50 ans de recherche

«A l’EPFL, la recherche est basée sur la liberté et la diversité.»

Article paru dans EPFL Magazine 28
Par Anne-Muriel Brouet, Nathalie Jollien et Laureline Duvillard

Qu’est-ce qu’être chercheur aujourd’hui dans une institution telle que l’EPFL? A l’occasion des Journées de la recherche, du 10 au 14 septembre, célébrant les 50 ans de l’Ecole, EPFL Magazine s’est intéressé au travail des chercheurs et doctorants.

Andreas Mortensen

A l’EPFL, la recherche est basée sur la liberté et la diversité.

Andreas Mortensen, vice-président pour la recherche

Plus de 6000 personnes, 382 articles scientifiques par mois, 132 inventions et déclarations de technologie en 2018. Voilà trois indicateurs du poids de la recherche à l’EPFL. Comment sinon cerner ce foisonnement qui traverse l’institution, de l’étudiant Bachelor au professeur ordinaire, des facultés aux programmes doctoraux en passant par les instituts et les laboratoires, des sciences de la vie à celles des matériaux sans omettre l’énergie, l’habitat ou la robotique? La variété des thématiques autant que des structures caractérise la recherche à l’EPFL, témoignant d’une seule volonté de diversité et de liberté.

«Le métier de professeur est protégé comme l’est le métier de juge, la raison étant la protection de la liberté académique, avance Andreas Mortensen, vice-président pour la recherche. Nous ne pouvons que sélectionner les domaines dans lesquels on engage des professeurs, des ressources ou du temps.»

A l’EPFL, le système de tenure, titularisation, est garant de cette liberté académique. Ainsi un professeur conserve sa chaire jusqu’à sa retraite et ne peut en être destitué qu’en cas de transgression de la loi, des règles de l’institution ou de l’éthique. Les nouveaux professeurs engagés sont soit déjà titulaires, soit mis sur la voie du tenure (tenure track), une pratique venue des Etats-Unis dans laquelle l’EPFL a été pionnière en Europe. «Le tenure track est un engagement assurant à la personne qu’elle ne sera jugée que sur la qualité de ses contributions et non pas sur la question de savoir si l’institution a l’argent ou non pour le poste. L’éthique du système veut qu’on prenne la décision de l’engagement financier de l’EPFL sur toute la carrière de la personne», assure le vice-président.

Le droit à l’échec

L’autre atout des professeurs de l’EPFL est de disposer d’une dotation de base. Une manne précieuse, surtout au début. «Elle donne au professeur le droit à l’échec. Avec son crédit ordinaire, elle ou il peut faire des expériences, lancer des idées. Si ça réussit, elle ou il pourra écrire une proposition de recherche. Si cela ne réussit pas, cela n’a pas grande conséquence», remarque Andreas Mortensen.

Si la liberté académique est sacrosainte, certaines valeurs restent déterminantes pour orienter la recherche. «Il est important pour nous d’être connus et d’avoir un impact en particulier en Suisse, puisque nous bénéficions de l’argent du contribuable, poursuit le responsable. Plus largement, nous visons un impact positif pour la planète, d’où l’emphase que l’on met sur les objectifs stratégiques des Nations unies. Schématiquement, dans la finalité de leurs travaux, on attend ainsi que les professeurs cherchent à nettoyer plutôt qu’à salir la planète; à consommer moins plutôt qu’à brûler davantage et ainsi de suite.»

Classements internationaux et Guide Michelin

En revanche, il n’existe pas de décision stratégique de l’Ecole d’être bon dans tel ou tel domaine seulement. «Nous visons l’excellence dans tous les domaines où nous sommes actifs, poursuit le vice-président.» Les classements représentent-ils un indicateur de succès? «Le problème avec les classements est que les gens les lisent – et souvent les prennent au sérieux. Ils sont en tout cas moins précis que les étoiles du Guide Michelin ne le sont avec les restaurants. Ne serait-ce que parce que dans la recherche et le milieu académique en général, la constante de temps est extrêmement longue: quelques universités ont une réputation construite sur plus de 500 ans. Une mesure fluctuante qui relève davantage du bulletin sportif appliquée à quelque chose comme le milieu académique n’est donc pas une approche très appropriée.»

Comment mesurer alors l’excellence de l’Ecole? «Quand on est en compétition avec d’autres universités parmi les meilleures pour engager un professeur et que l’on est choisi, on sait qu’on est bon quelque part. Idem pour les étudiants: s’ils se bousculent pour venir ici, on sait qu’on est reconnu. Les brevets vendus sont certainement aussi d’importants indicateurs ainsi que les publications, la capacité à attirer des financements ou des véhicules d’impact plus récents tels que le volume de données mises en ligne ou les initiatives suivies par des citoyens, par exemple.»

Comment mesurer alors l’excellence de l’Ecole? «Quand on est en compétition avec d’autres universités parmi les meilleures pour engager un professeur et que l’on est choisi, on sait qu’on est bon quelque part. Idem pour les étudiants: s’ils se bousculent pour venir ici, on sait qu’on est reconnu. Les brevets vendus sont certainement aussi d’importants indicateurs ainsi que les publications, la capacité à attirer des financements ou des véhicules d’impact plus récents tels que le volume de données mises en ligne ou les initiatives suivies par des citoyens, par exemple.»


Les cinq publications de l’EPFL qui ont eu le plus d’impact

Selon l’indice de citation normalisé (CNCI) qui compare le nombre de citations de chaque publication avec le taux de citations moyen des publications dans le même domaine de recherche et la même année de publication.

CNCI/titre/auteurs/année de publication/journal/domaine

  • 842, «A low-cost, high-efficiency solar cell based on dye-sensitized colloidal TiO2 films», Grätzel M., 1991, Nature, Chemistry.
  • 284, «Single-layer MoS2 transistors», Radisavljevic B., Radenovic A., Brivio J., Giacometti V., Kis A., 2011, Nature Nanotechnology, Materials Science.
  • 260, «Planck 2013 results. XVI. Cosmological parameters», Lesgourgues J., 2014, Astronomy & Astrophysics, Space Science.
  • 247, «RAxML-VI-HPC: Maximum likelihood-based phylogenetic analyses with thousands of taxa and mixed models», Stamatakis A., 2006, Bioinformatics, Biology & Biochemistry.
  • 181, « SLIC Superpixels Compared to State-of-the-Art Superpixel Methods », Achanta R., Shaji A., Lucchi A., Fua P., Susstrunk S., 2012, IEEE Transactions
    on Pattern Analysis and Machine Intelligence, Engineering.

À l’exclusion des reviews. Source: InCites, consulté le 20.05.2019