Le Sanatorium: architecture d’un isolement sublime – Exemples des Grisons

23 avril – 13 mai 1992


Exposition réalisée par le Département d’architecture de l’EPFL et Quintus Miller

L’histoire du traitement de la tuberculose et des conséquences qui en résultèrent prend une place intéressante dans l’histoire de l’architecture. Le développement du type du sanatorium se situe dans le contexte d’une maladie grave et tenue pour incurable à l’époque, d’une médecine progressiste et d’une société en voie de transformation radicale.

La révolution industrielle et les progrès des sciences techniques et médicales au XIXe siècle provoquent une gigantesque explosion démographique et les habitants des campagnes, devenus chômeurs en raison de la réforme agraire, affluèrent dans les agglomérations industrielles, mais les villes n’étaient pas prêtes pour absorber de telles masses de population et les conditions d’habitation contraignaient les familles à vivre dans des locaux surpeuplés. La sous-alimentation constante, le travail malsain, l’épuisement et les conditions d’habitation catastrophiques étaient hautement préjuduciables à la santé publique. La tuberculose frappait au hasard et sous des formes diverses.

Le Docteur Hermann Brehmer en Haute Silésie fit le premier pas vers une thérapie efficace, mais la percée effective est due au Docteur Alexandre Spengler à Davos. Le repos, une alimentation abondante, un traitement fortifiant et un endurcissement corporel devaient accroître la résistance du corps humain. Pendant des heures entières, on exposait à l’air frais les patients enveloppés dans des fourrures.

Les sanatoriums montrent clairement comment nécessités fonctionnelles, expressions architecturales et message culturel peuvent être étroitement liés. L’histoire mouvementée du traitement anti-tuberculose a sans cesse transformé le visage des sanatoriums issus de l’établissement thermal, un type primitif de l’architecture hôtelière. Le développement du traitement exigeait l’adaptation périodique de l’architecture aux nouveaux besoins, ce qui engendra un nouveau type de bâtiments. Propreté, air et hygiène étaient les conditions préalables à la réussite d’une cure. Ces impératifs entraînèrent l’orientation au Sud afin que le plus de lumière possible entre dans les pièces, exigèrent des surfaces lisses et lavables et des angles arrondis. Tapis, rideaux et meubles rembourrés furent bannis.

L’introduction de l’héliothérapie qui n’exposait plus seulement les patients à l’air pur mais aussi à l’ensoleillement direct eut des conséquences importantes. des bacons de cure situés directement devant les chambres devinrent nécessaires.

Le caractère progressiste de l’architecture des sanatoriums devient, notamment dans les années 20 et 30, l’image guide de la construction hospitalière par excellence. En 1943, la découverte de la streptomycine, le premier antibiotique, mit fin à ces 90 ans de développement. Pourtant le type du sanatorium reste valable, car il est une des sources de l’architecture moderne, même si la plupart des stations thérapeutiques ont du se transformer en hôtels. Elles sont des témoins importants de notre civilisation et représentent bien plus que le souvenir d’une ère de l’architecture. Elles appartiennent à une époque de bouleversement social et il nous reste la fascination de leur passé nostalgique.

Catalogue : Le Sanatorium, Architecture d’un isolement sublime, EPFL – Département d’architecture, Quintus Miller, Avril 1992