Jujutsu Kaisen

Elsa

Jujutsu Kaisen ne se cache pas d’être un shônen typique, parfois même avec auto-dérision: Yūji Itadori est un jeune homme ordinaire (si ce n’est qu’il est extrêmement doué en athlétisme), mais il va se retrouver entraîné malgré lui dans des histoires de fléaux et dans le monde des exorcistes. Il va rejoindre l’école des sorciers de Jujutsu (exorcisme) et s’entraîner pour devenir plus fort aux côtés de ses camarades, bla bla bla… On semble avoir déjà entendu l’histoire : Naruto, Harry Potter (?!), Blue Exorcist, Demon Slayer… la liste des œuvres ayant une intrigue similaire est assez longue.

Pourtant, même s’il suit certains clichés du genre, Jujutsu Kaisen arrive à nous surprendre et à nous tenir en haleine. Le personnage principal est attachant, et les autres protagonistes ont des personnalités intéressantes, voire vraiment impressionnantes. Autre point positif, les filles ont des forts caractères et se battent bien, même si elles sont tout de même en minorité. Ce n’est pas tout : le premier ending est une tuerie, autant par la musique que par l’animation, et l’équilibre entre les combats à couper le souffle et les moments plus légers et drôles est très bien géré.

Le plus gros point négatif à mes yeux est le manque de progression réaliste. Les héros, bien qu’étant en première année et inexpérimentés, sont tout de suite lancés au cœur de l’action, et se battent contre des ennemis qui mettraient à mal des professionnels.

J’aurais souhaité qu’il y ait un arc d’entraînement comme dans Hunter x Hunter par exemple, où on se rend bien compte qu’il faut de longs efforts pour s’améliorer vraiment, et que la puissance ne vient pas gratuitement. 

Étant étudiante, je sais qu’il faut de longues années pour maîtriser complètement un sujet ou un champ de compétences, et voir des adolescents se lancer de façon intrépide au devant du danger et réussir, m’a donné l’impression d’un mensonge à la jeunesse sur la vie ; mais d’un autre côté de penser ça me fait un peu l’impression d’être une vieille dame aigrie.

En bref, Jujutsu Kaisen nous fait tout de même passer un très bon moment.

Brice :

Après le succès mondial de Kimetsu no Yaiba, un autre shônen a su se démarquer en cette fin d’année 2020. On se retrouve ici avec un classique du magazine de prépublication Jump : un bon vieux manga de combat, voyant cette fois-ci des sorciers affronter des monstres de toutes sortes.

Rien de bien original à première vue, et même en y regardant de plus près, le scénario ne casse pas trois pattes à un panda. Un protagoniste un peu niais, un but plus-cliché-tu-meurs, un tournoi de combats entre sorciers et des méchants bien méchants à la motivation bien unidimensionnelle : on a vraiment tous les ingrédients pour augmenter au maximum le nombre de combats par épisode.

Heureusement, Jujutsu Kaisen fait aussi de bonnes choses ! Le système de pouvoirs est à la fois simple et très versatile, chaque sorcier ayant une capacité spéciale allant de très classe à complètement ridicule, comme ce personnage utilisant sa voix pour se battre, mais qui ne peut alors parler normalement qu’en citant des ingrédients pour faire des boules de riz… Ces pouvoirs ridicules peuvent toutefois être très forts et les vilains ne sont pas en reste de ce côté. Dans la tradition des Naruto & Cie, Jujutsu Kaisen a aussi une bonne dose de comédie, qui marche plutôt bien, surtout lors de scènes post-ending souvent très farfelues. Enfin, certains personnages sont vraiment incroyables. Le trio de héros est un peu décevant (bien que leurs techniques soient cools !), mais on a quelques très bons personnages secondaires : le fameux Satoru Gojo tout d’abord, trublion de service tout en étant le sorcier le plus fort du monde. Ses habiletés sont tellement au-dessus de tous les autres personnages que ça en deviendrait ridicule, s’il n’était pas aussi charismatique. Parmi les autres personnages, on a aussi le droit à des querelles de famille au sein de clans de sorcier, à un salaryman qui devient plus fort lorsqu’il fait des heures supplémentaires et à un panda. Normal. La musique est également plutôt bonne. Je n’ai pas été captivé par les openings, mais le premier ending est vraiment génial avec un style graphique me rappelant l’opening de Yuri!!! on Ice.

Mais bien sûr, le point fort de Jujutsu Kaisen, c’est avant tout son animation spectaculaire ! Il suffit de visionner un trailer ou une compilation d’un des combats pour voir que le studio MAPPA s’est donné les moyens de créer des affrontements vraiment époustouflants (les mauvaises langues diront aux dépens de la dernière saison de Shingeki no Kyojin). L’animation ne serait toutefois pas suffisante sans une chorégraphie des combats saisissante, en particulier lorsque ceux-ci se passent au corps à corps. Notre protagoniste, Yuuji, a droit à certaines des plus belles scènes de l’anime et les combats à deux ou trois contre un ne sont pas en reste.

On voudra donc surtout voir cet anime si on est en manque de shônen de combat. La hype très grande autour de cet anime pourrait laisser penser qu’on est face à un chef-d’œuvre, mais ce n’est pas ce que je ressens lors de cette première saison. Un anime somme toute assez classique, avec de bonnes idées certes et peut-être la meilleure animation de 2020, mais qui manque cruellement d’intérêt au niveau de l’histoire.

Pyl

Considéré comme l’un des prochains hit du magazine de prépublication légendaire Shônen Jump, l’adaptation de Jujutsu Kaisen était attendue avec impatience par les fans qui ne jurent que par ses combats prodigieux et ses personnages charismatiques. Alors, hype méritée ou marketing mensonger ?

Pas forcément fan du genre nekketsu (manga de combats), je me suis laissée tentée. Si les premiers épisodes étaient techniquement superbes, l’histoire, et surtout son découpage temporel un peu étrange (pas mal d’ellipses un peu soudaines et des flash-backs pas toujours bien placés selon moi) ainsi que des personnages un peu difficile à cerner m’a laissée tout d’abord perplexe. J’ai décidé de continuer, impressionnée par la qualité de l’animation ; et la suite m’a totalement happée ! Une fois montée pour de bon dans le wagon, impossible de s’arrêter !

Le scénario est classique et les protagonistes un peu mis de côté, surtout à cause de personnages secondaires charismatique, par exemple l’excellent Satoru Gojo, ou le Roi des Fléaux, Sukuna qui sommeille dans le corps du héros. En passant, il est agréable de noter qu’on ne tombe pas (du moins dans cette 1ère saison) dans le cliché du héros qui perd contrôle du monstre qu’il héberge (coucou Naruto !). D’ailleurs, on ne voit étrangement que très peu Sukuna alors qu’il était annoncé comme la menace principale de la série.

On reste au final plus pour admirer les chorégraphies des combats, courts, efficaces et pleins de suspense que pour l’intrigue elle-même. Les angles de vues sont dynamiques, les insert songs vous font frissonner : Il n’y a pas à dire, le studio MAPPA nous en met plein les mirettes !

J’ai aussi eu un énorme coup de coeur pour l’écriture des personnages féminins et cela se ressent dans ma note finale. Elles sont fortes, ne sont pas à moitié dénudées, parlent de discrimination de genre, de confiance en soi et bottent les c*** avec classe. Et leur caractère sonne juste, ce n’est pas juste pour faire plaisir aux lectrices ! Nobara et Maki se hissent ainsi parmi mes personnages féminins badass préférées ! Dommage qu’elles ne combattent pour la plupart du temps qu’entre elles. 

En tout cas, l’auteur Akutami Gege montre qu’on peut écrire un shônen à succès sans tomber dans le fanservice, ni dans la romance à deux balles. Ses successeurs n’auront désormais plus d’excuses pour peaufiner leurs héroïnes !

En parlant de personnages, ils sont nombreux, on peine parfois à les suivre tous, surtout avec ces satanées ellipses. Heureusement, les scènes bonus nous offrent des moments de complicités qui manquent cruellement durant les épisodes-mêmes selon moi. L’amitié du trio principal est d’ailleurs très touchante, on sent qu’ils se font confiance et qu’ils peuvent compter sur les uns et les autres. Bonus : l’amitié filles-garçon totalement platonique, plutôt rare dans les shônen, je trouve.

Sinon, interdiction de zapper le premier ending, groovy et stylé à l’envi. Anecdote : le dessin et son animation ont été créés par une seule personne ! Les openings aussi sont superbes, avec une lumière maîtrisée, un son J-rock intéressant. Le 2ème ending est wholesome et nostalgique, liant les héros entre eux. 4 séquences parfaitement maîtrisées.

Le gros défaut de cet anime selon moi, c’est vraiment sa narration, ses antagonistes manichéens (je n’ai jamais autant haï un personnage fictif de ma vie) et son univers peu original. C’est pourquoi lors des premiers épisodes, beaucoup de personnes ont eu du mal à crocher. Mais je vous assure que ça vaut la peine de se forcer un peu, car ensuite, on est totalement électrisé lors des séquences de combats !

En conclusion, si le scénario ne sort pas des schémas classiques, son adaptation et surtout son animation impeccable sont de véritables bonbons pour les yeux. Fans de combats dynamiques et/ou d’animation fluides, Jujutsu Kaisen est à voir absolument. Vous allez vibrer ! 9/10