche interdisciplinaires. Les sĂ©ances visent au dĂ©veloppement de diffĂ©rentes compĂ©tences dans la manipulation de logiciels et de concepts informatiques. Le contenu est conçu pour rĂ©pondre aux besoins des Ă©tudiants qui ont une formation en informatique, en sciences fondamentales, ou en sciences de l’ingĂ©nieur et qui visent Ă  enrichir leurs connaissances historiques Ă  travers l’utilisation d’outils numĂ©riques. Le cours se destine Ă©galement aux Ă©tudiants qui suivent un cursus en sciences humaines ou en sciences sociales et qui dĂ©sirent employer les technologies de l’information dĂ©diĂ©es Ă  l’étude historique afin d’acquĂ©rir de nouvelles connaissances et se confronter Ă  de nouveaux questionnements Ă©pistĂ©mologiques. Le cours prĂ©voit d’enseigner en dĂ©tail l’emploi de mĂ©thodes informatiques utiles Ă  l’analyse de grands ensembles de donnĂ©es historiques pour permettre aux Ă©tudiants de se confronter aux dĂ©fis stimulants qui apparaissent Ă  l’aune des « large scale objects Â» en histoire.

En se concentrant sur Lausanne, cette Ă©tude de cas vise Ă  formuler un cours en collaboration avec les institutions patrimoniales de la ville, pour Ă©tudier de nouveaux ensembles de donnĂ©es, extraites spĂ©cifiquement pour le cours, et qui n’ont Ă  ce jour jamais fait l’objet d’un travail d’analyse historique.

Parmi les axes de recherche envisagés figurent :

  • Les enjeux relatifs au dĂ©veloppement morphologique de la ville et Ă  l’analyse de l’espace habitĂ©, Ă  partir de sources cartographiques, envisagĂ©es du point de vue de l’histoire de l’architecture et de l’histoire urbaine
  • L’histoire socio-Ă©conomique de la ville et de ses populations, analysĂ©e Ă  partir des sources cadastrales, de l’Ă©tat civil et de la presse locale, Ă  l’aide de mĂ©thodes statistiques
  • L’étude approfondie de l’espace habitĂ© Ă  partir de donnĂ©es provenant de la municipalitĂ© et du bureau de statistique afin d’évaluer la gestion des espaces verts, de l’interface lĂ©manique, ou encore de la mĂ©tĂ©o dans le temps
  • L’Ă©tude du patrimoine culturel, en analysant le patrimoine archĂ©ologique de la ville, la culture matĂ©rielle, le patrimoine actuel et les logiques de localisation et de conservation
  • L’analyse des sources textuelles historiques, Ă©tudiĂ©es dans leur Ă©volution linguistique et formelle.

Groupe 1 : Recensement | Cartographie de la population

 

Groupe 2 : Cadastre 1831 | Analyse morphologique de la ville

Groupe 3 : Icono Lausanne

Groupe 4 : Les vidéos Cinéac | Lausanne en vidéo

A la fin de ce cours l’Ă©tudiant doit ĂȘtre capable de :

  • Manipuler les outils fondamentaux pour l’étude numĂ©rique de sources historiques
  • ConnaĂźtre et interprĂ©ter la cartographie historique de la ville de Lausanne
  • Comprendre la structure d’un systĂšme HGIS pour reprĂ©senter l’évolution d’une ville
  • Identifier le contenu historique pertinent pour le dĂ©veloppement d’un projet numĂ©rique
  • RĂ©aliser une page web ou un blog rĂ©pondant aux exigences du cours
  • MaĂźtriser les mĂ©thodes statistiques utiles pour interprĂ©ter les donnĂ©es cadastrales et historiques.

Les premiĂšres sĂ©ances sont consacrĂ©es Ă  la prĂ©sentation des outils de travail et des data sets. Les semaines du premier semestre comprennent, en alternance, des sĂ©ances thĂ©oriques portant sur les questions clĂ©s liĂ©es Ă  la comprĂ©hension et l’interprĂ©tation des 5 axes de recherche du cours, et des sĂ©ances ‘laboratoire’ dĂ©diĂ©es au dĂ©veloppement de la proposition de projet.

À la fin du premier semestre, les Ă©tudiants doivent prĂ©senter une proposition de projet (dataset, contexte, mĂ©thodes et problĂ©matique) qui sera ensuite dĂ©veloppĂ©e le semestre suivant.  Cette prĂ©sentation fera l’objet d’une premiĂšre Ă©valuation.

Les premiĂšres sĂ©ances du deuxiĂšme semestre seront dĂ©diĂ©es Ă  l’apprentissage de notions clĂ©s et Ă  la prise en mains des outils numĂ©riques nĂ©cessaires Ă  la modĂ©lisation des informations historiques rĂ©coltĂ©es. Une attention particuliĂšre sera accordĂ©e aux techniques de modĂ©lisation des rĂ©seaux, Ă  la cartographie numĂ©rique, Ă  la photogrammĂ©trie, ainsi qu’au dĂ©veloppement d’interface web pour l’exploration des donnĂ©es. Durant la derniĂšre sĂ©ance du semestre, les Ă©tudiants prĂ©senteront les rĂ©sultats de leurs projets, ainsi que leur interface numĂ©rique de visualisation de donnĂ©es. Les institutions patrimoniales qui ont participĂ© au projet seront invitĂ©es Ă  assister Ă  la sĂ©ance de prĂ©sentation.

Les interfaces et les pages web/blog seront publiĂ©es dans le site web de l’initiative Lausanne Time Machine.

Durant le premier semestre, le travail consiste à développer une hypothÚse de projet. Tout au long du deuxiÚme semestre, les groupes mixtes UNIL/EPFL réalisent le projet en publiant une interface web de recherche.

L’évaluation du cours porte sur les Ă©lĂ©ments suivants :

  • Dossier de proposition de projet : 30%
  • PrĂ©sentation orale au terme du deuxiĂšme semestre : 30%
  • RĂ©alisation concrĂšte du projet (analyses et interface web numĂ©rique) : 30%
  • RĂ©daction de notes rĂ©flexives dans le contexte des sĂ©ances transversales du programme TILT : 10%

Pour les étudiant·e·s EPFL, ce cours est disponible dans le programme SHS.

Pour les étudiant·e·s UNIL, le cours est disponible dans les programmes suivants :

  • MaĂźtrise universitaire en humanitĂ©s numĂ©riques (2016 ->) â€șâ€ș Enjeux sociaux et politiques du numĂ©rique – MA-INTERFAC-CSHN-4020 – Cours optionnel Ă  3 ECTS
  • MaĂźtrise universitaire, Histoire (2015 ->) â€șâ€ș Approfondissement – MA-HIST-2020 – Cours optionnel Ă  4 ECTS
  • MaĂźtrise universitaire, Programme de renforcement (2015 ->) â€șâ€ș Enseignements SHS – MA-RENF-SHS – Cours optionnel Ă  3 ECTS
  • Le cours est Ă©galement ouvert aux Ă©tudiants de la MaĂźtrise universitaire en Science politique dans l’offre de cours en choix libres.

Projets réalisés dans le cadre du cours