Beastars

Bande-annonce officielle : https://youtu.be/pJ3wd6u4zlQ 

 

Sofia

Beastars est une adaptation de l’homonyme manga primé, écrit par Paru Itagaki, réalisé en CGI et disponible sur Netflix. Même si la production full 3D pourrait rebuter, vous devriez absolument donner une chance à cet anime car il ne va pas vous décevoir.

Cette œuvre nous plonge dans un monde d’animaux humanoïdes vivant à première vue en harmonie. Néanmoins cette paix est seulement apparente et nous allons découvrir les failles de cet équilibre au fil des épisodes. Un univers où la fracture entre herbivores et carnivores perdure et se manifeste régulièrement.

La découverte progressive de ce monde et surtout de ses tensions sociétales s’avère très captivante. L’intrigue est présente tout au long de l’histoire et il y a aussi un bon mix entre des scènes drôles et légères et des scènes plus sérieuses et sombres.

Parmi les personnages, j’ai particulièrement apprécié le protagoniste Legoshi, un loup gris. Contrairement à son apparence féroce, ce Canis lupus est un être doux, timide et naïf. Ce contraste est encore plus accentué par son questionnement incessant tout au long des 12 épisodes sur son environnement et sa nature-même de carnivore qui le porte à cacher une honte et un dégoût. On a la possibilité d’observer l’univers de Beastars à travers aussi d’autres protagonistes complexes et bien écrits comme Haru, la petite lapine naine au fort caractère, ou encore Louis le cerf. Nous suivons donc des personnages en proie à des quêtes existentielles et qui découvrent la réalité emplie d’inégalité, tout en essayant d’évoluer en son sein.

Techniquement, l’opening est très original et la réalisation 3D soignée du studio Orange est de qualité et contribue tout autant au charme de l’œuvre.

En conclusion, Beastars est une sorte de Zootopia pour adultes assez unique, caractérisé par un réalisme un peu sombre et une intrigue captivante qui ne va pas vous décevoir !

Ayaya

Beastars est un anime qui a défié la chronique depuis sa sortie à l’automne 2019. Tantôt catégorisé comme l’anime de l’année, la série japonaise la plus moralisatrice et culpabilisante de ces dernières décennies, une perle multi-primée à l’international, une oeuvre donneuse de leçons et emplies de biais politique, une écriture profondément investie pour le féminisme et la défense des minorités, une histoire puante d’illogisme et de romantisme pris et repris, un encouragement au mouvement furry… Tout a été écrit et dit sur son compte. J’étais sceptique en le commençant, mais l’univers m’a happée au final et je viens de rattraper le manga.

Beastars se passe dans un régime totalitaire idéaliste où deux castes, les carnivores et les herbivores, vivent supposément en harmonie dans un monde purement égalitaire. Nous nous retrouvons dans une école accueillant et formant les deux castes à des avenirs glorieux, plus précisément au sein d’un club de théâtre. Tous les acteurs jouent déjà un premier rôle, fictif, écrit, mais il nous permet de comprendre que la majorité porte aussi un masque au quotidien, un deuxième rôle cette fois pour les autres et pour eux-mêmes afin de s’intégrer dans cette société et d’y donner la meilleure image possible. Nous découvrons ce monde aux côtés de trois personnages très différents des uns des autres. Ayant chacun des côtés complexes mais aussi plus superficiels, ils montrent bien ces personnalités intérieures (ce qu’ils sont) et extérieures (ce qu’ils montrent) et c’est le premier très gros point fort de cet anime. En effet, il est très rare que des personnages soient détaillés avec tant de précision dans leur monologue intérieur, leurs pensées ou leurs comportements et qu’ils les portent avec tant de clarté et d’honnêteté face à leur conscience. 

Notre trio est composé de Legoshi, de Louis et d’Haru qui vont très rapidement former un triangle amoureux, auquel s’ajoutera un autre personnage plus tard. Chacun fort de leur caractère – loup sensible mais prudent, cerf égoïste et narcissique mais adulé, lapine détestée mais constamment sollicitée – ils dépeignent par leur race animale toutes les franges de cette société hypocrite et des relations entre les différentes castes, ce qui fait très rapidement appels aux perceptions et aux stéréotypes de notre propre société humaine et des valeurs hypocrites qu’elle promeut. Haru en est un exemple flagrant ; personnage le plus détesté de cette franchise, elle en est pourtant la plus grande victime à cause de ses choix de vie. Femme libérée mais extrêmement forte, elle apprécie le sexe et ne se gêne pas de coucher avec tous les mâles qui viennent à elle. Ce point justifie et lui fait mériter toutes les horreurs qu’elle vit par les personnes de l’école, mais aussi par le spectateur : agression, manipulation par l’homme qu’elle aime, violence, harcèlement scolaire et dans sa vie de manière générale, solitude constante, etc. Ce personnage fort et pourtant très touchant et bienveillant dans son intérieur dérange le spectateur qui ne lui atitre aucune sympathie à cause de son comportement de femme facile.

L’histoire est déroulée avec ces personnages au centre sur un fil rouge clair tout le long des 12 épisodes, même si parfois le rythme est trop inégal et les justifications trop tirées par les cheveux pour avancer plus vite (l’attirance de Legoshi en est l’exemple parfait à mon avis). L’animation faite entièrement en CGI pourrait en dégoûter beaucoup, mais elle fait honneur au style graphique du manga et se montre malgré les contraintes très fluide au final. La musique très jazzy tranche vraiment avec ce qu’on peut entendre habituellement dans un anime et apporte un réel attrait à l’univers.

Dans l’écriture et son contexte, l’auteur fait passer un message relativement clair : une société égalitaire et saine ne crée pas forcément une population bienveillante et saine. Mais ce n’est pas pour autant qu’elle glorifie le capitalisme. Il y a donc bien une critique de notre société, point constamment cité par les détracteurs de l’univers, mais il est important de ne pas se fermer à la réflexion qu’amène la mangaka sur ce point tout le long de l’anime car c’est là que réside sûrement la suite de l’intrigue, le futur de nos personnages attach(i)ants mais aussi le plaisir et la complexité de l’oeuvre.

Il y a bien une critique de notre société, point noir des détracteurs, mais il faut rester ouvert. C’est là que se trouve la complexité de l’oeuvre et de nos personnages attach(i)ants. Si vous ne vous en sentez pas capable, passez votre chemin.

 

Baptiste

Dans une société d’humains-animaux, où les carnivores et herbivores vivent dans une paix toute relative, nous retrouvons Legoshi, un loup scolarisé à Cherryton Academy. L’histoire commence par un meurtre perpétré dans le gymnase par un carnivore. La victime étant un membre du club de théâtre comme Legoshi, c’est après cette terrible nouvelle que ce dernier va commencer à se rendre compte de sa condition de carnivore et découvrir ses instincts primaires alors qu’il les avait toujours retenues et presque oubliées. Il va aussi rencontrer Haru, la lapine naine dont il va tomber amoureux et ainsi démarrer une relation très particulière avec cette herbivore. Il fera également la connaissance de Louis, un cerf fier et fort déterminé à devenir un Beastars, un modèle idéal pour tous les animaux.

Beastars est un anime pas comme les autres. Stylistiquement déjà, il pourrait ne pas être japonais. Malheureusement, la CGI est parfois un peu bizarre, mais dans l’ensemble c’est une bonne idée, car lire les sentiments sur des visages d’animaux, ce n’est pas forcément évident, donc elle ne choque pas non plus.

Les sujets abordés sont assez surprenants. Évidemment on pourrait y voir un commentaire ethnique avec les différences carnivores/herbivores, mais je préfère y voir une expérience de pensée sur une société ou les plus forts sont handicapés pour être au même niveau que les plus faibles. Bien entendu, certains ne seront pas d’accord avec cette configuration, il y aura des dérives et au final tout le monde en souffre.

La série introduit aussi des thématiques peu communes, elle ose parler de romance sans occulter sa part de sexualité, ce qui est rare dans d’autres oeuvres. 

Les personnes sont paradoxalement très humains et leurs réactions compréhensibles, ils sont tous très bien écrits. Les personnages animaux permet une variété physique très intéressante, et en plus le monde est adapté à toute morphologie, ce qui le rend très logique, par exemple il y a des portes pour les grands animaux genre les, loups et les girafes, mais aussi pour les petits comme les souris ou les hamsters.

A noter, l’opening réalisée avec des poupées en stop motion est trop cool et la musique déchire. Ce clip est à voir, même si vous ne voulez pas commencer Beastars !

Bref, Beastars est un anime très cohérent, aux personnages très bien écrits et aborde des sujets originaux. Un bon rafraîchissement.