Activité débranchée.
Le cas de l’introduction de la science informatique à l'école primaire
Introduire la science informatique à l’école, c’est la grande réforme scolaire de notre époque qui chamboule les systèmes éducatifs du monde entier.
Introduire une nouvelle discipline dans une grille horaire sans retirer du temps aux autres matières représente un défi de taille. Pourtant, une réponse pourrait se trouver dans la nature même de la science informatique dont les principes de base peuvent être intégrés de manière transversale aux autres disciplines scolaires.
La co-construction
Cette approche transversale est sujette à de nombreuses recherches en sciences de l’éducation, cependant, peu d’études considèrent à la fois l’apprentissage des élèves et la perspective des enseignant-es.
C’est donc dans une approche de co-construction de la recherche translationnelle que nous avons collaboré avec des enseignant-es du Canton de Vaud afin d’étudier comment des contenus de science informatique pourraient être utilisés de manière transversale.
En particulier, nous nous sommes intéressé-es à deux activités débranchées phares du programme d’Education Numérique du Cycle 1: la Machine à Trier pour travailler l’orthographe et le Jeu du Robot pour travailler les mathématiques.
Pour aborder cette question, nous avons opté pour une méthodologie de recherche mixte. Celle-ci a employé des données d’apprentissage des élèves et des retours qualitatifs des enseignant-es expert-es de leurs classes. Les résultats sont prometteurs, mais devront être validés à plus grande échelle.
Impliquer davantage le corps enseignant: la recette du succès?
Grâce à ces analyses, nous avons pu constater que les avantages d’une approche en co-construction sont allés dans les deux sens.
En effet, non seulement l’équipe de recherche a acquis une meilleure compréhension de l’efficacité des activités et de leur applicabilité dans les classes, mais les enseignant-es ont également apprécié de disposer d’analyses détaillées et exemptes de préjugés et d’impressions de l’apprentissage de leurs élèves. Cela a notamment permis aux enseignant-es de changer leur perception de l’équipe de recherche, et –plus intéressant encore– toutes se sont montrées ouvertes à d’autres initiatives de recherche collaborative qu’elles considèrent maintenant comme des moteurs de changement et d’innovation dans leur pratique.
La manière dont la co-construction a été abordée a également eu un impact sur la perception que garde le corps enseignant de cette expérience. En effet, alors que l’étude de cas portant sur le Jeu du Robot était dirigée par l’équipe de recherche et incluait les enseignant-es, celle portant sur la Machine à Trier était à l’inverse dirigée par les enseignant-es et incluait l’équipe de recherche.
Dans ce deuxième cas de figure, le corps enseignant a déclaré avoir le sentiment de jouer un rôle plus actif et de réfléchir davantage à la conception, aux résultats et aux implications de l’étude sur leurs pratiques. Compte tenu de l’impact positif que la co-construction peut avoir sur l’innovation dans les pratiques des enseignant-es, différentes modalités de co-construction doivent être étudiées, ainsi que leurs implications sur toutes les parties prenantes, y compris l’équipe de recherche.
Référence :
Laila El-Hamamsy, Barbara Bruno, Helena Kovacs, Morgane Chevalier, Jessica Dehler Zufferey, and Francesco Mondada. 2022. A case for co-construction with teachers in curricular reform: Introducing computer science in primary school. In Australasian Computing Education Conference (ACE ’22). Association for Computing Machinery, New York, NY, USA, 56–65. DOI:https://doi.org/10.1145/3511861.3511883
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